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« Selon JP Morgan, les ventes d’iPhone 5 par Apple peuvent ajouter jusqu’à un demi point de pourcentage à la croissance du PIB américain lors du quatrième trimestre. En France, la performance médiocre que Renault et Peugeot ont récemment réalisée pourrait entraîner un effet domino sur l’ensemble de la chaîne de production. Puisqu’il semble que pour chaque emploi détruit au sein de Renault deux voire trois emplois sont détruits parmi les fournisseurs, un choc adverse touchant ce constructeur automobile pourrait ralentir la croissance économique en France. (…)

La distribution des entreprises selon leur taille est extrêmement écrasée – l’économie est « granuleuse ». Cela signifie que les chocs idiosyncratiques affectant individuellement les (larges) entreprises ne vont pas se diluer, mais plutôt mener à des fluctuations agrégées. (…) Les chocs idiosyncratiques touchant une seule entreprise ou un seul secteur dans l’économie peut avoir de larges effets agrégés si celle-ci ou celui-ci est fortement interconnecté(e) aux autres entreprises/secteurs de l’économie (…).

L’intégration commerciale a le potentiel de rendre les plus larges entreprises encore plus larges. De même, la consolidation de l’ensemble des secteurs (par exemple via les fusions et acquisitions) mène aussi à un plus grand écrasement dans la distribution des entreprises selon leur taille. Ces deux changements structurels amplifient les fluctuations granulaires, rendant les cycles d’affaires plus sensibles aux chocs touchant individuellement les entreprises. Parallèlement, les frontières de l’entreprise sont changeantes et les processus de production deviennent de plus en plus fragmentés. Certaines activités qui étaient habituellement internes à l’entreprise sont maintenant externalisées. Cette fragmentation a lieu à la fois dans et entre les pays, dans et entre les secteurs, contribue à ce que les chocs touchant individuellement les entreprises se propagent plus amplement à l’ensemble l’économie aussi bien qu’aux autres pays.

Enfin, il suffit de regarder la plus récente crise mondiale pour noter l’importance de la transmission des chocs entre secteurs et entre entreprises. Un choc qui débuta dans le secteur financier se propagea rapidement au reste de l’économie. La chute dramatique dans le commerce international mit en lumière comme la fragmentation internationale des processus productifs fut un puissant mécanisme d’amplification des chocs. »

Julian di Giovanni, Andrei Levchenko & Isabelle Méjean, « The role of firms in aggregate fluctuations », in VoxEU.org, 16 novembre 2012