Accumulation du capital

Le capital, dans son sens strict, désigne les biens durables qui servent de moyens de production : machines, équipements, outils, etc. Il est alors synonyme de capital physique. Les entreprises accumulent du capital via leurs dépenses d’investissement.

Il ne suffit pas qu’une entreprise investisse pour que son stock de capital augmente. En effet, une partie du capital physique est usé et/ou devient obsolète au cours de chaque année. Autrement dit, si les entreprises n’investissent pas, leur stock de capital diminue, ce qui les contraint à réduire leur production. Ainsi, une partie de l’investissement sert à remplacer le capital usé et obsolète.
Dans la logique néoclassique, l’investissement en capital physique contribue à la croissance, d’une part, en augmentant directement les capacités de production et en permettant à chaque travailleur d’être plus efficace et, d’autre part, en contribuant à la diffusion des innovations : en achetant de nouvelles machines, une entreprise acquiert souvent par là même des machines plus performantes que celles qu’elle possède déjà. Dans la logique keynésienne, l’investissement contribue à la croissance à court terme dans la mesure où il est une composante de la demande : lorsqu’une entreprise achète des équipements, elle contribue à accroître les ventes des entreprises qui les produisent. Bref, néoclassiques et keynésiens s’accordent pour dire que l’investissement joue un rôle déterminant dans la croissance économique.


Aléa moral

L’aléa moral (ou risque moral) est un problème qui apparaît après la signature d’un contrat en raison de l’asymétrie d’information. Dans cette situation, une des parties à l’échange (appelé « principal ») peut difficilement contrôler que l’autre partie (appelé « agent ») agit conformément à ses engagements, soit parce que le principal ne peut voir l’action de l’agent, soit parce que le principal ne possède pas les compétences pour juger de l’action de l’agent.

Il y a plusieurs exemples d’aléa moral. Par exemple, lorsqu’un individu est assuré, il risque d’être moins prudent (puisque je sais que je suis remboursé par la sécurité sociale si je dois me soigner, je suis moins incité à ne pas tomber malade, par exemple en sortant bien habillé ; puisque je sais que je suis remboursé si j’ai un accident de voiture, je suis moins prudent sur la route, etc.)

Croissance économique

La croissance économique désigne la hausse du PIB (ou du PIB par habitant) au cours d’une période prolongée. Le PIB est une mesure de la production de biens et services au cours d’une période donnée ; il peut être calculé en additionnant les valeurs ajoutées de toutes les organisations productives (entreprises, administrations publiques…) présentes sur le territoire. En outre, comme la production donne lieu au versement de revenus (par exemple, de salaires aux travailleurs et de dividendes aux actionnaires), alors le PIB mesure également le montant de revenus distribué au cours d’une période donnée. Ainsi, lorsque le PIB augmente, alors l’économie produit davantage de biens et services et elle génère davantage de revenus.

Dans la logique néoclassique, c’est l’offre globale qui est le moteur de la croissance. La croissance dépend avant tout de l’accumulation des facteurs : du travail et du capital. Plus il y a de machines et de travailleurs, plus les entreprises produisent. La croissance ne dépend toutefois pas seulement de l’accumulation des facteurs. Si c’était le cas, la croissance finirait par s’essouffler : c’est ce que suggère le modèle de Solow en supposant que les rendements des facteurs sont décroissants. En fait, la croissance dépend également du progrès technique : par exemple, les entreprises utilisent des machines toujours plus performantes, qui permettent d’accroître continuellement la productivité des travailleurs.
Dans la logique keynésienne, c’est la demande globale qui est le moteur de la croissance : plus les entreprises espèrent vendre, plus elles produisent. La demande dépend de la consommation (finale) des ménages, de l’investissement et de la consommation intermédiaire des entreprises, des dépenses publiques, des exportations…


Cycle de vie

A partir des années cinquante, Franco Modigliani a développé avec plusieurs coauteurs l’hypothèse du cycle de vie pour analyser le comportement du consommateur et, par là même, de l’épargnant. Il a été récompensé pour ces travaux par l’attribution du « prix Nobel » d’économie en 1985.

