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Tag - Jeux olympiques

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mercredi 21 février 2018

Economie olympique

« (…) Je dois avouer que l’opportunité d’accueillir les Jeux olympiques pour une ville est loin d'être démontrée sur le plan économique. On peut en trouver une belle illustration avec le nouveau stade de 100 millions de dollars des cérémonies d’ouverture qui ne sera utilisé que quatre fois au total (pour l’ouverture et la fermeture des Jeux olympiques d’hiver, puis pour l’ouverture et la fermeture des Jeux paralympiques du mois prochain) et qui sera ensuite démoli. Andrew Zimbalist se penche sur cette question en détails dans son article "Tarnished Gold: Popping the Olympics Bubb", paru dans le numéro du premier trimestre 2018 de la Milken Institute Review.

La construction de nouveaux bâtiments (ou la profonde rénovation de ceux qui existent déjà) représente un coût significatif pour les Jeux. Zimbalist, note concernant les précédents Jeux d’hiver de 2014, que "le CIO a accepté une candidature bien audacieuse de Sotchi pour les Jeux d’Hiver, une ville où presque aucun des sites ou infrastructures nécessaires n’était en place. Ils devinrent les Jeux les plus chers de l’histoire, avec la Russie déboursant entre 50 milliards et 67 milliards de dollars, même si l'on peut douter que la totalité de cette somme soit effectivement allée dans la construction".

Comme il est devenu parfaitement clair que les recettes qu’une ville hôte perçoit directement des Jeux olympiques (par exemple, les recettes liées aux tickets et aux droits télévisuels) ne couvrent généralement qu’environ un tiers des coûts d’accueil, moins de villes se portent candidates pour accueillir les Jeux. Deux villes se sont portées candidates pour les Jeux d’hiver 2022, en l’occurrence Pékin en Chine et Almaty au Kazakhstan. Pékin "a gagné" comme le décrit Zimbalist :

"Le comité organisateur de Pékin a présenté sa candidature au CIO en notant que la ville utiliserait certains sites hérités des Jeux olympiques d’été 2008. Mais la Chine est allée dans le sens du penchant du CIO pour la comptabilité créative en excluant le coût des lignes ferroviaires à haute vitesse qui relieront Pékin aux zones de ski de piste et de ski de fond (éloignées respectivement de 54 miles et de 118 miles de la capitale). Ce projet va coûter environ 5 milliards de dollars et n’aura que peu d’utilité pour la région après la fin des Jeux."

"Sont aussi exclues du budget de Pékin les dépenses considérables finançant les nouvelles dérivations d’eau et les programmes de dessalement nécessaires pour accueillir les Jeux d’hiver des villes du nord de Chine en manque d’eau (et de neige). Le nord de la Chine dispose de 25 % de l’ensemble des ressources d’eau du pays alors qu’il héberge presque 50 % de la population. Par conséquent, la Chine a lancé un programme de dérivation d’eau de 80 milliards de dollars à partir du sud avant les Jeux d’été de 2008."

"Mais la disponibilité en eau du nord reste toujours inférieure à ce que les Nations Unies considèrent être le niveau critique pour la santé ; ne parlons même pas de ce qui est nécessaire pour les festivités olympiques. Zhangjiakou, le site de la compétition pour les événements associés au ski nordique, reçoit moins de huit pouces de neige par an. Yanqing, le site des événements associés au ski alpin, reçoit moins de 15 pouces de précipitation par an."

"Les deux zones vont donc nécessiter beaucoup d’eau pour faire de la neige artificielle. Mais même si la Chine réussit à finir les infrastructures nécessaires pour la dérivation des eaux, cela reviendra à déshabiller Pierre pour habiller Paul : Pékin, Zhangjiakou et Yanqing se situent dans l’une des régions agricoles les plus importantes de Chine, produisant du sorgho, du maïs, du blé d’hiver, des légumes et du coton."

"En outre, le gouvernement compte apparemment sur la valeur durable des constructions des Jeux d’hiver, en créant des stations de ski permanentes dans les montagnes bordant la Mongolie intérieure et le Désert de Gobi. Si les stations de ski survivent, seuls les résidents les plus riches de Chine pourront se permettre d’y aller, tandis que la production alimentaire (et les revenus des éleveurs) en sera affectée."

"Un autre problème avec Pékin 2022 est que l’hiver est l’une des pires saisons pour la pollution de l’air dans cette ville horriblement polluée. La déforestation des montagnes du nord nécessaire pour les infrastructures des Jeux ne va qu’aggraver le problème."

