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« En regardant les coûts et bénéfices du vote, cette colonne affirme que s’abstenir peut finalement être un choix rationnel. (…)

Plutôt que de se focaliser sur l’abstention, peut-être que la plus grande question de recherche serait pourquoi quelqu’un prend la peine de voter. Au moins depuis Riker et Ordeshook (1968), la théorie de l’électeur rationnel note qu’une personne va voter seulement si les coûts sont inférieurs aux bénéfices qui découlent de la victoire du candidat préféré, actualisés par la probabilité de constituer la voix décisive et incluant le profit tiré de la satisfaction d’avoir réalisé son devoir civique. La probabilité d’être la voix déterminante est infiniment petite dans les élections nationales. Donc, le coût du vote excède normalement toute valeur plausible des bénéfices attendus de la victoire du candidat préféré. (…)

Avec mes collaborateurs, j’ai récemment rapporté des (...) mesures très précises du coût d’opportunité du vote. Pour calculer ces coûts, nous croisons la participation individuelle au scrutin dans les élections générales en Nouvelle-Zélande avec les estimations (…) de la distance par la route entre les zones résidentielles et le plus proche bureau de vote. En combinant les estimations de la durée de trajet à partir de Google Maps avec les salaires estimés des répondants à l’enquête, nous obtenons une mesure détaillée du coût d’opportunité du temps passé à se déplacer jusqu’au bureau de vote.

Nos résultats montrent que même d’infimes coûts peuvent décourager la participation au scrutin. Chaque kilomètre supplémentaire (ou chaque supplément de deux minutes pour faire le trajet) depuis le plus proche bureau de vote réduit la participation d’un point de pourcentage (…).

Nous trouvons que de petites hausses dans les coûts d’opportunité de la durée de déplacement peuvent avoir de larges effets sur la participation électorale. Par exemple, à un coût d’opportunité de 10 dollars néo-zélandais (équivalents à 8 dollars américains) la participation nationale prédite serait juste de 75 %, ce qui est inférieur de sept points de pourcentage à la moyenne. Dans les zones urbaines, la participation attendue tombe même bien plus fortement au regard des coûts d’opportunité. (…)

Montrer que de faibles coûts d’opportunité au vote importent pour la participation au scrutin (…) corrobore les résultats des précédents (…) études de cas dans la littérature de science politique. Une importante implication découlant des résultats est que les coûts d’opportunité sont faibles, mais que la participation électorale est toujours sensible à ces faibles coûts. Si ces faibles coûts n’avaient pas été précisément mesurés (comme cela avait été typiquement le cas jusqu’alors), alors la décision de voter serait apparu (de manière erronée) comme largement aléatoire. Tandis que plusieurs personnes peuvent choisir de ne pas voter dans les prochaines élections, de telles décisions peuvent toujours être considérées comme rationnelles. »

John Gibson, « What’s a vote worth? », in VoxEU.org, 2 novembre 2012.