« Pourquoi les femmes tendent-elles toujours à gagner moins que les hommes ? Il n’y personne de mieux placée pour répondre à cette question que l’historienne économique Claudia Goldin, la lauréate du prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel de 2023. Sa réponse nous dit comment combattre l’injustice, mais aussi comment créer des conditions de travail plus saines et productives pour tout le monde.
Evoquons quelques explications évidentes, qui jouent toutes un rôle. Il y a la discrimination pure et simple, quelque chose que Goldin a examiné avec Cecilia Rouse dans une célèbre étude portant sur les principaux orchestres américains. Quand ces orchestres commencèrent à demander aux candidats d’auditionner derrière un écran, la proportion de femmes qui furent acceptées augmenta fortement.
Alors se pose la question de savoir quels choix de carrière font sens pour une personne qui peut tomber enceinte. Dans les années 1960, l’accès à la pilule contraceptive était limité pour les femmes qui n’étaient pas mariées aux Etats-Unis. En 1970, les études de droit, de médecine, de médecine dentaire et de gestion étaient entièrement dominées par les hommes. Ce n’est pas étonnant : investir dans une telle profession semblait coûteux et risqué pour une jeune femme qui pouvait soudainement devenir mère. Goldin et son collègue (et époux) Lawrence Katz ont montré que dans les Etats qui libéralisèrent l’accès à la pilule contraceptive durant les années 1970, le nombre de jeunes femmes suivant ces études a explosé. En donnant aux femmes un contrôle sans précédent sur leur fertilité, la pilule contraceptive leur a permis de s’investir dans leur carrière professionnelle.
Toutefois, beaucoup de femmes utilisent la pilule, non pas pour empêcher totalement la maternité, mais pour la décaler à un moment plus approprié. Ce qui nous amène à aujourd’hui. Les travaux de Goldin suggèrent qu’une grande partie des inégalités entre hommes et femmes tient en fait aux inégalités entre les mères et les non-mères. La raison ? Il y a certains emplois, les emplois "gourmands" ("greedy jobs") qui payent bien, mais qui nécessitent des horaires longs et imprévisibles.
(Goldin n'a pas inventé ce terme. Il a été utilisé pour la première fois par les sociologues Lewis Coser et Rose Laub Coser, un couple marié. Il a utilisé ce terme pour décrire les institutions qui "recherchent une loyauté exclusive et indivise" ; elle l'a utilisé pour décrire les exigences de la maternité.)
Alors, qu’est-ce qu’un emploi gourmand ? Si vous devez travailler tard, répondre à des appels professionnels le week-end ou vous rendre à Singapour pour une réunion, le tout sans préavis et avec l'hypothèse absolue que rien d'autre ne vous empêchera de le faire, alors vous avez un emploi gourmand. Si vous êtes également la principale personne à s’occuper d’enfants, alors, comme Rose Laub Coser l'a compris, c'est aussi un travail gourmand, sans doute plus gourmand qu'il ne l'a jamais été. Et il est dans la nature des emplois gourmands que vous ne puissiez en occuper qu’un seul à la fois.
Un arrangement courant dans les couples hétérosexuels très diplômés, très employables est donc que l'un des conjoints (souvent la femme) prenne en charge le travail gourmand et non rémunéré de parent (peut-être en parallèle à un emploi rémunéré plus flexible), tandis que l'autre conjoint (souvent l'homme) prenne l’emploi gourmand et très rémunéré d'avocat d'entreprise, de banquier d'investissement ou de cadre dirigeant.
Il n’y a rien d’inévitable là-dedans. Le couple pourrait embaucher une nounou à domicile : c’est un autre travail gourmand. Ou bien, les deux conjoints pourraient tous deux occuper des emplois flexibles où l’on s’attend à ce que la famille passe avant tout. Mais ces deux options ont un prix élevé, car les emplois les mieux payés sont généralement gourmands.
Comme l’a écrit Goldin dans son livre Career and Family, publié en 2021 "quand les diplômés du supérieur trouvent des partenaires de vie et commencent à planifier leur vie de famille, dans les termes les plus crus ils sont confrontés à un choix entre un mariage d’égaux et un mariage avec plus d’argent".
Le couple pourrait renverser les normes de genre : la femme pourrait travailler à des horaires imprévisibles et prendre l’avion à destination de Singapour, tandis que l'homme serait celui qui viendrait chercher les enfants à l’école et laisserait tout tomber en cas d'urgence pour s’occuper d’eux. Mis à part les poignées de semaines autour du moment de la naissance, c'est parfaitement possible. Mais cela reste inhabituel, alors tous deux passeraient beaucoup de temps à s’expliquer.
Ce qu'il faut faire? Nous pouvons tous remettre en cause l'hypothèse selon laquelle c'est la mère qui doit planifier la garde des enfants et faire face aux urgences afin que son conjoint puisse se concentrer sur son travail gourmand. Mais nous devons aussi nous demander pourquoi tant d’emplois sont encore gourmands.
Goldin oppose les avocats aux pharmaciens. Le droit est un travail fondamentalement gourmand, où vous gagnez le plus d’argent lorsque vous êtes associé dans un cabinet d'avocats - un emploi qui n'est pas compatible avec le fait d'être la personne qui laisse tout tomber pour aller s’occuper d’un enfant qui est tombé d'une balançoire pendant la récréation.
