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Tag - Japon

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samedi 14 novembre 2015

S'élevant à 240 % du PIB, la dette publique du Japon est la plus élevée au monde

GRAPHIQUE Dette publique et PIB du Japon (en millions de milliards de yen)

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source : The Economist (2015), d'après les données du FMI et de la Banque du Japon



aller plus loin...

« Au mépris des lois de l’attraction »

« Pourquoi la dette publique japonaise continue de défier la gravité »

« La politique budgétaire est-elle efficace au Japon ? »

« Quelle est l’efficacité de l’Abenomics ? »

mercredi 30 septembre 2015

Pourquoi les exportations japonaises ne décollent-elles pas ?



« Après s’être effondrées lors de la crise financière mondiale, puis avoir rebondi après celle-ci, les exportations réelles de biens du Japon sont restées globalement stables au cours des dernières années, malgré une forte dépréciation du yen depuis fin 2012. Suite à l’assouplissement agressif de la politique monétaire de la Banque du Japon, le yen s’est déprimé d’environ 35 % en termes effectifs réels au cours de la période. Cette dépréciation fait suite à une forte appréciation du yen entre 2008 et 2011. Qu’est-ce qui peut expliquer la lenteur de la reprise des exportations japonaises ? (…)

Une lente reprise des exportations

La reprise des exportateurs au Japon est plus lente que ce que nous pourrions attendre en nous basant sur la réaction passée des exportations face à la demande externe et au taux de change. Les exportations sont actuellement 20 % plus faibles que le niveau prédit par une équation de demande externe standard, estimée à partir de la période antérieure à l’Abenomics.

Une faible transmission aux prix à l’export

Les exportateurs japonais ont longtemps (…) maintenu des prix à l’export stables sur les marchés étrangers et absorbé les fluctuations de taux de change à travers les marges de profit. Cette pratique s’est traduite par un affaiblissement de la transmission des variations de taux de change aux prix à l’export. Depuis le début de la dépréciation du yen en 2012, les prix à l’export en yen ont augmenté brutalement, et les marges de profit des exportateurs japonais ont augmenté d’environ 20 %. (Les exportateurs ont aussi connu une forte compression de leurs marges de profit durant la brutale appréciation du yen entre 2008 et 2011 et ils reconstituent leurs marges depuis.)

Les variations du taux de change ne se transmettaient pas complètement aux prix à l’export pendant une certaine période, mais les preuves empiriques suggèrent que cette transmission s’est récemment encore davantage affaiblie. (…) La transmission des variations du taux de change est passée de 85 % à environ 50 % entre les années quatre-vingt et aujourd’hui. En d’autres mots, une dépréciation de 10 % du yen réduisait les prix à l’export d’environ 8,5 % durant les années quatre-vingt, mais de seulement 5 % aujourd’hui. Cette observation suggère que si la transmission était restée la même que celle des années quatre-vingt, les prix à l’export aurait dû chuter de presque 30 % depuis 2012, alors qu’ils n’ont baissé que de 17 %. Si l’on se base sur l’élasticité des exportations vis-à-vis des prix, on en conclut que ce plus ample déclin aurait dû à son tour stimuler les exportations de 6 points de pourcentage supplémentaires. Notons, cependant, qu’à moyen terme, la transmission des variations du taux de change est susceptible de s’accroître. Ree, Hong et Choi (2015) (2015) constatent que la transmission des variations du taux de change aux prix à l’export survient sur environ cinq ans au Japon et n’atteint son maximum qu’après, ce qui suggèrerait que la croissance des exportations devrait être plus forte à l’avenir.

La délocalisation de la production

Au cours des deux dernières décennies, les entreprises japonaises se sont davantage développé à l’étranger pour exploiter les différentiels de coût du travail et un accroissement de la demande dans les pays hôtes. Le rythme des délocalisations (offshoring) s’est accéléré depuis la crise financière mondiale, très certainement en conséquence de la forte appréciation du yen entre 2008 et 2011 et de l’incertitude à propos de l’offre d’énergie suite au tremblement de terre de 2011. L’investissement à l’étranger des filiales japonaises représente maintenant environ 25 % de l’investissement totale dans l’industrie.

Les ventes à l’étranger (la somme des exportations et ventes par les filiales japonaises) se sont accrues de plus de 60 % en valeur depuis 2011, ce qui est bien plus rapide que le taux de croissance des exportations domestiques (en l’occurrence 14 %), et elles représentent maintenant environ 60 % des ventes totales (Kang et Piao, 2015). Cette tendance haussière dans l’investissement et ventes réalisés à l’étranger suggère que le commerce intrafirme est devenu bien plus important. Ce constat peut contribuer à expliquer le déclin de la transmission des variations de taux de change, étant donné que les transactions intrafirme sont moins sujettes aux fluctuations du taux de change. (…) Il semble que l’accroissement des délocalisations de la production ait poussé à la baisse les exportations, ce qui aurait compensé le l’impact positif de la dépréciation du yen sur les exportations.

