« Selon moi, Le Capital au XXIe siècle est avant tout un livre à propos de l’histoire de la répartition du revenu et du patrimoine. Grâce aux efforts de plusieurs douzaines de chercheurs, nous avons été capables de collecter une base de données historiques relativement large sur la structure du revenu national et du patrimoine national et sur l’évolution des répartitions du revenu et du patrimoine couvrant trois siècles et plus de 20 pays. Mon livre a pour objectif premier de présenter cet ensemble de données empiriques historiques et d’analyser les processus économiques, sociaux et politiques qui peuvent contribuer à expliquer les diverses évolutions que nous observons dans plusieurs pays depuis la Révolution industrielle. Je souligne depuis le début que nous avons trop peu de données historiques à notre disposition pour être capables d’offrir un jugement définitif. D’un autre côté, nous avons plus de données que nous avons l’habitude d’en avoir. Aussi imparfait soit-il, j’espère que ce travail peut contribuera à remettre l’étude de la répartition et du long terme au centre de la pensée économique. Dans cet article, je présente trois faits clés à propos des inégalités à long terme que mettent à jour ces études (cf. graphiques 1-3 ; Piketty et Saez, 2014) et cherche à alimenter et à refocaliser le débat à propos de ces tendances. En particulier, je clarifie le rôle joué par r>g dans mon analyse des inégalités de richesse. Je discute ensuite de certaines implications pour l’imposition du capital et la relation entre les ratios capital sur revenu et les parts du revenu rémunérant le capital.

Ce que r > g peut et ne peut pas expliquer

Selon moi, l’ampleur de l’écart entre r et g, où r est le taux de rendement sur le capital et g le taux de croissance économique, est l’une des forces importantes qui peuvent expliquer l’ampleur et les variations des inégalités de richesse au cours de l’histoire. En l’occurrence, elle peut expliquer pourquoi les inégalités de richesse sont si fortes et persistantes dans la plupart des sociétés avant la Première Guerre mondiale (cf. chapitre 10 de mon livre).

GRAPHIQUE 1 Part du revenu détenue par les 10 % des ménages les plus aisés (en %)

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Cela dit, la manière par laquelle je perçois la relation entre r>g et les inégalités n’est souvent pas bien saisie à en croire les propos que j’ai pu lire et entendre à propos de mon livre. Par exemple, je ne considère pas que r>g soit la seule ou même le principal outil pour comprendre les changements dans la répartition du revenu et des richesses au cours du vingtième siècle, ou pour prévoir l’évolution des inégalités de revenu et des richesses au cours du vingt-et-unième siècle. Les changements institutionnels et les chocs politiques (que l’on peut considérer, dans une large mesure, comme endogènes aux inégalités et au processus de développement même) jouèrent un rôle majeur par le passé et ils vont probablement continuer à le faire dans le futur.

GRAPHIQUE 2 Part du patrimoine détenue par les 10 % des ménages les plus aisés (en %)

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En outre, je ne crois certainement pas que r>g soit un outil utile pour comprendre la hausse des inégalités de revenu du travail : d’autres mécanismes économiques et politiques sont bien plus pertinents ici, par exemple l’offre et la demande de qualifications et d’éducation. Par exemple, je souligne dans mon livre (en particulier dans les chapitres 8 et 9) que la hausse des parts rémunérant les hauts revenus aux Etats-Unis sur la période s’écoulant entre 1980 et 2010 est due essentiellement à la hausse des inégalités des rémunérations du travail, qui peut elle-même s’expliquer par une combinaison de deux groupes de facteurs : d’une part, une hausse des inégalités d’accès aux qualifications et à une plus grande éducation au cours de cette période aux Etats-Unis, une évolution qui peut avoir été exacerbée par la hausse des frais de scolarité et le manque d’investissement public ; d’autre part, l’explosion des rémunérations des plus hauts dirigeants, elle-même probablement stimulée par un changement des incitations et des normes, ainsi que par de fortes réductions des taux marginaux d’imposition (…). Cette hausse des inégalités du revenu du travail au cours des dernières décennies a évidemment peu à avoir avec r-g et c’est clairement une dynamique historique importante. En effet, elle explique pourquoi les inégalités de revenu sont désormais substantiellement plus fortes aux Etats-Unis qu’en Europe, alors que l’opposé était vrai avant la Première Guerre mondiale (voir graphique 1). A cette époque, les fortes inégalités étaient principalement dues à la concentration extrême de la propriété du capital et du revenu du capital. Les inégalités de richesse sont actuellement bien moins fortes qu’il y a un siècle, malgré le fait que la capitalisation totale de la richesse privée relativement au revenu national a désormais retrouvé les niveaux qu’elle atteignait avant la Première Guerre mondiale (cf. graphiques 2-3). A l’avenir, nous devrons mieux comprendre les conditions sous lesquelles la concentration de la propriété peut retourner aux niveaux qu’elle atteignait avant 1914.

