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Tag - Irlande

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jeudi 7 avril 2016

La croissance de la zone euro est trop dépendante de la demande extérieure

GRAPHIQUE Contributions à la croissance du PIB de la zone euro (en % du total, entre 2012 et 2015)

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source : The Economist (2016)

mercredi 22 juillet 2015

L’Irlande et la Grèce

« L’Irlande est souvent considérée comme un modèle de réussite de l’austérité dans la zone euro, comparée à l’échec complet que constitue la Grèce. Cela peut mener à un non-sens comme celui-ci : au lieu de se plaindre, les Grecs devraient céder et enfin de se bouger un peu comme l’ont fait les Irlandais. Une autre manière de raconter les événements est d’expliquer les différences de performances entre les deux économies en se penchant sur les facteurs structurels (...).

Il serait bien sûr discutable de qualifier de succès le fait que le taux de chômage irlandais soit passé de 12 % à 14,7 % entre 2009 en 2012. Mais l’Irlande ne donne pas un clair exemple de la manière par laquelle l’austérité est supposée influencer un pays ouvert qui serait membre d’une union monétaire selon la théorie standard. Une réduction permanente des dépenses publiques ou une hausse des impôts va accroître le chômage, ce qui va pousser à la baisse les salaires et prix. Cela va améliorer la compétitivité, entraîner une plus forte demande extérieure pour les produits irlandais (et moins d’importations) et compenser ainsi les pertes en demande domestique occasionnées par l’austérité. Cependant, parce que les salaires et prix sont "visqueux", cet ajustement ne va pas survenir rapidement.

Le fait qu’en Irlande la croissance soit désormais plus forte et que le chômage diminue suggère qu’un tel processus est à l’œuvre. L’OCDE estime que la croissance a presque été de 5 % en 2014 et que cette performance s’explique en particulier par la hausse de 12 % du volume des exportations. En ce sens, ce qui s’est passé en Irlande avec l’austérité correspond à ce que l’on peut lire dans les manuels. La question qui faut se poser, c’est pourquoi les choses ont été si différentes en Grèce. Voici la croissance dans les deux économies selon l’OCDE :

GRAPHIQUE 1 Croissance annuelle du PIB (en %)

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Bien sûr, la récession de 2009 affecta chacun des deux pays. Entre 2010 et 2014, l’expérience irlandaise fut mauvaise, mais celle de la Grèce fut désastreuse.

La différence s’explique avant tout par le fait que l’austérité fut plus importante en Grèce. Voici une mesure qui le montre bien : le solde primaire sous-jacent du gouvernement.

GRAPHIQUE 2 Variation annuelle du solde primaire sous-jacent (en %)

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En utilisant cette mesure, on constate que la contraction budgétaire entre 2009 et 2013 a été 2,7 fois plus importante en Grèce qu’en Irlande. Cette mesure n’est pas idéale, parce que l’impact des modifications de la fiscalité peut être lissé, mais on obtient une image similaire en regardant les variations de la consommation publique.

Dans les deux cas, nous avons eu ce que les économistes appellent une "dévaluation interne", qui est une manière d’accroître la compétitivité comme je l’ai décrit ici. Voici ce qui s’est passé du côté des salaires :

GRAPHIQUE 3 Variation annuelle des salaires (en %)

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La chute des salaires en Irlande entraîna une amélioration significative de sa compétitivité, ce qui a tout particulièrement contribué à ce que les exportations soient maintenant en pleine explosion. En Grèce, avec un chômage plus important et plus persistant, la chute des salaires a été bien plus persistante. Donc nous aurions pu nous attendre à une amélioration de la compétitivité et des exportations encore plus importante et plus persistante en Grèce. Mais ici nous nous retrouvons face à une petite énigme : ce n’est pas ce que nous avons observé. Voici les volumes des exportations dans les deux pays :

GRAPHIQUE 4 Variation annuelle des exportations (en %)

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La dynamique est similaire, mais les exportations se sont davantage redressées en Irlande qu’en Grèce.

Est-ce d’ici que proviennent les histoires de faiblesses structurelles en Grèce ? Dans un sens, oui. La Grèce exporte certainement moins que vous pouvez vous attendre d’après les modèles (en l’occurrence les modèles de gravité) que les économistes utilisent pour expliquer de telles choses, comme le montre cette étude de la Commission Européenne. L’étude affirme aussi que cela peut s’expliquer par les faiblesses institutionnelles de l’économie grecque. Celles-ci expliquent grandement les différences entre l’Irlande et la Grèce. L’Irlande est bien plus ouverte, ce qui signifie que toute hausse en pourcentage des exportations aura un impact plus important sur le PIB et l’emploi. (Elle a aussi reçu plus d'investissements directs à l'étranger.) En termes techniques, si la pente de la courbe de Phillips est similaire dans les deux pays, l’ajustement en Grèce sera toujours plus difficile, parce que c’est une économie moins ouverte.

Cependant il n’est pas clair pourquoi ces différences structurelles rendraient les exportations grecques moins sensibles à une variation donnée des salaires. Cette énigme pourrait s’expliquer par le fait que la Grèce a connu moins de gains de compétitivité que l’Irlande, même si la chute des salaires y a été plus forte. Theodore Pelagidis a une explication : des coûts autres que le salaire (en particulier les prix de l’énergie) ont augmenté, au point de compenser la baisse des salaires. Il écrit :

"Une partie du programme d’ajustement que la Grèce a mis en œuvre pour accroître significativement les taxes sur les énergies utilisées par les activités productives… L’évolution subséquente des exportations dans les secteurs intensifs en énergie comme la métallurgie et le textile en est symptomatique. Malgré de larges chutes de salaires, les exportations de ces produits se sont écroulées avec la hausse rapide des coûts en énergie… Ces deux secteurs expliquent largement la stagnation des exportations des produits grecs hors carburants."

On ne sait pas très bien si ces hausses dans les taxes d’énergie ont reçu l’aval de la Troïka. Cependant l’une des mesures imposées comme partie du dernier accord est une hausse de la TVA pour le secteur touristique, ce qui va bien sûr peser sur la compétitivité dans ce secteur. Dans les deux cas, les mesures d’austérité entravent la manière par laquelle l’économie s’ajuste à la consolidation budgétaire.

Pour résumer, la principale raison pour laquelle la Grèce a souffert plus que l’Irlande est que le montant d’austérité imposée à la Grèce a été bien plus important. Toute récession est aussi susceptible d’être plus forte en Grèce parce que celle-ci est une économie moins ouverte, donc une plus large dévaluation interne est nécessaire pour compenser l’impact de l’austérité. Un dernier facteur est que les larges baisses de salaires ne se sont pas traduites en Grèce par des gains de compétitivité, précisément à cause de la manière par laquelle l’austérité a été mise en œuvre. »

Simon Wren-Lewis, « Ireland and Greece », in Mainly Macro (blog), 19 juillet 2015. Traduit par Martin Anota

mardi 10 mars 2015

Trois petits cochons

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source : The Economist (2015)

jeudi 30 octobre 2014

L'endettement poursuit son envolée en zone euro

GRAPHIQUE Evolution de la dette (en % du PIB)

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source : The Economist (2014)