Capital culturel

Selon Pierre Bourdieu (1930-2002), le capital culturel existe sous trois formes. Il est incorporé, inscrit dans les corps (et se révèle à travers les manières de parler, la posture, etc.). Il est objectivé lorsqu’il prend la forme de biens culturels (livres, tableaux, etc.) et de pratiques culturelles (fréquentation des musées, de l’opéra, etc.). Enfin, le capital culturel prend la forme de diplômes attestant de la réussite scolaire. Avec le capital économique et le capital social, le capital culturel est l’un des trois capitaux que les individus accumulent (notamment en les héritant de leurs parents) et qui définissent leur position et trajectoire sociales.

Capital social

Le capital social peut se définir comme l’ensemble des relations sociales qu’entretient un individu avec autrui. Par exemple, un individu peut mobiliser son réseau social pour obtenir un emploi. Dans les travaux de Pierre Bourdieu (1930-2002), le capital social d’un individu correspond à l’ensemble des ressources auxquelles il peut accéder grâce à ses relations sociales. Avec le capital économique et le capital culturel, le capital social est l’un des trois capitaux que les individus accumulent (notamment en les héritant de leurs parents) et qui définissent leur position et trajectoire sociales.

Catégories socioprofessionnelles (CSP)

La nomenclature des CSP a été élaborée par l’INSEE à partir de 1954 afin de représenter la société française ; elle est remplacée par la nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) en 1982 pour tenir compte des transformations de la société française et de l’apparition de nouveaux emplois.

Les individus sont classés en 8 catégories distinctes (8 groupes socioprofessionnels) et celles-ci sont elles-mêmes divisées et subdivisées en plusieurs sous-catégories (les CSP) selon une multitude de critères : le statut (indépendant ou salarié), la position hiérarchique, la nature de l’employeur (privé ou public), etc. La nomenclature des CSP comporte trois niveaux d’agrégation : 486 professions sont regroupées en 24 ou 42 catégories socioprofessionnelles qui sont elles-mêmes regroupées en 8 groupes socioprofessionnels.

Les actifs sont classés en six grandes catégories : (1) les agriculteurs exploitants, (2) les artisans, commerçants et chefs d’entreprises, (3) les cadres et professions intellectuelles supérieures, (4) les professions intermédiaires, (5) les employés et les (6) ouvriers. Les deux premières catégories (1 + 2) correspondent aux indépendants, tandis que les quatre suivantes correspondent aux salariés. Les cadres (3) sont plus qualifiés (donc mieux rémunérés) que les professions intermédiaires (4) et celles-ci sont elles-mêmes plus qualifiées (donc mieux rémunérées) que les employés et les ouvriers (5 + 6). Si les employés (5) ont tendance à travailler dans les services (à l’instar des cadres et professions intellectuelles supérieures), les ouvriers (6) ont plutôt tendance à être des travailleurs manuels. Louis_Chauvel__Retour_des_classes_sociales__PCS_CSP_groupes_sociaux.png

Classes sociales

La structuration de la société en classes sociales est une forme particulière de stratification sociale. Par opposition à la notion de « strates sociales », l’idée de classes sociales suggère qu’il existe des groupes sociaux clairement définis dans les sociétés démocratiques, en principe égalitaires.

Chez Karl Marx (1818-1883), un groupe social doit respecter deux critères pour constituer une classe sociale. D’une part, il doit constituer une « classe en soi » : les membres d’une classe partagent objectivement la même situation (en l’occurrence, avoir la même place au sein des rapports de production). Par exemple : les capitalistes (les bourgeois) possèdent les moyens de production ; les ouvriers (les prolétaires) ne possèdent rien, si ce n’est leur force de travail, qu’ils sont obligés de vendre comme une marchandise. Or, parce qu’ils partagent des conditions communes, les membres d’une classe ont de fait des intérêts en commun, mais cela ne suffit pas pour qu’ils mènent une action collective pour les défendre. D’autre part, le groupe social doit constituer une « classe pour soi » : ses membres doivent avoir conscience d’avoir des intérêts communs. Une telle prise de conscience est nécessaire pour qu’ils se mobilisent pour les défendre.

Selon Pierre Bourdieu (1930-2002), les classes dominantes sont abondamment dotées de capitaux (qu’il s’agisse de capital économique et/ou de capital culturel), tandis que les classes populaires sont dénuées de capitaux. Bourdieu souligne l’importance des pratiques culturelles. En parvenant à présenter ses pratiques culturelles comme légitimes, les classes dominantes légitiment leur domination sur les autres.

