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« Voici un aperçu de l’évolution de l’économie américaine au cours des 15 dernières années : un nombre identique d’heures travaillées en 1998 et en 2013, même si la population a augmenté de plus de 40 millions de personnes, tandis que la production s’est accrue de 42 %. Shawn Sprague explique dans son article "What can labor productivity tell us about the U.S. economy?" publié dans la lettre Beyond the Numbers du Bureau des Statistiques du Travail en mai 2014.

Spragne écrit que "les travailleurs (…) aux Etats-Unis travaillèrent virtuellement le même nombre d’heures en 2013 qu’ils en ont travaillé en 1998, soit environ 194 milliards d’heurs travaillées. Cela signifie qu’il n’y a eu finalement aucune croissance du tout du nombre d’heures travaillées au cours de cette période de 15 ans, malgré le fait que la population américaine atteint plus de 40 millions de personnes durant ce temps et malgré le fait que la population américaine gagné plus de 40 millions de personnes durant cette période et malgré le fait qu’il y eut des milliers de nouvelles entreprises établies durant cette période. Et étant donné ce manque de croissance dans les heures travaillées, c’est peut-être même encore plus frappant que les entreprises américaines réussirent à accroître leur production de 42 % (soit de 3,5 milliers de milliards) en 2013 par rapport à 1998, même après avoir ajusté pour l’inflation… On peut dire une chose de certaine : la totalité de cette croissance de la production doivent provenir d’autres sources productives que le nombre d’heures travaillées. Par exemple, les entreprises peuvent accroître la production en investissement dans des équipements plus rapides, en embauchant plus de travaillées très qualifiés et expérimentés et en réduisant le gâchis en matériel ou les temps morts. Dans ces cas, comme dans d’autres, la production peut s’accroître sans que s’accroisse le nombre d’heures travaillées. De tels gains de production relèvent d’une croissance de la productivité du travail sur la période."

On peut dire beaucoup de choses à propos de ces dynamiques. Bien sûr, les années de comparaison sont un peu injustes, puisqu’en 1998 la bulle internet était proche de son pic, avec un taux de chômage de 4,5 %, tandis que 2013 s’inscrit dans la reprise lente de la Grande Récession. La proportion d’adultes américains qui ont emploi ou qui en cherchent un (le taux d’activité) a décliné pour plusieurs raison : par exemple, avec le vieillissement de la population, plus d’adultes arrivent à la retraite, une plus large part de jeunes adultes poursuivent leurs études et ne travaillent donc pas immédiatement, une hausse de la part des travailleurs recevant des prestations d’invalidité et le manque d’emplois bien payés pour les travailleurs peu qualifiés.

GRAPHIQUE Productivité, production et heures travaillées (en indices base 100 quatrième trimestre 2006)

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Voici un graphique montrant les dynamiques des heures travaillées, de la production et de la productivité suite à la Grande Récession. Sprague explique : « lorsque la récession commença, la productivité a stagné, puisque la production et les heures ont chuté de concert. La production et les heures continuèrent à diminuer jusqu’à la dernière partie de la récession, puis la production cessa de diminuer, tandis que les heures travaillées ont continué à diminuer. Durant cette période, il y eut une forte croissance de la productivité : du quatrième trimestre 2008 au quatrième trimestre 2009, la croissance de la productivité s’est élevée à 5,6 %. En fait, ce fut le taux sur quatre trimestres le plus élevé que l’on ait enregistré depuis plus de 35 ans.

GRAPHIQUE Taux de croissance annuels moyens de la productivité du travail aux Etats-Unis (en %)

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Voici un graphique montrant les taux de croissance de la productivité après la Seconde Guerre mondiale. Notons que les taux de croissance annuelle de la productivité furent très entre 1947 et 1973 en atteignant en moyenne 3,2 %. Il y a eu ensuite un fort ralentissement de la croissance de la productivité dans les années soixante-dix et tandis que des taux plus élevés ont suivi dans les années quatre-vingt-dix et plus récemment, l’économie américaine n’est pas parvenue à renouer avec les taux de croissance de la productivité des années cinquante et soixante. Comme je l’ai régulièrement noté dans mes précédents billets (par exemple ici et ici), il n’y a pas d’autre question plus importante pour la santé à long terme de l’économie américaine que de savoir si elle peut maintenir un fort taux de croissance de la productivité. »

Timothy Taylor, « Hours worked, no change; Output, up 42% », 30 mai 2014. Traduit par Martin Anota



aller plus loin... lire « Les marchés du travail et la Grande Récession »