A l’inverse, vous pouvez être très bien payé en tant que pharmacien, même si de nombreux pharmaciens ont des métiers peu gourmands. Aux États-Unis, plus de la moitié des pharmaciens sont des femmes et l’écart de salaires entre les sexes est faible. Selon Goldin, cela est une question de conception du travail : les pharmaciens travaillent en équipe et sont substituables les uns aux autres. Si quelqu’un n’est pas disponible pour venir travailler, quelqu’un d’autre peut le remplacer.
Pourquoi n'y a-t-il pas plus d'emplois conçus de cette façon ? Il faut beaucoup d’efforts et d’attention pour créer des emplois substituables. Les processus doivent être standardisés et les enregistrements conservés (...). Ces meilleurs systèmes ne permettent pas seulement aux meilleurs travailleurs de travailler dans des conditions non gourmandes ; ils permettent aussi de faciliter le travail d'équipe et de réduire d'épuisement professionnel. Pourtant, ceux qui ont le pouvoir de mettre en œuvre ces changements n’ont pas encore estimé que cela en valait la peine de le faire.
Mon espoir – et celui de Goldin aussi – est que le choc provoqué par la pandémie sur les pratiques en matière de travail à travers le monde contribuera à débloquer de meilleurs systèmes, conduisant à de nouveaux progrès en matière d’égalité de genre et à de nombreux autres avantages. Mais elle est historienne, pas devin. Nous devons attendre et observer. Ou nous devons nous battre pour avoir les changements que nous voulons. »
Tim Harford, « Why are some jobs so “greedy”? », novembre 2023. Traduit par Martin Anota
aller plus loin...
« La maternité, cette source persistante d’inégalités dans les pays développés »
« Les politiques familiales contribuent-elles à réduire les inégalités de genre ? »
lundi 27 novembre 2023
Pourquoi certains emplois sont-ils particulièrement "gourmands" ?
Par Martin Anota le lundi 27 novembre 2023, 17:00 - Travail, emploi, chômage
dimanche 26 novembre 2023
Les liens de la semaine
Par Martin Anota le dimanche 26 novembre 2023, 17:00
Environnement et ressources naturelles
- Le trou dans la couche d’ozone s’agrandit chaque printemps austral depuis vingt ans (Le Monde)
- COP28 : un an après la percée sur les "pertes et dommages" en Egypte, pays riches et pays pauvres toujours divisés (The Conversation)
- Génération climat ? (La Vie des idées)
- Nicholas Georgescu-Roegen : la décroissance sans limite ? (Jean-Marie Harribey)
- Donner une valeur économique à la nature : un changement de paradigme ? (The Conversation)
Energie
- Méga-fusions et avenir radieux : comment les entreprises pétrolières voient le futur (The Conversation)
- Solde énergétique en 2022 : la crise de la production électronucléaire survenue au pire moment (Banque de France)
Inflation
- La dynamique de l’inflation totale et de l’inflation hors énergie et aliments non transformés dans la zone euro (Patrick Artus)
- En 2022, la hausse du niveau de vie ne compense qu’en partie l’augmentation des dépenses liée à l’inflation, sauf pour les 10 % les plus aisés (INSEE)
- Les pays qui ont eu, dans la période récente, une politique monétaire restrictive et une politique budgétaire expansionniste ont-ils un supplément d’inflation ? (Patrick Artus)
GRAPHIQUE Effet moyen de l'inflation en 2022 sur le niveau de vie corrigé, par dixième de niveau de vie (en %)
source : INSEE (2023)
IA
- Les défis d’une IA frugale (CNRS)
- ChatGPT est-il de gauche ? (fipaddict)
- IA : énous allons vers une massification des fake newsé, une conversation avec Chris Schroeder (Le Grand Continent)
Marchés
- Black friday : gare aux dark patterns ! (Emmanuel Combe)
- Instituer l’accès aux données des plateformes numériques (AOC)
- Détecter les cartels : au delà des politiques de clémence (Emmanuel Combe)
Entrepreneurs
- De Bolloré à Kretinsky, l’influence hors-norme des grands capitalistes français (Alter éco)
- Rodolphe Saadé étend son empire maritime aux routes terrestres Alter éco)
- Charbon, distribution, médias : la fulgurante ascension de Daniel Kretinsky (Alter éco)
- Aux sources de la puissance de Bernard Arnault (Alter éco)
- Xavier Niel, le véritable président de la "start-up nation" (Alter éco)
- "Les acteurs financiers n’ont pas fait disparaître les grandes familles capitalistes" (Tristan Auvray )
Finances publiques
- Le contre-modèle budgétaire allemand (Alter éco)
- Discipline budgétaire: une leçon allemande (Charles Wyplosz)
- Politique budgétaire restrictive dans la zone euro : un choix ou une nécessité ? (Patrick Artus)
- Evasion fiscale : les "Panama Papers" et autres "leaks" ont rapporté 450 millions d’euros à la France (Le Monde)
Monnaie et finance
