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« C’est article d’Irving Fisher est devenu un classique : Fisher, Irving (1933) “The Debt-Deflation Theory of Great Depressions” (…). C’est ici que Fisher a exposé sa théorie de la déflation par la dette (…).

Fisher a constaté que les cycles d’affaires sont causés par divers facteurs ou forces, à la fois exogènes et endogènes. (…) Fisher rejette la loi de Say et accepte qu’une surproduction générale puisse devenir réalité à un moment donné. Il pense que deux facteurs jouent un rôle majeur dans le cycle d’affaires, le surendettement et la déflation “qui survient quelques temps après”. Et il considère les crises économiques de 1837, 1873 et 1929-1933 comme d’importants exemples d’épisodes de déflation par la dette. La dette excessive peut entraîner un surinvestissement et une spéculation excessive au cours du boom économique.

Selon Fisher, nous avons les étapes suivantes dans une crise de la déflation par la dette :

(1) La liquidation de la dette mène à des ventes en catastrophe et à (2) une contraction de la monnaie de dépôt, comme les prêts bancaires sont remboursés, et à un ralentissement de la vitesse de circulation de la monnaie. Cette contraction des dépôts et de leur vitesse, générée par les ventes de détresse, entraîne (3) une chute du niveau de prix, soit en d’autres mots un gonflement du dollar. En supposant (…) que cette chute des prix n’interfère pas avec la réflation ou autre chose, il doit y avoir (4) une toujours plus forte chute de la valeur nette des entreprises, entraînant des faillites et (5) une chute des profits, qui dans une société capitaliste, caractérisée par le profit privée, entraîne (…) (6) une réduction de la production, du commerce et de l’emploi. Ces pertes, faillites et chômage mènent (7) au pessimisme et à la perte de confiance qui, à leur tour, mènent à (8) la thésaurisation et au ralentissement toujours plus prononcé de la vitesse de circulation de la monnaie. Ces huit dynamiques entraînent (9) des perturbations dans les taux d’intérêt, en particulier une chute des taux nominaux et une chute des taux réels d’intérêt.”

Cette description est bien sûr un modèle et, dans la réalité, l’ordre, l’intensité, les effets et les interactions des facteurs ci-dessus peuvent être différents d’une récession (ou dépression) à une autre.

Fisher est aussi très clair lorsqu’il affirme que la déflation seule dans un environnement dénué d’ample dette privée n’entraîne pas nécessairement de désastre économique : “quand une déflation survient en raison d'autre chose que la dette et sans générer d'ample volume de dette, les maux résultants sont bien moindres. C’est la combinaison des deux (la maladie de la dette venant tout d’abord, puis entraînant la maladie du dollar) qui entraîne les plus grands ravages”. A la fin de son article, Fisher se tourne vers les solutions à la déflation par la dette et son remède est la “réflation” ou stabilisation des prix, un remède qui ne peut principalement être apporté que par la politique monétaire. »

Lord Keynes, « Fisher on debt deflation », in Social Democracy for the 21st Century: A Post Keynesian Perspective (blog), 26 octobre 2012.

aller plus loin... lire « Endettement, déflation et crises financières »