Déclassement

Le déclassement désigne la mobilité sociale descendante (par opposition à l’« ascension sociale »). Il y a déclassement lorsqu’un individu occupe une position sociale inférieure à celle de ses parents, inférieure à celle qu’il pourrait prétendre de par son diplôme ou inférieure à celle qu’il avait précédemment (en raison, par exemple, d’un licenciement). Camille Peugny met particulièrement l’accent sur le déclassement intergénérationnel. Les jeunes sont par exemple particulièrement exposés à la montée du chômage et de la précarité, or ces situations pèsent durablement sur leur trajectoire sociale future.

Fluidité sociale

Il s’agit de la mobilité indépendante des transformations touchant la structure des emplois au fil des générations. La société est fluide lorsque les origines sociales influencent peu les destinées ; par contre, la fluidité est faible lorsque les destinées sont fortement influencées par les origines sociales, auquel cas on parle de viscosité sociale. La fluidité sociale est mesurée par les taux relatifs de mobilité (odd ratios) qui comparent les chances relatives des fils d’accéder à une catégorie sociale en fonction de leur origine sociale.

Groupes de statut

Selon Max Weber (1864-1920), la stratification sociale est pluridimensionnelle et les classes ne constituent qu’une dimension de la stratification sociale. La distribution inégale du prestige et de l’honneur est à la base d’une autre hiérarchie entre les individus. En l’occurrence, elle se structure en groupes de statut : un groupe de statut regroupe des individus ayant un même niveau de prestige et de mêmes pratiques.

Mobilité intergénérationnelle

Elle désigne le changement de statut social d’une génération d’individus par rapport à celle de leurs parents.

Mobilité intragénérationnelle

Elle désigne le changement de statut social d’un individu au cours de son existence. Le changement de position sociale s’explique souvent par un changement de profession. L’inverse n’est pas toujours vrai : un individu peut changer de profession sans pour autant changer de statut social. Par exemple, un ouvrier risque de ne pas changer de position sociale s’il devient employé.

Mobilité observée

Elle est mesurée par les taux absolus de mobilité calculés à partir des tables de mobilité intergénérationnelle. Elle regroupe la mobilité structurelle et la mobilité nette.

Mobilité structurelle

Il s’agit de la mobilité influencée par les diverses transformations qui touchent les emplois et plus largement la structure sociale dans son ensemble. Si par exemple le nombre d’emplois de cadres augmente plus rapidement que le nombre d’emplois d’ouvriers, les fils d’ouvriers ont donc mécaniquement plus de chances d’accéder à un emploi de cadre. La part de la mobilité (observée) qui n’est pas expliquée par la mobilité structurelle est appelée mobilité nette.

Paradoxe d’Anderson

Si un individu est plus diplômé qu’un autre, on devrait s’attendre à ce qu’il atteigne une meilleure position sociale que ce dernier. Pourtant, en observant ses propres élèves, le sociologue américain Charles Anderson a constaté en 1961 qu’un individu peut occuper une position sociale inférieure à celle de ses parents, alors même qu’il est plus diplômé que ces derniers. Ce paradoxe peut s’expliquer par les transformations de la société : le nombre de diplômés peut augmenter plus rapidement que le nombre d’emplois qualifiés, si bien qu’un nombre croissant de diplômés sont contraints d’accepter un emploi peu qualifié et précaire. La croissance du nombre de diplômés entraîne alors une dévalorisation des diplômes et donc une forme de déclassement. C’est l’idée avancée par Raymond Boudon (1934-2013) ou encore Marie Duru-Bellat (née en 1950) avec le concept d’inflation scolaire.

Stratification sociale

La stratification sociale désigne l’existence, au sein d’une société, de catégories relativement homogènes qui sont hiérarchisées en raison d’une inégalité dans la distribution des ressources, notamment du revenu, de la richesse, du pouvoir, du prestige, de la connaissance, etc. Les classes, les castes et les ordres sont des exemples de hiérarchies sociales. Chaque strate rassemble des individus ayant la même position sociale selon l’un ou plusieurs de ces critères. Lorsque ces strates sont clairement séparées l’une des autres et que leurs membres sont en conflit en raison d’intérêts divergents, on parle plutôt de classes sociales.



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