- Quels effets a une politique monétaire restrictive sur le marché du travail ? (Patrick Artus)
- Pourquoi l’objectif d’inflation de la zone euro a-t-il été fixé à 2 % ? (Patrick Artus)
Finance internationale
- Argentine : Milei, le dollar et le cauchemar monétaire (Jonathan Marie)
- Les coûts macroéconomiques de la dollarisation (Esprits animaux)
- Un rôle croissant du dollar dans les échanges commerciaux ou financiers malgré le recul de la taille des États-Unis dans l’économie mondiale (Patrick Artus)
Commerce international
- L'hypermondialisation est morte ! Mais à quoi a-t-elle laissé place ? (D'un champ l'autre)
- L’activité industrielle progresse plus vite que les échanges internationaux (Philippe Waechter)
Réindustrialisation
- Relocalisation des médicaments : la France a-t-elle la bonne stratégie ? (Nathalie Coutinet)
- La suppression de la CVAE, une mesure de relance de l’industrie française mal ciblée (The Conversation)
Bien-être
- Les âges du bien-être (Cepremap)
- Le bien‑être subjectif, une question de classes sociales ? (INSEE)
Inégalités et justice sociale
- Dans quatre couples sur dix, les deux conjoints appartiennent au même groupe social (INSEE)
- Les réformes sociofiscales de 2022 augmentent le revenu disponible des ménages, en particulier des plus modestes, du fait des mesures exceptionnelles de soutien au pouvoir d’achat (INSEE)
- Les inégalités économiques entre ménages selon le groupe socioprofessionnel (INSEE)
- Usages de drogues et inégalités sociales de santé à la fin de l’adolescence (INSEE)
- Les inégalités sociales en matière de santé sont un peu plus marquées en France qu’en Europe (INSEE)
- Vos bébés vous feront aimer l’État (AOC)
- L’accès gratuit aux toilettes est-il un droit fondamental ? (Le Monde)
GRAPHIQUE Niveau de vie et patrimoine net médians par groupe de PCS Ménage
source : INSEE (2023)
Violences sexistes
- Violences conjugales : comment expliquer le doublement des plaintes en six ans ? (Le Monde)
- "Le féminicide est un crime de possession" (Christelle Taraud)
- Violences conjugales : et si l’on cessait de considérer les victimes uniquement comme "publics vulnérables" ? (The Conversation)
- Que changerait l’inscription du féminicide dans le code pénal ? (Le Monde)
Discriminations
- Permis de conduire : les stéréotypes de genre influencent-ils les taux de réussite ? (The Conversation)
- La "maladie n°9" : un symptôme de l’antisémitisme français (The Conversation)
Ecole
- Pourquoi on a tout à gagner à avoir plus de mixité sociale à l’école (Alter éco)
- Créer des classes de niveau : atouts ou freins à la réussite des élèves ? (The Conversation)
- Ségrégation sociale en milieu scolaire : appréhender ses causes et déterminer ses effets (IPP)
- L’accès à la voie générale et technologique augmente, mais les inégalités sociales d’orientation en fin de troisième persistent (INSEE)
GRAPHIQUE Milieu social des élèves selon leur niveau d'acquis (en %)
source : INSEE (2023)
Travail, emploi, chômage
- La situation sur le marché du travail au 3e trimestre 2023 (Dares)
- La dynamique de l’emploi ralentit vite en zone Euro (Philippe Waechter)
- Les entreprises substituent-elles du capital au travail lorsqu’elles subissent des difficultés de recrutement ? (Patrick Artus)
- Le mouron des seniors au chômage (Alter éco)
- Apprentissage : faut-il mettre fin à l’open bar des aides pour les entreprises ? (Alter éco)
- "Cessons de répéter que les jeunes ne veulent plus travailler" (Dominique Méda)
- Salaires, reconnaissance, précarité : les intérimaires se rebiffent (Alter éco)
- Salaires: la primauté de la négociation collective (Gilbert Cette)
- Quand les conditions de travail se dégradent, faut-il s’en accommoder ou changer d’emploi ? (The Conversation)
Politique
- Avec dix-huit recours en dix-huit mois, le gouvernement Borne banalise l’article 49.3 (Le Monde)
- La gauche et Mélenchon: et après? (Gérard Grunberg)
- "Ce n’est pas parce qu’on est élu qu’on peut tout faire", une conversation sur le futur de la Pologne (Le Grand Continent)
Autour du conflit israélo-palestinien
- Le Hamas à Gaza : de l’enfermement à la sauvagerie (The Conversation)
- Israël : la paix est-elle encore possible ? Entretien avec Henry Laurens (La Vie des idées)
- La trêve avec le Hamas va-t-elle sonner le glas du gouvernement Nétanyahou ? (The Conversation)
- Quand le conflit israélo-palestinien déborde sur les campus américains (The Conversation)
- Le duo Israël/États-Unis face à la cohésion croissante des pays arabes et musulmans (The Conversation)
voir la précédente revue de presse
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jeudi 23 novembre 2023
La Fed devrait-elle recevoir le crédit pour la désinflation ?