Une plus forte participation aux chaînes de valeur mondiales

Les exportations japonaises sont dominées par des produits à forte valeur ajoutée, par exemple des machines électriques et des équipements de transport, puisque ceux-ci représentent plus de 60 % des exportations. Ces secteurs sont spécialisés, ne sont pas facilement substituables et sont étroitement connectés aux chaînes de valeur mondiales.

Au cours des deux dernières décennies, le Japon s’est impliqué de plus en plus dans les chaînes de valeur mondiales. Selon la base de données TiVA de l’OCDE et de l’OMC, la part de la valeur ajoutée étrangère en pourcentage des exportations brutes du Japon (taux de participation en amont) a augmenté et est passée de 6 % à 11 % entre 1995 et 2009. Entretemps, le Japon est aussi devenu un plus grand offreur d’intrants intermédiaires pour les exportations de d’autres pays : la part des intrants produits dans l’économie domestiques utilisés dans les exportations de pays tiers (taux de participation en aval) est passée de 22 % à 33 % durant la même période. Cela fait du Japon l’un des pays ayant connu l’une des plus fortes hausses du taux de participation en aval.

En outre, en comparaison avec d’autres pays non exportateurs de matières premières, le Japon est davantage spécialité dans des secteurs en début de chaîne de valeur qui sont plus intensifs en recherche et en conception, comme le montrent les données TiVA. Comme le Japon devient plus étroitement impliqué dans les chaînes de valeur mondiales et comme les chaînes de valeur mondiales deviennent de plus en plus complexes, la dépréciation du taux de change est susceptible de jouer un rôle moins important dans la stimulation de la croissance des exportations de tels biens relatifs aux chaînes de valeur mondiales.

Globalement, la réponse des exportations à la dépréciation du yen est devenue bien plus faible que ce que l’on aurait pu attendre en raison d’un nombre de facteurs spécifiques au Japon. En particulier, cette faible réponse reflète largement l’accélération de la délocalisation de la production depuis la crise financière mondiale. Elle reflète aussi une implication plus profonde de la production et des échanges du Japon dans les chaînes de valeur mondiales et un déclin dans la forte de la transmission des variations du taux de change à court terme. »

FMI (2015), « Japanese exports: What’s the holdup? », in World Economic Outlook, septembre 2015. Traduit par Martin Anota



aller plus loin... lire « Quelle est l’efficacité de l’Abenomics ? »

mardi 8 septembre 2015

Malgré l'Abenomics, le Japon peine à sortir de la déflation

GRAPHIQUE Variation de l'inflation sous-jacente des prix à la consommation au Japon (en %)

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source : The Economist (2015), d'après les données de Thomson Reuters et de la Banque du Japon



aller plus loin... lire « L’abenomics est-elle une réussite ? »

vendredi 19 décembre 2014

Les difficultés du Japon en graphiques

GRAPHIQUE Le Japon versus le reste du monde

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GRAPHIQUE Déficit budgétaire, bilan de la banque centrale et indices boursiers

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GRAPHIQUE Dette publique brute (en % du PIB)
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GRAPHIQUE Répartition de la population japonaise (en classes d'âge)

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source : The Economist (2014)

samedi 19 octobre 2013

Abenomics : des risques après les premiers succès

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« L’abenomics est un ensemble de mesures ambitieuses de politique économique annoncé par le Japon en décembre 2012 qui comporte trois principaux éléments, qualifiés de "flèches" : un assouplissement monétaire, une gestion budgétaire flexible et des réformes structurelles. Les objectifs sont de mettre fin à la déflation, d’accélérer durablement la croissance et d’inverser la tendance à la hausse de la dette publique. Cette initiative a déjà amélioré les perspectives à court terme, mais les anticipations d’inflation à moyen terme restent sensiblement inférieures à 2 %, ce qui indique un risque de non réalisation de cet objectif en 2015 en l’absence d’une stimulation supplémentaire.

Or, celle-ci pourrait compromettre la réalisation des autres objectifs et l’atténuation indispensable de la vulnérabilité des finances publiques. L’encadré analyse les aléas de l’abenomics et présente leurs résultats actuels. Il y a deux leçons principales. D’abord, une application intégrale et dans les délais des trois flèches conditionne le respect des objectifs généraux. Ensuite, des réformes structurelles sont absolument nécessaires pour créer les conditions permettant de porter l’inflation à 2 %.

La première flèche est un nouvel assouplissement monétaire quantitatif et qualitatif au moyen duquel la Banque du Japon cherche à arrêter la déflation et à réaliser son objectif d’inflation de 2 % en 2015. La seconde flèche est une politique budgétaire flexible : 1) de nouvelles dépenses en 2013–14, représentant 1,4 point de PIB et financées par endettement; 2) un assainissement à partir de 2014 pour diminuer de moitié le déficit primaire pendant l’exercice 2015, par rapport à son niveau de 6,6 % du PIB en 2010, et dégager un excédent primaire en 2020. La troisième flèche est un ensemble de réformes structurelles dans le cadre d’une stratégie de croissance destinée à stimuler l’investissement, l’emploi et la productivité.

