francois-hollande-a-paris-le-18-octobre_122e8112d0fa52051879d0512bdd9b94.jpg

« Je suis confus à propos de la politique macroéconomique menée par François Hollande. Lorsqu’il vint au pouvoir en 2012, il fit de la réduction du déficit une priorité. Il ne profita pas de l’opportunité pour s’opposer à la politique dominante d’austérité en zone euro. Cependant la politique française semblait se distinguer de plusieurs autres pays de la zone euro du fait que les hausses d’impôts jouaient un plus grande rôle dans la réduction du déficit que les réductions de dépenses publiques. Comme je l’ai noté dans un précédent billet, cela ne plut pas à Olli Rehn, le promoteur de l’austérité à la Commission.

Cependant la politique économique française semble désormais avoir pris une tournure quelque peu différente. En janvier, Hollande annonça des réductions des charges sociales payées par les entreprises. Beaucoup déclarèrent que ce fut un déplacement "vers le centre". Son discours sembla aussi suggérer qu’il était un converti à la loi de Say. Mais peut-être qu’il y eut une logique plus moderne à cette politique : en réduisant les coûts d’emploi, peut-être que le gouvernement essaye de mettre en place une "dévaluation interne".

Encore plus récemment, Hollande a voulu accorder des allègements fiscaux aux électeurs de la classe moyenne. Avec une croissance non existante et un déficit budgétaire croissant, la logique macroéconomique sous-jacente à cette politique m’échappe. Beaucoup de contribuables vont raisonnablement supposer que les réductions d’impôts vont être temporaires et ils vont par conséquent en épargner une bonne partie, donc l’impact sur la demande va être faible comparé aux réductions des dépenses publiques, requises pour les payer. Une réduction déflationniste des dépenses budgétaires est la dernière chose que vous voulez lorsque vous avez un écart de production (output gap) négatif estimé à plus de 3 % du PIB. (…)

La dernière prévision de l’OCDE prédit une accélération graduelle de la croissance, malgré une contraction budgétaire brutale, et ce alors même que cette contraction budgétaire ne soit pas suffisante pour stabiliser le ratio dette publique sur PIB en 2015. Le danger est bien connu : cette consolidation budgétaire va davantage inhiber la croissance que ne l’attendent les prévisionnistes, ce qui va générer des pressions pour entreprendre une contraction budgétaire additionnelle. Y a-t-il une stratégie claire pour éviter cela ou est-ce que Thomas Piketty a raison lorsqu’il parle de "l’improvisation permanente de François Hollande". »

Simon Wren-Lewis, « French macroeconomic policy improvisation », mercredi 16 juillet. Traduit par Martin Anota