"Au vu des complications suscitées par l’accueil des Jeux d’hiver dans le nord de la Chine, on peut se demander comment Pékin a pu être choisie. La réponse est simple : en raison de la perspective de gros déficits, la seule autre ville candidate était Almaty, capitale du Kazakhstan, le pays aux amples ressources pétrolières qui est dirigée avec une main de fer par le kleptocrate Noursoultan Nazarbaïev depuis l’indépendance en 1991."

Zimbalist n’offre pas d’estimations parallèles pour les Jeux de PyeongChang. Selon l’estimation standard qui revient souvent, la Corée du Sud va dépenser environ 13 milliards de dollars sur les installations pour les Jeux d’hiver, mais cette estimation s’avère trop faible. Ce montant n’inclut pas les infrastructures comme les lignes ferroviaires à haute vitesse sur les 80 miles séparant Seoul et PyeongChang. Il y a quelques années, les analystes de l’Institut de Recherche Hyundai estimèrent ces coûts additionnels d’infrastructures à 43,8 milliards de dollars.

Les arguments économiques en faveur de l’accueil des Jeux olympiques dépendent étroitement des recettes indirectes : les emplois de construction de court terme avant les Jeux, les dépenses des touristes durant les Jeux, les infrastructures et la reconnaissance qui peuvent durer après les Jeux. Si l’on jette un coup d’œil aux précédents Jeux, il apparaît que de tels bénéfices sont assez incertains. Le scénario économique le plus optimiste pour les Jeux de PyeongChang serait que ceux-ci soient aussi réussis que les Jeux d’hiver de Salt Lake City de 2002. Cela s’explique par le fait que cette zone était une destination attractive et accessible pour les sports d’hiver, mais quelque peu sous-apprécié avant les Jeux. Les Jeux ont accru sa visibilité et stimulé son tourisme à long terme. D’ailleurs, Salt Lake City vient juste d’annoncer qu’elle serait intéressée à l’idée d’accueillir de nouveau les Jeux en 2026 ou 2030.

Cependant, d’autres villes qui ont accueilli les Jeux d’hiver ces dernières décennies n’ont pas autant réussi : soit les destinations étaient déjà très populaires pour les activités d’hiver, auquel cas elles n’ont pas connu de stimulation de ces activités touristiques à long terme, soit elles n’ont tout simplement jamais connu de forte activité. Rappelons la liste des villes qui ont accueilli les dix derniers Jeux d’hiver : Sotchi (2014), Vancouver (2010), Turin (2006), Salt Lake City (2002), Nagano (1998), Lillehammer (1994), Albertville (1992), Calgary (1988), Sarajevo (1984), Lake Placid (1980).

Pour les Jeux de PyeongChang, les ventes de tickets n’ont pas été terribles. Les audiences à la télévision devraient être bonnes, mais avec (…) les gens les visionnant via d’autres médias, elles risquent de ne pas être fabuleuses. Les dépenses sur les installations semblent avoir été gardées sous contrôle, bien qu’il puisse être possible que les détails sur les surcoûts n’aient pas encore filtré. Même le CIO, qui n’est pas connu pour sa parcimonie, a signalé publiquement que plusieurs des nouveaux sites risquent de ne pas être utilisés après les Jeux.

Les dividendes économiques dépendent au final de la capacité de PyeongChang à devenir une destination beaucoup plus importante pour les activités touristiques d’hiver dans les années qui suivront les Jeux. D’un côté, PyeongChang a aujourd’hui une petite population (d’environ 44.000 personnes) et sa vie nocturne, ses restaurants et ses hôtels sont par conséquent bien limités. Cette ville se situe aussi à environ 40 miles de la zone démilitarisée séparant la Corée du Nord de la Corée du Sud, ce qui peut désinciter les touristes à oser y faire des réservations. D’un autre côté, les niveaux de revenu ont rapidement augmenté en Asie de l’Est, en particulier en Chine. La demande pour les destinations touristiques se développe. Il y a déjà plusieurs stations de ski sud-coréennes qui marchent bien. PyeongChang va avoir des coûts économiques excédant de loin les bénéfices. Mais il y a une chance raisonnable pour que ce soit pour elle plus rentable que les récents Jeux d’Hiver et elle semble avoir été plus sage dans son analyse coûts-bénéfices que son prédécesseur (Sotchi) ou son successeur (Pékin). (…) »

Timothy Taylor, « Olympic Economics », in Conversable Economist (blog), 9 février 2018. Traduit par Martin Anota

mardi 25 février 2014

Froids médaillistes

GRAPHIQUE Médailles gagnées aux Jeux olympiques par pays (en % du total)

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source : The Economist (2014)