La vie de chaque individu se découpe en trois périodes : la jeunesse, la vie active et la retraite. Lors de la jeunesse, la consommation est supérieure au revenu, si bien que le consommateur tend initialement à s’endetter : l’épargne est négative (A). Ensuite, après l’entrée dans la vie active, le revenu est supérieur à la consommation, donc le consommateur tend à se désendetter : l’épargne est positive (B). Une fois sa dette remboursée, il commence à se constituer un patrimoine. Lorsque l’individu part en retraite, son revenu s’écroule, si bien qu’il doit puiser dans son épargne pour maintenir son rythme de dépenses de consommation : il désépargne (C).

Dans la formulation la plus simple de l’hypothèse du cycle de vie, il n’y a ni incertitude, ni imperfections sur les marchés des capitaux. En l’occurrence, les agents connaissent leur durée de vie et leurs revenus futurs. Ils cherchent à lisser leurs dépenses de consommation, si bien qu’ils s’appuient sur l’emprunt et l’épargne pour transférer une partie de leurs revenus des périodes où leur revenu est élevé vers les périodes où leur revenu est faible. En l’occurrence, s’ils se constituent une épargne patrimoniale, c’est avant tout pour pouvoir maintenir leur rythme de consommation lors de la retraite. Ainsi, malgré les fluctuations du revenu, les dépenses de consommation sont stables au cours du temps. Au final, les agents utiliseront la totalité de leur revenu pour consommer et ne laisseront aucun patrimoine en mourant.

L’hypothèse du cycle de vie, tout du moins dans sa formulation la plus simple, a fait l’objet de plusieurs critiques. Les individus ne connaissent pas la date de leur mort, si bien qu’ils peuvent difficilement lisser leurs dépenses de consommation. En présence d’incertitude, ils peuvent davantage épargner, selon un motif de précaution. Un individu peut accumuler un patrimoine pour des motifs altruistes, notamment s’il désire léguer un héritage à ses enfants et petits-enfants.


Dynamique démographique

Elle fait référence à deux choses : à la variation de la taille de la population et à la modification de la structure de la population, notamment en termes d’âge. Si la taille de la population augmente, on parlera de croissance démographique. Si l’âge moyen de la population augmente et que la part des personnes âgées dans la population augmente, on parlera de vieillissement démographique.

Généralement, la croissance démographique s’accélère lorsqu’un pays entre dans sa transition démographique. Lorsqu’un pays achève sa transition démographique, la croissance démographique ralentit et sa population vieillit, voire décroît (comme c’est le cas du Japon).



Epargne

L’épargne désigne la part du revenu qui n’est pas dépensée (consommée).

Si des économistes (notamment les néoclassiques) considèrent que l’épargne est une « vertu », dans le sens où elle stimule l’activité, d’autres économistes (notamment les keynésiens) considèrent que l’épargne est un « vice », dans le sens où elle déprime l’activité.
Dans l’optique néoclassique, une hausse de l’épargne des ménages sera bénéfique à l’ensemble des agents dans l’économie. Premièrement, chaque ménage réduira certes par là même sa consommation courante, mais il accroîtra en retour sa consommation future : l’épargne apparaît ici comme une consommation différée. Deuxièmement, puisque les banques utilisent leurs dépôts pour prêter, le surcroît d’épargne pourra être affecté au financement de nouveaux projets d’investissement. Les entreprises peuvent alors accumuler davantage de capital (investir) et accroître leur production. Ainsi, elles vont distribuer des revenus supplémentaires qui permettront d’écouler le surcroît de production.
John Maynard Keynes (1936) rejette la thèse néoclassique, pour deux raisons. D’une part, l’épargne n’est pas nécessaire au financement de l’investissement : les banques peuvent prêter davantage qu’elles n’ont en dépôts (elles ont le pouvoir de créer de la monnaie). Surtout, les entreprises prennent leurs décisions d’investissement en fonction de leurs anticipations de demande : si elles anticipent qu’elles vendront plus, elles chercheront à accroître leurs capacités de production. D’autre part, ce n’est pas parce que les entreprises produisent qu’elles vendent nécessairement. Keynes accepte l’idée selon laquelle, si un ménage épargne davantage aujourd’hui, il accroît sa consommation future. Par contre, si tous les ménages épargnent davantage en même temps, les entreprises voient leurs ventes diminuer, ce qui les incite à réduire leur production et donc à licencier. Chaque entreprise aura par ailleurs tendance à réduire ses achats de biens intermédiaires et ses investissements, ce qui affaiblit davantage les débouchés des autres firmes. La hausse du chômage va aussi entraîner des cercles vicieux : d’une part, les personnes qui se retrouvent au chômage, voient par là même leurs revenus décliner, si bien qu’elles réduisent davantage leurs dépenses ; d’autre part, les travailleurs toujours en emploi voient s’élever leurs chances de perdre leur emploi, si bien qu’ils sont incités à épargner davantage, en l’occurrence à accroître leur épargne de précaution. Au final, une hausse de l’épargne est susceptible de réduire la consommation aujourd’hui et demain. C’est le paradoxe de l’épargne.


