« Une récession mondiale se réfère à une contraction de la production mondiale réelle par tête. Toutefois, pour pouvoir parler de récession mondiale, cette contraction doit s’accompagner d’un déclin large et synchronisé de diverses autres mesures de l’activité économique, notamment la production industrielle mondiale, les échanges internationaux, l’emploi et la consommation d’énergies. Les récessions mondiales sont relativement rares, puisque le monde n’a seulement connu que quatre événements de ce type depuis 1960 : en l'occurrence, en 1975, en 1982, en 1991 et en 2009. Sans nul doute, la récession de 2009 fut la plus dévastatrice des quatre. (…)

En effet, la production mondiale par tête s’est contractée de 1,8 % en 2009. C’est jusqu’à présent la chute la plus forte. La chute moyenne que l'on a observé lors des quatre récessions mondiales était de 0,7 %. En outre, les échanges mondiaux se sont effondrés, les flux de capitaux et la production industrielle ont enregistré de significatifs déclins et 23 millions de personnes ont perdu leur emploi. L’un des faits les plus saillants de la récession de 2009 a été la synchronisation sans précédents des récessions nationales : elle a frappé presque toutes les économies avancées et de très nombreuses économies émergentes et en développement. Quand de nombreux pays connaissent une récession au même instant, le ralentissement mondial tend à être plus profond. Et lorsque tout le monde en souffre, il est difficile de vendre des biens aux autres parce qu’il y a un choc mondial. Le vrai problème est là : une récession mondiale frappe tout le monde au même instant. (…)

Sommes-nous assez efficaces pour prévoir les récessions mondiales ? La réponse est non. Cela dit, les dernières prévisions indiquent que la reprise mondiale va se poursuivre en 2016, donc qu’une récession mondiale n’est pas prévue pour cette année. Mais il y a plusieurs risques susceptibles de nous faire réviser les chiffres de la croissance à la baisse. Un risque majeur est que plusieurs pays émergents, notamment la Chine, dont l'activité ralentit depuis 2010 voient leur croissance ralentir davantage cette année. L’effondrement des prix du pétrole a violemment frappé les pays producteurs de pétrole. Il y a des risques financiers qui sont associés à la divergence des politiques monétaires entre les économies avancées et avec l’accumulation rapide de dette d’entreprises dans certains pays émergents. (...)

Lorsque vous regardez les quatre épisodes de récession mondiale, vous pouvez noter une hausse de l’incertitude au cours de chaque épisode. L’épisode de 2009 était une récession extraordinaire qui entraîna une réponse très agressive de la part des autorités de la part des gouvernements et des banques centrales. Cela s’accompagna d’une période de forte incertitude autour de la politique économique, comme on a pu le voir aux Etats-Unis en ce qui concerne la politique budgétaire et les mesures prises pour le secteur financier, ou en zone euro avec les mesures prises pour faire face à la crise de la dette souveraine. Une forte incertitude autour de la politique économique, combinée avec une forte incertitude macroéconomique, ont pesé sur la consommation et l’investissement. Il est juste de dire que l’incertitude était l’un des facteurs à l’origine de la faiblesse de la croissance, en particulier durant les premières étapes de la reprise mondiale. (…) Lorsque vous avez une récession qui s’accompagne d’une forte incertitude, les récessions tendent à être plus sévères. »

FMI, « When national cycles coincide: tracking global recessions and recoveries », entretien avec Ayhan Kose