r>g et l’amplification des inégalités de richesses

Je peux désormais clarifier le rôle que joue r>g dans mon analyse des inégalités du patrimoine à long terme. En fait, un plus grand écart r-g n’a pas beaucoup d’impact sur les inégalités des revenus du travail, mais il va avoir tendance à grandement amplifier les inégalités du patrimoine à l’état régulier qui apparaissent en raison d’une multitude de chocs (notamment des chocs affectant le revenu du travail).

GRAPHIQUE 3 Ratios patrimoine sur revenu

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Disons tout d’abord clairement que r>g n’est certainement pas un problème en soi. En effet, comme l’a dit Mankiw (2015) avec justesse, l’inégalité r>g est observée à l’équilibre de la plupart des modèles économiques, notamment les modèles à agent représentatif où chaque individu possède une part équivalente du stock de capital. Par exemple, dans le modèle dynamique standard où chaque individu se comporte comme une famille vivant éternellement, le taux de rendement à l’état régulier est (…) donné par la « règle d’or » modifiée r = θ + γ g (où θ est le taux de préférence temporelle et γ est la courbure de la fonction d’utilité). Par exemple, si θ=3 %, γ=2 et g=1 %, alors r=5 %. Dans ce cadre, l’inégalité r>g est toujours vérifiée et cela n’a aucune implication à propos des inégalités de richesse.

Dans un cadre à agent représentatif, ce que r>g signifie est qu’à l’état régulier chaque famille nécessite seulement de réinvestir une fraction g/r de son revenu du capital de façon à s’assurer que son stock de capital va croître au même taux g que la taille de l’économie, et la famille peut alors consommer une fraction 1-g/r. Par exemple, si r=5% et g=1%, alors la famille va réinvestir 20% de son revenu du capital et consommer 80%. Ceci ne nous dit rien du tout à propos des inégalités : cela dit simplement que la possession du capital permet d’avoir de plus hauts niveaux de consommation (…).

Donc quelle est la relation entre r-g et les inégalités de richesse ? Pour répondre à cette question, on doit introduire des ingrédients supplémentaires dans le modèle de base afin de faire apparaître les inégalités. Dans le monde réel, plusieurs chocs touchant les trajectoires du patrimoine des familles peuvent contribuer à rendre très inégalitaire la répartition des richesses (en effet, dans chaque pays et chaque période de temps pour lesquels nous avons des données, la répartition des richesses dans chaque groupe d’âge est substantiellement plus inégale que la répartition du revenu, ce qui est difficile d’expliquer avec des modèles standards de cycle de vie d’accumulation du patrimoine). Il y a des chocs démographiques : certaines familles ont plusieurs enfants et ont à partager l’héritage en plusieurs morceaux, d’autres familles ont peu d’enfants ; certains parents meurent tard, d’autres meurent tôt, et ainsi de suite. Il y a aussi des chocs touchant les taux de rendement : certaines familles font de bons investissements, d’autres font faillite. Il y a des chocs touchant le marché du travail : certains gagnent de hauts salaires, d’autres non. Il y a des différences dans les paramètres relatifs aux préférences qui affectent le niveau d’épargne : certaines familles consomment plus qu’une fraction 1-g/r de leur revenu du capital et peuvent même consommer leur patrimoine et mourir en ne laissant qu’une richesse négligeable ; d’autres peuvent réinvestir plus qu’une fraction g/r et ont une forte préférence pour léguer un important patrimoine et perpétuer de larges fortunes.

