icestorm.jpg

« (…) Les catastrophes naturelles conduisent généralement à une amélioration subséquente de l'économie réelle. Les choses sont détruites, puis les choses sont reconstruites. L'acte de la reconstruction stimule l'investissement, la construction et l'emploi, qui à leur tour génèrent des dépenses subséquentes en aval via un effet multiplicateur. En supposant que les compagnies d'assurance paient ce qu’elles sont censés payer, que les ménages disposent de certaines ressources sur lesquelles se rabattre et que le gouvernement américain intervienne avec une certaine assistance (….), l'ouragan Sandy va certainement stimuler fortement l’activité économique l'année prochaine tout au long de la côte ravagée des Etats-Unis.

Une catastrophe bien étudiée a été la tempête de verglas qui a frappé le Québec et l'Ontario en 1998. Alors que tout un pan de l’activité économique a été perdu au cours de la tempête elle-même (à cause des multiples fermetures, etc.), le stimulus ultérieur qui a été fourni par le gigantesque effort de reconstruction a généré une nouvelle activité qui a finalement plus que compensé ce qui a été perdu au cours de la tempête elle-même. Les deux provinces ont fortement contribué à la croissance du PIB réel (plus de 6%) du Canada l’année suivante, grâce en partie aux dépenses d'investissement publiques et privées induites par la tempête. (…)

Comment pouvons-nous comprendre l'impact économique potentiellement positif d'un événement en soi très négatif et destructeur de vies ? L'ironie est enracinée dans une caractéristique fondamentale du capitalisme : ce qui est produit dépend de ce que chacun est prêt à payer. Sauf très rares exceptions, (…) la production est limitée par la demande, c’est-à-dire (…) par la capacité et la volonté de payer pour quelque chose (Keynes appelait cela la "demande effective"). C'est pourquoi, à tout moment (y compris en ce moment), une vaste capacité de production peut rester en partie inutilisée : car aucun agent ne désire forcément payer pour ce que d’autres agents peuvent produire.

Une catastrophe naturelle change ce calcul. La nécessité physique de reconstruire est évidente. Et les paiements d'assurance, l'aide du gouvernement ou la désépargne des ménages fournissent les moyens de le faire. L'argent qui était resté inactif avant que ne frappe l'ouragan est soudainement mis en mouvement. (…) Les travailleurs du bâtiment qui étaient auparavant inactifs sont mis au travail pour réparer les dégâts. Ils gagnent des salaires, qui à leur tour sont dépensés et donc génèrent de nouveaux revenus et de nouvelles dépenses tout au long de la chaîne alimentaire économique. (En général le multiplicateur des dépenses majeures de construction, qui ont un fort contenu domestique, est estimé à environ 2.) »

Jim Stanford, « Why natural disasters are good for capitalism », in Real-World Economics Review (blog), 6 novembre 2012.