« L'argument d’éviction de l’investissement : Un assouplissement de la politique budgétaire aujourd’hui serait perçu comme le signal de déficits beaucoup plus importants à l'avenir et donc de cours beaucoup plus faibles pour les obligations d'entreprises puisque les bons du Trésor vont inonder le marché. Ainsi une politique budgétaire plus laxiste génèrerait dès aujourd’hui une forte hausse des taux d'intérêt à long terme, ce qui découragerait toutes les dépenses qui sont sensibles au taux intérêt. Cette baisse ferait plus que compenser l'effet positif que l'augmentation des dépenses publiques exercerait directement sur l’activité.

L'argument d’éviction par les impôts futurs : une politique budgétaire plus laxiste aujourd’hui serait considérée comme le signal d’une plus forte pression fiscale sur les entreprises. La crainte de tels impôts viendrait décourager les comités d’investissement des entreprises et pousserait les cours boursiers à la baisse. Ainsi, la peur d’impôts plus élevés entraînerait une baisse de l'investissement privé. Cette baisse ferait plus que compenser l'effet positif qu’exerce directement l'augmentation des dépenses publiques sur l’activité.

L'argument de l’inflation future : un relâchement de la politique budgétaire aujourd’hui serait interprété comme le signal d’un grand plus usage de la planche à billets à l’avenir et donc d’une accélération future de l’inflation. Le relèvement des anticipations d’inflation conduirait les entreprises (…) à relever dès à présent leurs prix plus rapidement (…). La banque centrale devra alors réduire la production en deçà du potentiel et favoriser le chômage au-dessus du taux naturel afin de maintenir l'inflation à sa cible.

L'argument d’Alesina : les hausses des dépenses publiques diminuent la production sans accroître les taux d’intérêt, ni la valeur réelle de la devise (…).

L'argument de Reinhart et Rogoff : Les dépenses conduisent à une plus forte accumulation de dette publique, or les plus fortes accumulations de dette publique conduisent à de plus faibles taux de croissance économique, même sans que les taux d'intérêt n'augmentent (…).

Les taux d'intérêt vont très bientôt retrouver leur niveau normal : Et quand les taux d'intérêt retrouvent leur niveau normal, une dette représentant 80 % du PIB annuel implique pour le gouvernement un coût d’intérêt s’élevant à 4 % du PIB lorsque l’inflation est de 2 %. C'est un coût élevé que le gouvernement ne peut facilement couvrir, que ce soit par les impôts ou par la réduction de dépenses publiques, et cela nous amène sur une trajectoire avec un ratio de dette publique sur PIB croissant alors même que les dépenses sociales commencement à s’élever beaucoup plus fortement. »

Brad DeLong, « The live arguments for austerity right now », 28 mars 2013.