Une propriété centrale de cette classe de modèles est que, pour une structure donnée de chocs, la magnitude à long terme des inégalités de richesse va tendre à être amplifiée si l’écart r-g est grand. En d’autres mots, les inégalités de richesse vont converger vers un niveau fini. Les chocs vont permettre à ce qu’il y ait un minimum de mobilité ascendante et descendante en termes de richesse, si bien que les inégalités de richesse restent limitées à long terme. Mais ce niveau fini d’inégalités sera une fonction fortement croissante de l’écart r-g. Intuitivement, un plus grand écart entre r et g fonctionne comme un mécanisme amplificateur des inégalités de richesse, pour une variance donnée des autres chocs. Pour le dire différemment : un plus grand écart entre r et g permet de soutenir un niveau d’inégalités de richesse qui est plus élevé et plus persistant au cours du temps (c’est-à-dire qu’un plus grand écart r-g entraîne un accroissement des inégalités et une réduction de la mobilité). Techniquement, on peut montrer que si les chocs prennent une forme multiplicative, alors les inégalités de richesse vont converger vers un répartition qui a une forme parétienne pour les détenteurs des plus grands patrimoine (ce qui est approximativement la forme que nous observons dans la répartition dans le monde réel et qui correspond à des queues supérieures de distribution épaisses et une large concentration des richesses au sommet) et le coefficient de Pareto inversé (un indicateur des inégalités au sommet) est une fonction fortement croissante de l’écart r-g. Ce résultat théorique bien connu fut établi par plusieurs auteurs en utilisant diverses structures des chocs démographiques et économiques (voir en particulier Champernowne (1953) et Stiglitz (1969)). La logique derrière ce résultat et cet impact "amplificateur des inégalités"de r-g est présenté dans le chapitre 10 du livre.

Dans cette classe de modèles, des variations relativement petites de r-g génèrent de très larges changements dans les inégalités de richesse à l’état régulier. Par exemple, des simulations simples du modèle avec chocs de préférences binomiaux montrent que passer de r-g=2% à r-g=3% suffit pour faire passer le coefficient de Pareto inversé de b=2,28 à b=3,25. Littéralement, ceci correspond au passage d’une économie marquée par de faibles inégalités de richesse (imaginons que les 1% des ménages les plus aisés possèdent 20 à 30% du patrimoine, comme dans l’Europe ou les Etats-Unis d’aujourd’hui) à une économie marquée par de très fortes inégalités de richesse (par exemple, comme dans l’Europe avant la Première Guerre mondiale, lorsque les 1% des ménages les plus aisés possédaient 50 à 60% du patrimoine).

Les données empiriques obtenues au niveau micro sur les dynamiques du patrimoine confirment que l’écart élevé entre r et g est l’une des raisons centrales expliquant pourquoi la concentration des riches fut si forte durant les dix-huitième et dix-neuvième siècles et ce jusqu’à la Première Guerre mondiale (voir le chapitre 10 et Piketty, Postel-Vinay, Rosenthal (2006, 2014)). Durant le vingtième siècle, c’est une combinaison inhabituelle d’événements (de larges chocs touchant le capital durant la période 1914-1945, notamment les destructions, les nationalisations, l’inflation, l’imposition, la forte croissance lorsque de la période de reconstruction et la transition démographique) qui transforma la relation r-g. A l’avenir, plusieurs forces peuvent contribuer à élargir l’écart r-g (en particulier le ralentissement de la croissance démographique et l’accroissement de la concurrence mondiale pour attirer les capitaux) et accroître les inégalités de richesse. Mais nous ne sommes pas certains des forces qui prélaveront. En l’occurrence, cela dépendra des institutions et des politiques qui seront adoptées.

A propos de l'imposition progressive optimale du revenu, du patrimoine et de la consommation