Par Martin Anota le jeudi 23 novembre 2023, 16:00
« Le 14 novembre, le Bureau of Labor Statistics des Etats-Unis a annoncé que l’indice des prix à la consommation n’avait pas varié en octobre (qu’il soit désaisonnalisé ou non). Autrement dit, le niveau de l’indice des prix à la consommation n’a pas changé, ni le taux d’inflation, qui a été nul. Bien sûr, les chiffres sur un mois sont trop volatils pour tirer une conclusion. Les prix de l’essence ne vont pas chaque mois chuter de 5,0 %, comme ils l’ont fait de septembre à octobre.
Le taux d’inflation global de l’indice des prix à la consommation au cours des douze derniers mois a été de 3,2 %, bien inférieur au taux de 6,5 % observé en 2022. Au risque de tenter le sort, on pourrait dire que la lutte contre l’inflation a été gagnée.
Un cas rare de désinflation immaculée
Contrairement à ce que beaucoup d’économistes ont prédit, et aussi contrairement à ce que beaucoup d’Américains continent de croire, le taux d’inflation aux Etats-Unis a, jusqu’à présent, baissé sans que l’activité économique ou l’emploi ne décline significativement. L’économie américaine a créé 204.000 emplois par mois au cours des trois derniers mois, soit davantage que la croissance à long terme de la population active. En conséquence, le chômage reste sous les 4,0 %, presque le plus faible niveau depuis la fin des années 1960. La croissance du PIB a été de 2,3 % en rythme annualisé jusqu’à présent cette année, soit bien plus rapide que le taux de croissance moyen des Etats-Unis depuis le tournant du siècle. Cet épisode a été qualifié de "désinflation immaculée", puisque celle-ci s’est opérée sans perte en revenu ou emploi.
L’histoire a été la même dans les autres pays industrialisés l’inflation a augmenté en 2021 et en 2022, puis elle a baissé en 2023. Mais les statistiques ailleurs ne sont pas aussi bonnes qu’aux Etats-Unis. D’autres économies industrialisées (la zone euro, le Royaume-Uni, le Canada et le Japon) connaissent une plus faible croissance. Pourtant l’inflation est plus forte en Europe qu’aux Etats-Unis. (Elle reste très faible au Japon).
Si l’on s’en tient aux règles traditionnelles de la politique, la Fed et l’administration fédérale devraient obtenir le crédit politique pour les progrès qui ont été réalisés au cours de cette période, qu’importe s’ils y ont contribué ou non. Mais ce critère (la pratique politique traditionnelle) place la barre trop bas. On peut raisonnablement se demander si les responsables politiques sont responsables, dans un sens causal, de l’apparent atterrissage en douceur. Il y a deux ans, ils ont certainement sous-estimé le danger de l’inflation. Si le resserrement subséquent de la politique monétaire est responsable de la désinflation, il ne semble pas avoir opéré via les canaux habituels de la baisse de la production et de l’emploi.
Quelques canaux alternatifs pour la politique monétaire
De possibles mécanismes de transmission des taux d’intérêt à l’inflation n’opèrent pas via la production ou l’emploi. De tels canaux sont l’immobilier, le taux de change et les prix des matières premières :
- Les taux d’intérêt hypothécaires contribuent à déterminer la demande de logements. Ils ont abruptement augmenté au cours des deux dernières années, la période au cours de laquelle la Fed a mis un terme à l’assouplissement quantitatif et resserré sa politique monétaire. Certains indicateurs des prix de l’immobilier montrent que ces derniers ont brutalement chuté après le milieu de l’année 2022.
- Depuis mars 2022, le mois au cours duquel la Fed a commencé à relever ses taux d’intérêt, le dollar s’est apprécié de plus de 8 % vis-à-vis des autres devises majeures. (…) L’effet modérateur de l’appréciation sur les prix des biens échangeables est plus faible dans le cas des Etats-Unis qu’il ne l’est dans d’autres pays.
- Un canal négligé est que les taux d’intérêt réels plus élevés exercent des pressions à la baisse sur les prix des matières premières comme le pétrole, les minéraux et les produits agricoles. L’indice des prix mondiaux pour toutes les matières premières a chuté de plus de 30 % entre mars 2022 et octobre 2023 (comme on a pu le prédire).
Mais ni le taux de change, ni l’immobilier, ni même les matières premières, ne constituent la principale histoire.
La meilleure explication
Le fait que la chute de l’inflation se soit accompagnée par une très faible perte en termes d’activité économique pourrait peut-être s'expliquer par une pente plus forte de la courbe de Phillips à proximité du plein emploi. Autrement dit, quand le chômage est inférieur à 4 %, comme il l’a été, et en particulier quand les postes vacants dépassent les 7 %, comme ils l’ont été, les baisses de la demande agrégée se traduisent presque entièrement par une baisse de l’inflation plutôt que par une baisse de l’activité économique.
