CHINA-TRADE-COMMODITIES

« Le commerce mondial s’est fortement développé au cours des trois dernières décennies, en particulier pour les pays émergents. La valeur des exportations mondiales de marchandises est passée de 2.000 milliards de dollars en 1980 à 18.000 milliards de dollars en 2013, connaissant ainsi une croissance de 6,8 % par an. Les volumes échangés ont été multipliés par quatre au cours de cette période. La réduction significative des barrières à l’échange a été possible grâce au progrès technique, au transport et aux politiques. En 1980, les économies développées représentaient près de 73 % des exportations mondiales de biens. Les Etats-Unis étaient alors le premier exportateur, réalisant 13 % des exportations mondiales de biens. Durant cette période, les pays émergents et les pays à faible revenu ont réalisé une part toujours plus importante des exportations mondiales de biens : ils réalisaient 43 % de celles-ci en 2013, contre 27 % en 1980. En l’occurrence, la Chine réalisait 12 % des exportations mondiales de biens en 2013, contre 1 % en 1980. L’essor des exportations a stimulé la croissance du PIB des pays émergents et des pays à faible revenu. Ces derniers réalisaient 40 % des importations mondiales de biens en 2013, contre 23 % en 1980.

GRAPHIQUE 1 La part des exportations mondiales de biens réalisée par les différents pays (en %)

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L’intégration au commerce mondial n’a pas été la même d’un pays émergent à l’autre. Par exemple, l’intensité des échanges (le ratio importations plus exportations sur PIB) a augmenté énormément entre 1980 et 2013, en passant de 13 % à 46 %, tandis que l’intensité des échanges du Brésil a augmenté plus modérément, en passant de 20 à 28 % au cours de la même période. De leur côté, les pays à faible revenu représentèrent moins de 3 % des exportations mondiales en 2013, avec de substantielles barrières structurelles au commerce. Il y a une association positive entre la diversification des exportations et le PIB par tête. Les pays à faible revenu qui investirent dans les infrastructures, les réseaux d’échanges et le capital humain accrurent le nombre de partenaires à l’échange et le nombre de produits exportés, avec une plus grande diversification des échanges associées à une croissance économique plus forte et moins volatile. Le commerce et l’intégration commerciale jouent des rôles différents dans la stratégie de croissance des différents pays, mais il reste une marge de manœuvre substantielle pour un approfondissement de l’intégration commerciale des pays émergents et des pays à faible revenu.

GRAPHIQUE 2 Concentration des exportations et PIB réel par tête

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La croissance des échanges a subi un effondrement brutal, sévère et synchronisé fin 2008 et début 2009. Les importations ont chuté au rythme annualisé de 30 % entre le quatrième trimestre 2008 et le premier trimestre 2009 ; les pays en développement ont été aussi affectés que les pays avancés. Les importations rebondirent par la suite à un rythme annualisé de 20 % au cours des trois trimestres suivants. Cependant, suite à la reprise, la croissance du commerce mondiale resta inférieure à son rythme d’avant-crise. En outre, les importations restèrent sous leur niveaux d’avant-crise pour les pays directement affectés par les crises financières et bancaires, limitant la reprise des exportations des pays qui ne furent pas directement affectés par les crises financières.

La croissance des échanges a été lente après la reprise consécutive à la Grande Récession. Les volumes es échanges ont augmenté de 3 % en 2012 et en 2013, c’est-à-dire à un rythme inférieure à la moyenne d’avant-crise, en l’occurrence 7,1% entre 1987 et 2007. Les changements structurels contribuant à ce ralentissement du commerce mondial peuvent avoir été à l’œuvre avant la crise mondiale : les estimations de l’élasticité mondiale à long terme du commerce vis-à-vis du PIB passa de 2,2 sur la période 1986-2000 à 1,3 sur la période 2001-20013, renouant ainsi avec ses niveaux de la période 1970-1985. Les changements dans la structure des échanges, notamment l’expansion rapide des chaînes de valeur mondiale durant les années quatre-vingt-dix et le rythme plus lente au cours des années deux mille peuvent contribuer à expliquer cette dynamique (Constantinescu, Mattoo et Ruta, 2015). De même, le ralentissement de la libéralisation du commerce au cours des années deux par rapport aux années quatre-vingt-dix peut avoir contribué au ralentissement du commerce mondial au cours des dernières années.