Le nouveau dispositif a eu un effet immédiat sur le marché financier. De décembre 2012 à juin 2013, l’indice boursier Nikkei a augmenté de quelque 30 % et le taux de change effectif réel s’est déprécié de 17 %. Les rendements obligataires sont tombés brièvement à des points bas historiques, mais se sont ensuite légèrement redressés. Il a déjà accéléré la croissance et amélioré les perspectives à court terme. Selon les estimations du FMI, il explique entre le tiers et la moitié de la progression de 3,9 % du PIB (en taux annuel corrigé des variations saisonnières) au premier semestre de 2013, après deux trimestres de croissance négative ou faible. L’incidence totale sur la croissance du PIB réel pour l’ensemble de l’année serait de l’ordre d’1,3 point. On estime que l’effet de richesse résultant de la hausse des actions ferait augmenter la consommation et la production de respectivement 0,3 % et 0,2 % environ. La dépréciation du taux de change expliquerait 0,4 point de hausse de la production, le reste provenant d’autres canaux. Au vu de ces évolutions, les projections de référence des Perspectives de l’économie mondiale intègrent les effets d’un assouplissement monétaire agressif et des ajustements attendus de la politique budgétaire jusqu’en 2015.

GRAPHIQUE Les anticipations d’inflation au Japon (variation en pourcentage sur un an)

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Malgré ces résultats, le succès à plus long terme de l’abenomics n’est pas garanti, notamment en ce qui concerne l’accélération de l’inflation. Bien que les anticipations d’inflation à moyen terme aient augmenté, elles demeurent inférieures à l’objectif de 2 % (cf. graphique). Dans un contexte de désinflation, leur ajustement est souvent lent, en particulier lorsqu’il s’accompagne d’une faible croissance et d’un chômage élevé. De même, les salaires nominaux n’ont pas encore commencé à augmenter, ce qui n’est pas surprenant compte tenu des délais dus aux contrats en vigueur et d’autres facteurs.

La grande question est de savoir si le Japon va parvenir à l’accélération durable de la croissance probablement nécessaire pour vaincre la déflation. Dans le cas contraire, et si les anticipations d’inflation ne s’élèvent pas plus, il faudra davantage de stimulation. En supposant qu’il y ait peu de marge sur le plan de la politique monétaire, on devra prendre de nouvelles mesures budgétaires. Il faut pour cela qu’il existe une marge et il n’y en a guère pour appliquer l’abenomics. La majoration de la taxe sur la consommation en deux étapes (2014 et 2015), envisagée avant l’application du nouveau dispositif, est essentielle pour contenir la vulnérabilité budgétaire.

Mais elle risque d’être défavorable à la croissance et aux anticipations d’inflation — même si l’activité est censée rester bien orientée grâce à la reprise de l’investissement privé et au caractère assez limité du multiplicateur de la TVA — retardant la réalisation de l’objectif d’inflation. Un net ralentissement de la croissance pourrait nécessiter des mesures budgétaires de soutien (par exemple des transferts ciblés à caractère temporaire) à condition qu’elles s’accompagnent d’un plan à moyen terme crédible assurant la viabilité budgétaire. (…)

Les autorités doivent être prêtes à prendre d’autres mesures de relance pour atteindre l’objectif d’inflation de 2 %. (…) Cela pourrait augmenter le risque associés à l’abenomics, une mise en œuvre intégrale et dans les délais des trois flèches conditionnant l’atténuation de ces risques. Enfin, l’analyse fait bien apparaître que les trois flèches sont étroitement liées. Des réformes structurelles (par exemple, le relèvement de l’âge de la retraite et du taux d’activité des femmes ainsi que des mesures destinées à augmenter les gains de productivité) sont nécessaires pour renforcer la croissance à long terme et assurer la viabilité des finances publiques. Celle-ci s’impose pour dégager une marge d’action budgétaire permettant d’aider la politique monétaire, contrainte par le plancher des taux d’intérêt nuls, et prévenir une envolée des taux à long terme. L’assouplissement de la politique monétaire est nécessaire à l’abaissement des taux d’intérêt réels, destiné à stimuler la croissance et à réaliser le nouvel objectif d’inflation, ce qui contribuera aussi à la viabilité des finances publiques. Le fait que l’assainissement budgétaire doive éventuellement être retardé pour conserver une croissance élevée pendant un certain temps montre bien l’avantage de "verrouiller" les progrès budgétaires à plus long terme en réformant à court terme les droits à prestation. À cet égard, le relèvement de l’âge de la retraite et les réformes destinées à contenir les dépenses de santé paraissent indispensables. Enfin, l’analyse laisse penser qu’à court terme, des plans d’urgence prévoyant plus de relance monétaire non conventionnelle seraient utiles compte tenu des faiblesses sur le plan budgétaire. »

FMI, « Abenomics : des risques après les premiers succès ? », Perspectives de l’économie mondiale, octobre 2013.


aller plus loin… lire « L’expérience japonaise au prisme de la Grande Dépression » et « Dette publique et réformes budgétaires au Japon »

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