Une meilleure explication pourrait être que les obstacles à l’approvisionnement qui se sont manifestés de 2020 à 2022 se sont dissipés cette année. Les perturbations des chaînes de valeur (la congestion des ports, les retards dans les commandes de marchandises, les goulots d’étranglement dans les intrants, les pénuries de main-d’œuvre et le reste des perturbations associées à la pandémie de Covid-19 qui ont tant dominé la vie de 2020 à 2022) se sont dissipées en 2023. L’indice de pressions sur les chaînes d’approvisionnement mondiales produit par la Réserve fédérale de New York montre que les perturbations d’approvisionnement ont atteint leur pic en décembre 2021 et qu’elles ont régulièrement décliné à partir d’avril 2022. Apparemment, la main invisible, qui avait disparu, est revenue faciliter le bon fonctionnement de l’économie.
Une évolution plus favorable de la relation d’offre agrégée devrait permettre de réduire l’inflation pour un taux de croissance économique donné. La croissance a décliné en 2022 et en 2023 relativement au taux de surchauffe de l’expansion en 2021. (Cela ressemble vraiment à un atterrissage en douceur.) Le retrait de la relance monétaire américaine peut expliquer pourquoi l’évolution favorable de la relation a pris la forme en 2023 d’une baisse de l’inflation plutôt que d’une accélération de la croissance du PIB. En d’autres termes, si la Fed n’avait pas augmenté ses taux après mars 2022, il y a des chances pour que la surchauffe de l’économie se soit poursuivie, malgré l’évolution favorable de l’offre ; l’inflation serait toujours élevée. La conclusion est que la Fed devrait peut-être recevoir le crédit pour la baisse de l’inflation après tout. »
Jeffrey Frankel, « Does the Fed deserve credit for the disinflation? », in Econbrowser (blog), novembre 2023. Traduit par Martin Anota
« Quels sont les canaux de transmission de la politique monétaire conventionnelle ? »
« La Fed peut-elle réduire l’inflation sans provoquer de récession ? »
« La Fed a-t-elle souvent réussi à faire atterrir en douceur l'économie américaine ? »
« Une désinflation sans récession ? »
« Comment peut-on expliquer la hausse de l’inflation américaine depuis la pandémie ? »
lundi 20 novembre 2023
La stagnation actuelle de l’Europe s'explique en partie par l'obsession du déficit public
Par Martin Anota le lundi 20 novembre 2023, 16:00 - Politique budgétaire et endettement public
« La règle empirique que les journalistes utilisent pour définir une récession, à savoir la succession de deux trimestres consécutifs de croissance négative du PIB, n’est pas sans inconvénient. Si l’économie croît de 0,1 %, les gros titres diront que "le Royaume-Uni a évité la récession", mais si la croissance est de -0,1 % deux trimestres consécutifs, les gros titres diront que "le Royaume-Uni est entré en récession". Pourtant la différence entre les deux, équivalente à 0,2 % du PIB, est bien dans les erreurs de mesures généralement associées à la croissance du PIB. D’un point de vue économique, il n’y a pas de différence significative entre une croissance de 0,1 % et une croissance de – 0,1 %, si bien que parler de récession dans le cas de cette dernière, mais pas dans celui de la première, est ridicule.
Un autre problème avec cette façon de définir une récession est qu’elle ne fait pas référence à la croissance tendancielle. Si l’économie croît en général de 3 % par an, alors la croissance zéro fait une grosse différence (3 % de moins que la normale). Cependant, si la croissance tendancielle est de 1 %, une croissance nulle ne fait pas une grande différence (juste 1 % de moins que la normale). Cela peut conduire à des erreurs d’appréciation lorsque l’on parle d’une reprise suite à une récession. Par exemple, (…) le PIB (au Royaume-Uni) a commencé à croître en 1982 après la récession de 1980-1981 (…). Comme je l’ai noté ici, la croissance en 1982 était autour du taux tendanciel. La reprise, dans le sens d’un retour à la trajectoire tendancielle du PIB, n’a vraiment débuté qu’en 1983.
Un dernier problème avec la définition "officielle" de la récession est qu’elle se réfère au PIB et non au PIB par tête. Ce dernier est pourtant bien plus pertinent à presque tous les égards. (…) Si nous utilisions le PIB par tête pour définir une récession, alors le Royaume-Uni aurait connu une récession en 2022 et nous pourrions parler d’une seconde récession dans la seconde moitié de cette année. De nouveau, cela montre à quel point cela peut être absurde d’être trop littéral à propos de la définition de la récession.
Une bien meilleure façon de décrire l’année 2022 et (tout du moins jusqu’à présent) l’année 2023 est de dire que l’économie est au point mort. Il est tentant de considérer cette période de très faible croissance comme une conséquence de la hausse des taux d’intérêt associée à la lutte contre la forte inflation. La croissance dans les grands pays-membres de l’UE a aussi été faible au cours des deux dernières années. Cependant, l’un des contre-exemples majeurs devrait nous amener à douter de cette explication : comme le montre le graphique ci-dessous, la croissance aux Etats-Unis a été bien plus forte.
GRAPHIQUE PIB par tête aux Etats-Unis et au Royaume-Unis (en indices, base 100 au quatrième trimestre 2023)
Martin Sandbu montre un graphique similaire comparant le PIB des Etats-Unis au PIB de l’UE. Alors que le PIB par tête du Royaume-Uni reste à des niveaux similaires à ceux d’avant la pandémie, le PIB par tête des Etats-Unis est presque 6 % plus élevé. Le Royaume-Uni a enregistré une légère baisse du PIB par tête au troisième trimestre 2023, mais le PIB par tête des Etats-Unis a augmenté de plus de 1 % !