GRAPHIQUE 3 Taux de croissance annuel moyen des importations et du PIB réel (en %)

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Les pays émergents et les pays à faible revenu n’ont pas seulement davantage échangé en général ; ils ont également davantage échangé entre eux. La part des échanges entre pays avancés dans l’ensemble des échanges mondiaux a chuté au cours des deux dernières décennies. Le pourcentage des exportations mondiales de biens réalisées parmi les pays avancés (le commerce Nord-Nord) est passé de 67 % à 38 % entre 1990 et 2013. La part des exportations mondiales de biens réalisées entre les pays émergents et les pays à faible revenu (le commerce Sud-Sud) a régulièrement augmenté, passant de 5 à 17 % entre 1990 et 2013. Cette croissance remarquable du commerce Sud-Sud coïncide avec une part relativement stable du commerce mondiale entre, d’un côté, les économies avancées et, de l’autre, les pays émergents et les pays à faible revenu (le commerce Nord-Sud).

GRAPHIQUE 4 Part des exportations mondiales de biens (en %) (origine-destination)

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Les avancées technologiques dans le transport et la communication et la libéralisation du commerce ont réduit les coûts de transport et facilité l’internationalisation de la production. Ces chaînes de valeur mondiale sont l’une des principales raisons derrière la croissance du commerce mondial et de la participation croissance de certains pays émergents comme la Chine au commerce international. Le volume mondial des échanges de marchandises a augmenté bien plus rapidement que le PIB mondial durant les trois dernières décennies. L’avancée des chaînes de valeur mondiale contribue à expliquer la croissance rapide du commerce mondial brut comme les exportations continrent de plus en plus de biens intermédiaires importés, avec les intrants franchissant plusieurs fois les frontières avant d’être assemblés et vendus aux consommateurs finals. La spécialisation verticale s’est accrue depuis le milieu des années quatre-vingt-dix. Cet essor a été particulièrement prononcé pour la Chine (où la part du contenu importé des exportations s’est accru de 12 points de pourcentage entre 1995 et 2005) et pour l’Allemagne et le Japon (où la part du contenu importé des exportations a augmenté respectivement de 8 et 6 points de pourcentage), avec l’émergence des chaînes de valeur mondiales contribuant significativement à leur essor comme principales puissances exportatrices. A l’inverse, la part du contenu étranger dans les exportations brutes est moindre aux Etats-Unis. Les chaînes de valeur mondiales sont fortement concentrées dans des régions spécifiques (l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Asie du sud-est), mais elles délaissent la plupart des pays à faible revenu et pays émergents.

Les pays avancés ne jouent pas le même rôle que les pays émergents et les pays à faible revenu dans les chaînes de valeur mondiales. Les pays émergents et les pays à faible revenu sont davantage présents en amont. Les pays avancés sont davantage présent en aval dans les chaînes de valeur, avec un plus faible contenu étranger de leurs exportations qui sont destinées aux pays en amont. Les pays émergents et les pays à faible revenu tendent à être positionnés en amont avec des exportations ayant de relativement larges contenus étrangers. Donc, les exportations totales ne reflètent pas nécessairement la contribution à la croissance, ce qui rend nécessaire d’être attentif à la valeur ajoutée à chaque étape de la production. Cependant, l’émergence des chaînes de valeur mondiales permirent à certains pays émergents d’accroître le contenu technologique de leurs exportations et à se déplacer en aval dans la chaîne de valeur ajoutée, rendant les secteurs exportateurs de ces pays émergents plus semblables à ceux des économies avancées.

GRAPHIQUE 5 Répartition des exportations mondiales selon leur nature (en %)

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Les échanges de services commerciaux se sont développés légèrement plus vite que les échanges de biens au cours des trois dernières décennies. La valeur des exportations mondiales de services commerciaux est passée de 370 milliards de dollars (16 % des exportations totales) à 4.600 milliards de dollars (21 % des exportations totales) entre 1980 et 2013, croissant à un rythme annuel de 8 % en moyenne. Les services tels que le transport et les services financiers sont intimement reliés au commerce des biens et ont une plus grande valeur ajoutée que l’activité manufacturière dans les chaînes de valeur mondiales. »

FMI, « Review of the role of trade in the work of the fund », février 2015. Traduit par Martin Anota



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