Incitations pécuniaires

Les incitations pécuniaires désignent les dispositifs financiers qui visent à inciter les agents économiques à changer de comportement, notamment pour régler certains déséquilibres. Dans le domaine de la santé, l’Etat met en place différentes incitations pécuniaires pour réduire les dépenses et par là réduire le déficit de la sécurité sociale : notamment la franchise, le ticket modérateur…

Mouvement migratoire

Le mouvement migratoire désigne l’évolution de la population qui résulte des flux migratoire, c’est-à-dire de l’immigration et de l’émigration.

solde migratoire = nombre d’immigrés – nombre d’émigrés

Si davantage de personnes émigrent d’un pays que de personnes qui y immigrent, alors, le solde migratoire est négatif, ce qui contribue à réduire la population du pays. A l’inverse, si davantage de personnes immigrent d’un pays que de personnes qui en émigrent, alors le solde migratoire est positif, ce qui contribue à accroître la population du pays.

Mouvement naturel

Le mouvement naturel désigne l’évolution de la population résultant du solde naturel, c’est-à-dire de l’écart entre les naissances et les décès au cours d’une période donnée. En l’occurrence :

solde naturel = naissances – décès

Si, au cours d’une période, davantage de personnes décèdent que de personnes qui naissent, alors le solde naturel est négatif, ce qui contribue à réduire la population. A l’inverse, si davantage de personnes naissent que de personnes qui décèdent, alors le solde naturel est positif, ce qui contribue à accroître la population.

Population active

La population active désigne l’ensemble des personnes en âge de travailler qui soit occupent un emploi, soit sont au chômage. (Un chômeur est une personne qui n’a pas d’emploi, qui en recherche un et qui est immédiatement disponible pour travailler, selon la définition du BIT.) Nous définissons le taux d’activité ainsi :

taux d'activité = nombre d'actifs / nombre d'habitants

A ne pas confondre avec le taux de chômage :


taux de chômage = nombre de chômeurs / nombre d'actifs


Le taux d’activité est très important aux yeux des économistes. D’une part, plus la main-d’œuvre est importante, plus les entreprises peuvent produire, ce qui favorise la croissance (point de vue néoclassique). D’autre part, plus il y a de personnes en emploi, plus il est facile de financer le système de protection sociale (car il y a alors plus d’impôts et de cotisations sociales qui sont payés). Mais tout cela n’est possible que si le taux de chômage reste faible.



Protection sociale

La protection sociale repose pour partie sur une logique d’assurance et sur une logique d’assistance. Elle contribue à réduire les inégalités et/ou la pauvreté.

L’assurance sociale est un mécanisme de redistribution géré par l’Etat à travers lequel les agents cotisent pour se prémunir contre des risques, ce qui leur permet de percevoir une indemnité (appelée allocation sociale) si ceux-ci surviennent ou bien de voir une partie de leurs dépenses être prises en charge (remboursement des soins). Ces risques sont alors qualifiés de « risques sociaux » puisqu’ils sont mutualisés par la collectivité. Ils comprennent le chômage, la retraite, la maladie, la famille nombreuse… Il s’agit d’une redistribution horizontale, c’est-à-dire des actifs en emploi vers ceux qui subissent ces risques (les retraités, les chômeurs, etc.).