Comme le note Sandbu, ce n’est pas parce que la croissance du PIB par tête est plus forte aux Etats-Unis qu’en Europe. De même, comme je l’ai montré ici, la croissance du PIB par tête au Royaume-Uni a été au moins aussi forte que celle des Etats-Unis avant la crise financière mondiale et l’austérité. Quelque chose s’est produit aux Etats-Unis depuis la pandémie, quelque chose qui ne s’est pas produit au Royaume-Uni et dans l’UE.
L’argument que j’ai déjà avancé, et que Sandbu avance aussi, est que la politique budgétaire américaine a été bien plus expansionniste depuis les premiers temps de la pandémie qu’en Europe. Les détails sont discutés en détail dans ce billet et dans l’article de Sandbu, donc je ne vais pas les répéter ici, sauf pour dire qu’ils impliquent une combinaison du calendrier de la relance budgétaire et une orientation de cette relance vers ceux qui vont la dépenser le plus. Je vais élargir ce point pour faire un point plus général.
Comme avec toute énigme, il peut y avoir plusieurs réponses possibles et pas assez d’éléments empiriques pour déterminer laquelle est correcte. Une explication pourrait être que le choc des prix de l’énergie a davantage affecté l’Europe que les Etats-Unis (…). Si c’était le cas, alors nous aurions dû voir en 2023 un certain rebond en Europe relativement aux Etats-Unis, comme les prix du gaz diminuèrent, mais ce n’est pas ce que nous avons vu. Donc, ce n’est qu’une explication partielle.
L’argument que j’ai déjà avancé, et que Sandbu avance aussi, est que la politique budgétaire américaine a été bien plus expansionniste depuis les premiers temps de la pandémie qu’en Europe. Les détails sont discutés en détail dans ce billet et dans l’article de Sandbu, donc je ne vais pas les répéter ici (…). Je vais élargir ce point pour faire un point plus général.
L’une des particularités du mandat de Biden est que sa politique n’a pas placé le déficit budgétaire ou la dette publique au centre des décisions budgétaires. Cela contraste avec l’Europe, où les contraintes sur la dette ou les déficits imposées par les politiciens semblent toujours mordre, et cela contraste aussi avec les précédentes administrations démocrates aux Etats-Unis qui "se sont inquiétées à propos du déficit" à des degrés divers. Selon moi, la vigueur de l’économie américaine au sortir de la pandémie tient en grande partie à cette différence et les responsables politiques européens qui restent obsédés et contraints par les cibles de déficit ou de dette pourraient en tirer d’importantes leçons.
Qu’est-ce que j’entends par "obsession du déficit" ? Après tout, j’ai régulièrement affirmé qu'une fixation de la politique budgétaire à moyen terme suivant une règle d’or (faisant correspondre les dépenses aux impôts) en temps normal était un bon objectif. L’obsession du déficit, par contraste, voit implicitement la dette publique comme une chose toujours mauvaise, elle érige des cibles totalement arbitraires pour réduire cette dette et elle laisse cela dicter la politique presque tout le temps, ce qui se traduit invariablement par un sous-investissement dans les services publics et les infrastructures.
L’obsession du déficit et de la dette importe le plus après une sévère contraction de l’activité économique, provoquée par exemple par une crise financière ou une pandémie. Après la crise financière mondiale, l’erreur clé n’a pas été l’absence de soutien budgétaire durant la période au cours de laquelle la production chutait, mais durant la période après celle-ci, lorsque nous devions normalement nous attendre à une reprise suite à cette récession. Ce fut le cas aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, car les démocrates et les travaillistes étaient au pouvoir. Même en Europe, il y a eu un certain soutien budgétaire durant le pire de la récession. Durant le pire de la pandémie, tous les gouvernements ont fourni un considérable soutien budgétaire. C’est après la crise immédiate que l’erreur a été commise. C’est comme si les responsables politiques abandonnaient leur obsession du déficit lorsque la production chute, mais qu’une fois la chute de la production stoppée, ils se laissent regagner par celle-ci. D’une certaine façon, ils ont aussi été trompés par la "définition officielle" d’une récession.
Nous savons depuis la Grande Dépression des années 1930 qu’après une crise la production ne revient pas toujours à sa trajectoire tendancielle d’avant-crise. Grâce à Keynes, nous savons pourquoi : si les consommateurs et les entreprises pensent qu’il n’y aura pas de rebond, l’activité ne rebondira pas, parce que la consommation et l’investissement resteront déprimés. Dans les années 1930, le chômage est resté élevé, pourtant les salaires et les prix cessèrent de chuter. Il fallut une relance budgétaire, sous la forme d’un New Deal ou d’une guerre, pour réduire le chômage. Le chômage chuta aussi après la crise financière mondiale, mais la production ne retourna pas à sa tendance d’avant-crise.
