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« Dans de nombreux pays (Irlande, Espagne et Royaume-Uni), l’austérité se concentre du côté des dépenses publiques. Dans quelques uns (par exemple les Etats-Unis), elle est plus équilibrée, tandis que dans un nombre encore plus restreint de pays (la France en particulier), elle prend davantage la forme de hausses d’impôts qu’une baisse des dépenses. (…).

Si ces mesures sont permanentes, alors ceci est en grande partie une question politique à propos de la taille de l’Etat. La hausse d’impôts protège la taille existante de l’Etat (…), tandis que la baisse des dépenses vise à réduire la taille de l’Etat. En termes d’impact à court terme sur la demande (…), un changement permanent dans la fiscalité ou les dépenses va avoir des effets similaires.

D’un autre côté, si ces mesures sont temporaires, alors leur impact en termes macroéconomiques ne sera pas le même, parce que les multiplicateurs sont différents. (…) Les multiplicateurs pour les baisses de dépenses vont être significativement plus élevés que ceux associés aux hausses d’impôts. (…) Les consommateurs vont amortir l’impact des changements de revenus dus aux hausses d’impôts, tandis que les baisses de dépenses publiques vont directement réduire la demande globale. (…)

Ces mesures d’austérité sont-elles temporaires ou permanentes ? Normalement les gouvernements ne le précisent pas. Une exception est la mesure très remarquée des plans d’austérité français, en l’occurrence l’introduction pour deux ans d’un taux marginal d’imposition de 75 % pour les revenus supérieurs à 1 million d’euros. (…) C’est un groupe où les répercussions des hausses d’impôts sur la consommation vont être largement amorties (ce qui est une bonne chose), mais où les effets incitatives sont le sujet de débats qui semblent davantage idéologiques que basés sur l’évidence empirique. (…)

Il semble qu’une bonne partie des plans d’austérité actuels implique des changements budgétaires temporaires (…). Pour des pays comme le Royaume-Uni, qui se sont focalisés sur la baisse des dépenses publiques, les effets sur le PIB vont être relativement larges, tandis que pour les pays comme la France l’impact de l’austérité peut être plus modéré (bien que toujours inopportun). »

Simon Wren-Lewis, « Different approaches to austerity », in Mainly Macro (blog), 20 octobre 2012.