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Tag - Amérique latine

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dimanche 13 avril 2014

De modestes progrès du côté des inégalités en Amérique latine

BRAZIL/

« Lorsque je pense aux économies d’Amérique latine, j’ai tendance à penser aux problèmes et controverses passés : l’hyperinflation et les défauts de paiement dans les années quatre-vingt ; le débat autour des réformes du « consensus de Washington » dans les années quatre-vingt-dix ; et le fait qu’il s’agisse de la région du monde la plus inégalitaire. Mais lorsqu’on regarde ces 25 dernières années, ce qui ressort n’est pas tant les problèmes propres à chaque pays, mais bien les progrès économiques qu’a connus la région. Saviez-vous que selon les données de la Banque mondiale, le Brésil était la neuvième plus grande économie au monde en 2012 et le Mexique la dixième, plaçant ces deux pays juste derrière l’Italie, le Canada et la Corée du Sud ? Certains progrès ont également été réalisés en ce qui concerne les inégalités et la pauvreté dans la région.

La Banque mondiale a publié un rapport appelé "Social gains in the balance: A fiscal policy challenge for Latin America & the Caribbean". Pour en donner une idée, voici les progrès qui ont été réalisés dans le domaine de la lutte contre la pauvreté en Amérique latine au cours de la dernière décennie. La part des "pauvres extrêmes", c’est-à-dire de ceux vivant avec moins de 2,5 dollars par jour, diminua de moitié depuis 2000. La part des "pauvres modérés" vivant avec un budget compris entre 2,5 et 4 dollars par jour a aussi fortement chuté. La part de ceux qui sont "vulnérables" de tomber dans la pauvreté et disposant d’un budget compris entre 4 à 10 dollars par jour est restée à peu près la même. La "classe moyenne", qui se réfère à ceux vivant avec un budget compris entre 10 et 50 dollars par jour, s’est élargie. De ces quatre groupes, la « classe moyenne » est susceptible de devenir la plus large au cours des prochaines années.

GRAPHIQUE 1 Taux de pauvreté en Amérique latine et dans les Caraïbes (en %)

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source : Banque mondiale (2014)

La Banque mondiale dispose d’une mesure simple pour déterminer si la prospérité économique est "partagée". Elle compare le taux de croissance du revenu pour les 40 % des individus en bas de la répartition du revenu avec la moyenne globale. Cette mesure aide à expliquer pourquoi les inégalités en Amérique latine ont décliné depuis 2000, bien que cette réduction des inégalités ait stagné au cours des dernières années.

GRAPHIQUE 2 Taux de croissance annuel moyen du revenu (en %)

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source : Banque mondiale (2014)

La réduction des inégalités et les gains dans les opportunités partagées sont concrets. Par exemple, voici un graphique montrant diverses mesures des progrès réalisés au Brésil.

GRAPHIQUE 3 Evolution à long terme d’opportunités sélectionnées au Brésil

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source : Banque mondiale (2014)

Jusqu’à présent, la réduction des inégalités en Amérique latine vient essentiellement de la croissance économique. Comme la Banque centrale l’a aussi estimé, "environ 68 % de la réduction de la pauvreté entre 2003 et 2012 s’explique par la croissance économique, tandis que les 32 % restants proviennent de la baisse des inégalités". De plus, étant donné que la croissance économique partagée a également contribué à réduire les inégalités, seulement une portion du déclin des inégalités est due à la redistribution des revenus opérée par l’Etat.

Une partie de la baisse des inégalités s’explique par les politiques budgétaires, en particulier sous la forme de transferts en nature du fait que les gouvernements ont davantage dépensé dans l’éducation et les soins de santé pour les pauvres. "Entre 2000 et 2011, les dépenses sociales comme part du PIB sont passées de 11,7 à 14,5 %, avec les dépenses publiques dans l’éducation passant de 3,9 à 5 %, les dépenses en capital de 3,5 à 4,5 % et les dépenses de santé passant de 3 à presque 4 % dans l’ensemble des 18 pays suivis par la Commission Economique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes… pour soutenir la plus grand dépenses, la région a accru les prélèvements fiscaux de 16 à 20 % du PIB entre 2000 et 2010."

Cependant, malgré ces modestes avancées, le montant de la redistribution en Amérique latine reste dérisoire en comparaison avec les pays à haut revenu. Les carrés bleu clair montrent la répartition des revenus dans plusieurs pays, mesurée par le coefficient de Gini (…). Notons qu’en termes de revenu primaire, les pays d’Amérique latine se caractérisent par des inégalités relativement élevées, mais pas si fortement élevées que ça. Cependant, les gouvernements d’Amérique latine en font toujours trop peu pour réduire les inégalités et les inégalités après redistribution sont toujours plus fortes quand dans les pays à haut revenu.

GRAPHIQUE 4 Coefficient de Gini avant et après redistribution

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source : Banque mondiale (2014)

Si les inégalités étaient élevées en Amérique latine pendant plusieurs décennies, c’est précisément parce qu’elle sous-investissait dans l’éducation et la santé d’une large proportion de sa population. »

Timothy Taylor, « Latin America: Modest progress on inequality », in Conversable Economist (blog), 4 avril 2014. Traduit par Martin Anota.


aller plus loin… lire « Quels liens entre inégalités, redistribution et croissance ? » et « Aura-t-on éliminé l’extrême pauvreté dans le monde en 2030 ? »

jeudi 6 mars 2014

La réduction de la pauvreté ralentit en Amérique du Sud

GRAPHIQUE Répartition de la population en Amérique latine et aux Caraïbes selon le revenu (en %)

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source : The Economist (2014)


aller plus loin... lire « Aura-t-on éliminé l’extrême pauvreté dans le monde en 2030 ? »