Nous voyons la même dynamique après la pandémie. Nous avons eu une récession en forme de V, mais la production en Europe n’est pas retournée à sa trajectoire tendancielle prépandémique, parce que dans l’UE et au Royaume-Uni les responsables politiques sont retournés à leur cible du déficit ou de la dette, or celle-ci ne laisse pas de place pour permettre à la reprise d’être complète. La seule exception est les Etats-Unis et c’est là où la production est retournée à quelque chose s’approchant de sa tendance prépandémique.
Dans l’UE et au Royaume-Uni, les responsables politiques voient typiquement la hausse de la dette publique durant la crise comme un problème plutôt que comme un moyen d’atténuer l’impact de la crise. En conséquence, aussitôt la crise finie, ils essayent de réduire la dette publique via la consolidation budgétaire plutôt qu’en stimulant la reprise. Nous savons que cela ne risque guère de fonctionner (les consolidations budgétaires, quand l’écart de production est négatif, tendent à accroître le ratio dette publique sur PIB) et cela risque aussi d’endommager les revenus moyens de façon permanente.
Je n’ai cessé d’avancer cet argument tout au long de cette décennie où j’ai écrit sur mon blog, mais pendant l’essentiel de cette période toutes les grandes économies ont été affligées par l’obsession du déficit, si bien que j’ai été incapable de trouver un exemple actuel illustrant comment les choses peuvent être mieux faites. Grâce au président Biden et aux démocrates, maintenant j’en ai un et les résultats parlent d’eux-mêmes. »
Simon Wren-Lewis, « Current UK and EU stagnation are in part the consequence of deficit obsession », in Mainly Macro (blog), 14 novembre 2023. Traduit par Martin Anota
aller plus loin...
« Les montagnes de dette ne sont pas près de disparaître »
« L’austérité laisse des cicatrices permanentes sur l’activité »
« Quel est l’effet des consolidations budgétaires sur la dette publique ? »
« Pourquoi les gouvernements empruntent-ils ? »
dimanche 19 novembre 2023
Les liens de la semaine
Par Martin Anota le dimanche 19 novembre 2023, 17:00
Mouvements écologistes
- "Provocation implicite" et salades arrachées : les raisons de la dissolution annulée des Soulèvements de la Terre (The Conversation)
- À quoi sert la violence des mouvements écologistes ? Le rituel de l’écodésordre, entre spectacle et espoir d'un nouveau monde (The Conversation)
Environnement et ressources naturelles
- "Derrière la réautorisation du glyphosate se joue l’avenir des pesticides dans l’agriculture" (Christian Huyghe)
- Transition énergétique : faut-il craindre pour l'emploi ? (CAE)
- La répartition géographique des poissons d’eau douce, nouveau marqueur de l’anthropocène ? (The Conversation)
- Comment le réchauffement climatique redessine la carte du commerce international (The Conversation)
Energie
- Prix de l’électricité : comprendre les enjeux du nouvel accord entre l’Etat et EDF (Le Monde)
- L’éolien offshore européen dans un trou d’air (Télos)
- La hausse du prix du pétrole et du gaz naturel explique l’écart de croissance et de marges bénéficiaires entre les États-Unis et la zone euro (Patrick Artus)
Inflation
- L’inflation dans la zone euro n’est pas vaincue (Patrick Artus)
- Et si la poussée inflationniste était finalement temporaire ? (Charles Wyplosz)
- Qui paye l’inflation importée ? (Mathieu Plane)
- Les Français et l’inflation en 2023 – Le triangle vertueux "information, connaissance, confiance" favorise la stabilité des prix (Banque de France)
Consommation, épargne
- La perte de confiance des consommateurs explique-t-elle la hausse du taux d’épargne des ménages? (Patrick Artus)
- Pourquoi les conditions d’utilisation des titres-restaurant font débat (Le Monde)
- En voiture pour la prison (La Vie des idées)
Croissance, fluctuations et crises
- L’étonnant découplage entre production et valeur ajoutée (OFCE)
- Pourquoi un "soft landing" aux États-Unis et un "hard landing" dans la zone euro ? (Patrick Artus)
- Excès de demande de biens et services ou excès d’offre de biens et services dans la zone euro ? (Patrick Artus)
- La crise allemande: transitoire ou durable? (Patrick Artus)
Entreprises et concurrence
- Les grandes entreprises sous leur meilleur profil (INSEE)
- Chez Tesla, casser les prix... quoi qu’il en coûte (Alter éco)
- Comment Alexandre Bompard a transformé Carrefour en machine à cash (Alter éco)
Répartition de différents agrégats selon la catégorie d'entreprise en 2020 (en %)
source : INSEE (2023)
Monnaie et finance
- Taux d’intérêt réel positif: un nouveau monde s’ouvre (Philippe Waechter)
- Intermédiation financière non-bancaire : vulnérabilités et enjeux (Banque de France)
- La fragmentation du monde et le futur des monnaies internationales (Eric Monnet)
Politique monétaire
- Par quels canaux une politique monétaire restrictive fait-elle baisser l’inflation ? (Patrick Artus)
- La BCE déboussolée (Alter éco)