L’assistance sociale vise à satisfaire les besoins fondamentaux des plus modestes sans exiger d’eux de contrepartie. Les plus pauvres voient une partie de leurs dépenses être prises en charge (par exemple dans le cadre de la couverture maladie universelle, CMU) ou reçoivent des revenus, appelés aides sociales, qui sont financés par l’impôt, notamment par la contribution sociale généralisée (CSG). Puisque les ménages contribuent d’autant plus à l’impôt qu’ils sont riches et qu’ils bénéficient d’autant plus d’aides sociales qu’ils sont pauvres, il s’agit d’une redistribution verticale, des riches vers les pauvres.

« Protection sociale » et « sécurité sociale » ne sont pas synonymes. La protection sociale est assurée par les organismes de sécurité sociale (assurance maladie, prestations familiales, assurance vieillesse, accidents du travail et maladies professionnelles) ou d'autres institutions (régime du chômage, régimes complémentaires de retraite, régimes complémentaires facultatifs d'assurance maladie, notamment les mutuelles).

Retraite par capitalisation

Le système de retraite par capitalisation est un système de retraite dans lequel la retraite des inactifs est financée par l’épargne qu’ils ont constitué au cours de leur vie active et qu’ils ont confiée auprès d’organismes de placement (par exemple, un fonds de pension). C’est le système en vigueur dans les pays anglo-saxons.

Retraite par répartition

Le système de retraite par répartition est un système de retraite dans lequel la retraite des inactifs est financée par les cotisations que versent les actifs en travaillant. Ce système, marqué par une logique de redistribution horizontale des revenus, s’inscrit dans la logique de la protection sociale. Le fait même de cotiser donne au travailleur le droit de percevoir des pensions de retraite une fois à la retraite. C’est le système qui prédomine en Europe continentale.

Sélection adverse

La sélection adverse est un problème qui apparaît avant la signature d’un contrat en raison de l’asymétrie d’information. En l’occurrence, l’une des parties à l’échange (généralement l’acheteur) ne dispose pas de toutes les informations sur la qualité du bien échangé et craint par conséquent un comportement opportuniste de la part d’une autre partie à l’échange (généralement le vendeur). Or si l’un des parties à l’échange craint un comportement opportuniste de la part d’une autre partie à l’échange, il risque de ne pas vouloir participer à l’échange ; le risque est qu’il n’y ait pas d’échanges ou que les produits de bonne qualité disparaissent du marché

C’est l’idée que développe George Akerlof (« prix Nobel » en 2001) lorsqu’il analyse le marché des voitures d’occasion (« lemons ») : si les acheteurs craignent d’acheter des voitures de mauvaise qualité, ils refuseront d’en acheter à un prix élevé, si bien que les vendeurs de voitures de bonne qualité ne peuvent les vendre à leur « juste prix », si bien qu’ils refusent de les vendre, si bien qu’au final ce ne sont que les mauvaises voitures qui resteront sur le marché.

Par exemple, un assureur craint d’assurer de « mauvais risques ». Cette crainte va alors l’inciter à réduire le nombre de personnes qu’il est prêt à assurer et à exiger des primes d’assurance plus élevées. Or les « bons risques » refuseront de payer des primes d’assurance élevée, donc ils refuseront de s’assurer. L’assureur se retrouve alors à assurer que des « mauvais risques », ce qui risque de le conduire à la faillite.

Taux de remplacement

Le taux de remplacement désigne le rapport entre le montant de la pension perçue durant la retraite et le revenu d’activité de référence, c’est-à-dire celui qui sert de base au calcul de la retraite. Autrement dit, c’est le pourcentage du revenu d’activité que continue de percevoir un individu une fois à la retraite. Le taux de remplacement dépend du nombre de trimestres de cotisation. En France, il s’élève en moyenne à 70 %. Autrement dit, un retraité gagne une pension de retraite représentant environ 70 % du revenu qu’il gagnait lors de sa vie active. L’une des questions qui se pose lors des réformes du système de retraite français est si le taux de remplacement doit diminuer, car cela permettrait a priori de réduire les dépenses publiques, donc de réduire le déficit, mais cela réduit le pouvoir d’achat des retraités.



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lycée René Descartes (Champs sur Marne) - dernière révision : 14/04/2017