- Les taux d’intérêt s’apprêtent-ils à diminuer ? (NBB)
- Vers une réouverture du quantitative easing dans la zone euro? (Patrick Artus)
- L’erreur de politique monétaire faite par les pays de l’OCDE entre 2010 et 2020 (Patrick Artus)
Finances publiques
- Etats-Unis : l’ampleur exceptionnelle de l’expansion budgétaire lors de la pandémie (Esprits animaux)
- Il faut d’autres choix budgétaires face au décrochage européen (Isabelle This Saint-Jean)
- Où est le plan d’investissement massif pour l’hôpital public ? (Alter éco)
- Economiser et investir plus : les injonctions contradictoires du gouvernement aux collectivités locales (Alter éco)
- Climat et collectivités locales : où est l’argent ? (Alter éco)
- Commande publique de biens manufacturés : qui recourt le plus aux importations ? (The Conversation)
Intégration européenne
- Est-ce une crise de balance des paiements ou une crise de la dette publique qui menace les pays de la zone euro ? (Patrick Artus)
Inégalités et justice sociale
- En 2021, les inégalités et la pauvreté augmentent (INSEE)
- La pauvreté repart à la hausse depuis 15 ans (Centre d'observation de la société)
- Un demi-million de personnes ont basculé dans la pauvreté en 2021 (Alter éco)
- Le gouvernement sacrifie le droit au logement des plus pauvres sur l’autel de la mixité (Alter éco)
Indicateurs d'inégalités en France de 1996 à 2021
source : INSEE (2023)
Politique familiale
- Faut-il réformer le congé parental ? (Alter éco)
- Face à la dénatalité: que faire? (Julien Damon)
Ecole
- Gabriel Attal, l’homme pressé (Philippe Watrelot)
- Lycées : le clivage public/privé, au cœur de la ségrégation scolaire (The Conversation)
- Qu’est-ce qu’une (vraie) Grande École de commerce ? (AOC)
- Réussite étudiante : en quoi les premières semaines à l’université sont-elles décisives ? (The Conversation)
- Avec la pandémie, les abandons d’études ont-ils augmenté à l’université ? (The Conversation)
- Exclure les élèves radicalisés? Est-ce sérieux? (Olivier Galland)
Sport
- "Un autre football est possible, à condition de le repolitiser" (Jérôme Latta)
- Le club de football de Sochaux sauvé de la faillite par ses supporters (Alter éco)
- Les clubs de football en crise, bientôt une vitrine pour l’économie sociale et solidaire ? (The Conversation)
- Les supporters de clubs de football face à la marchandisation de leur sport (The Conversation)
- L'économie des Jeux Olympiques (AFSE)
Travail, emploi, chômage
- Nouvel équilibre sur le marché du travail en zone Euro (Philippe Waechter)
- Au troisième trimestre 2023, les salaires horaires augmentent de 4,2 % sur un an, le coût horaire du travail de 4,0 % (INSEE)
- En 2021, les revenus d’activité des non‑salariés rebondissent (INSEE)
- Au troisième trimestre 2023, le taux de chômage augmente de 0,2 point (INSEE)
- Comment se comporte le taux de chômage naturel lors des reprises (Esprits animaux)
- Quels pays de l’OCDE échappent à la stagnation ou au recul de la productivité du travail et pourquoi? (Patrick Artus)
- Une mesure de l’efficacité dans l’utilisation des ressources en main d’œuvre : au-delà de la productivité (Banque de France)
Taux de chômage au sens du BIT en France (en %)
source : INSEE (2023)
- Assurance-chômage : un paritarisme réduit aux acquêts (Le Monde)
- Le gouvernement va-t-il valider l’accord a minima des syndicats sur l’assurance chômage ? (Alter éco)
- La réforme France Travail crée le malaise chez les conseillers en insertion (Alter éco)
- Externalisation de services publics et qualité de l’emploi (AOC)
- Le marché des services à la personne. Que reste-t-il du modèle associatif ? (La Vie des idées)
Immigration
- Le projet de loi "immigration" de Darmanin, dernier texte d’une longue série de 117 depuis 1945 (Le Monde)
- Immigration : le Sénat vend son âme à l’extrême droite (Alter éco)
- Immigration : les Français y sont-ils aussi opposés qu’on le dit ? (Pierre Bréchon)
- Neuf graphiques pour contrer les fantasmes sur l’immigration (Alter éco)
- Comment le travail des étrangers sert les agendas politiques (The Conversation)
Politique
- Avec dix-sept recours en dix-huit mois, le gouvernement Borne banalise l’article 49.3 (Le Monde)
- De l’impensable au possible : comment le RN s’est inséré dans la société française (The Conversation)
- Pologne : malgré sa défaite électorale, la droite dure menace l’État de droit (The Conversation)
- Présidentielle en Argentine : un entre-deux-tours électrisant (The Conversation)
- Dictateur, dernier modèle (La Vie des idées)
Autour du conflit israélo-palestinien
- Israël-Hamas : 40 jours de guerre. Une chronologie de la guerre de Soukkot (Le Grand Continent)
- À Gaza, l’armée israélienne respecte-t-elle le droit international ? (Samy Cohen)
- La colonisation israélienne en Cisjordanie sape méthodiquement la solution à deux Etats (Alter éco)
- Israël et le dilemme de l’État-nation. Entretien avec Danny Trom (La Vie des idées)
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