Je m’attaque à présent à la question de l’imposition optimale. La théorie de l’imposition du capital que je présente dans mon livre est largement basée sur les travaux que j’ai réalisés avec Emmanuel Saez (cf. Piketty et Saez, 2013). Dans cet article, nous développons un modèle où les inégalités sont fondamentalement de deux dimensions : les individus se différencient en termes de potentiel de salaire et en termes de patrimoine hérité. En raison de la structure sous-jacente des chocs de démographie, de productivité et de préférences, ces deux dimensions ne sont jamais parfaitement corrélées. Par conséquent, la politique fiscale optimale est aussi bidimensionnelle : elle implique un impôt progressif sur le revenu du travail et un impôt progressif sur le patrimoine hérité. Nous montrons que les taux d’imposition optimaux à long terme sur le revenu du travail et l’héritage dépendent des paramètres de la distribution, de la fonction de bien-être social et des élasticités des revenus du travail et des legs vis-à-vis des taux d’imposition. Le taux optimal d’imposition de l’héritage est toujours positif, sauf bien sûr dans le cas extrême caractérisé par une élasticité infinie de l’accumulation du capital vis-à-vis du taux de rendement net d’impôt (…). Pour des valeurs empiriques réalistes, nous constatons que le taux optimal d’imposition de l’héritage peut être compris entre 50 et 60 %, ou même plus élevé pour les legs les plus importants, en lien avec l’expérience historique.

Ensuite, si nous introduisons des imperfections sur le marché du capital, nous devons alors ajouter une imposition des héritages à l’imposition annelle du patrimoine et du revenu du capital. Intuitivement, en présence de chocs idiosyncratiques des futurs taux de rendement, il est impossible de connaître la valeur capitalisée d’un actif au cours de la vie au moment de l’héritage, et il est optimal de diviser le fardeau fiscale entre ces instruments fiscaux différents. Cependant les formules des impôts optimaux deviennent relativement compliquées et difficiles à calibrer. Dans mon livre, je propose une règle simple pour réfléchir aux taux d’imposition optimaux du patrimoine. En l’occurrence, on doit adapter les taux d’impôt à la vitesse observée à laquelle les patrimoines des différents groupes de richesse évoluent au cours du temps. Par exemple, si les plus gros patrimoines croissent à un rythme de 6-7% par an en termes réels (comparés à 1-2% par an pour le patrimoine moyen), comme le suggèrent les classements de richesse tels que Forbes (aussi bien que par la récente étude de Saez et Zucman (2014)) et si l’on cherche à stabiliser le niveau de concentration de richesse, alors on peut avoir à appliquer des taux marginaux d’imposition du patrimoine aussi élevés que 5% par an, voire même plus. Les implications seraient très différentes si les plus gros patrimoines augmentaient au même rythme que le patrimoine moyen. L’une des principales conclusions de mon étude est en effet qu’il y a une forte incertitude sur l’évolution exacte des inégalités de richesse et de patrimoine au vingt-et-unième siècle et que nous nécessitons de davantage de transparente financière et une meilleure information à propos des dynamiques de revenu et de richesse, de manière à ce que nous puissions adapter nos politiques et institutions à un environnement changeant.

Une alternative à l’imposition progressive de l’héritage et du patrimoine est la taxe progressive sur la consommation (cf. par exemple Gates 2014, Auebarch et Hasset, 2015 ; Mankiw, 2015). C’est toutefois un substitut hautement imparfait. Premièrement les valeurs méritocratiques impliquent que l’on peut vouloir imposer la richesse héritée plus que la richesse accumulée par soi-même, ce qui est impossible de faire avec une taxe à la consommation. Ensuite, la notion de consommation n’est pas très bien définie pour les détenteurs d’un important patrimoine : la consommation personnelle sous la forme d’aliments ou de vêtements représente une fraction infime des grandes fortunes, qui dépensent habituellement l’essentiel de leurs ressources de manière à acheter de l’influence, du prestige et du pouvoir. Quant les frères Koch dépensent de l’argent en campanes politiques, est-ce que ces dépenses doivent être comptées comme faisant partie de leur consommation ? Un impôt progressif sur la richesse nette semble plus désirable qu’une taxe progressive sur la consommation, tout d’abord parce que la richesse nette est plus facile à définir, à mesurer et à surveiller que la consommation et ensuite parce que c’est un meilleur indicateur de la capacité des contribuables aisés à payer des impôts et à contribuer au bien commun (cf. chapitre 15).

Finalement, notons que dans mon livre, je porte une attention particulière sur l’imposition progressive du revenu et des richesses, mas aussi sur l’essor des transferts sociaux et l’Etat-providence moderne. Comme l’affirmé Weil (2015) avec raison, la sécurité sociale et autres transferts ont joué un rôle important pour réduire les inégalités à long terme (cf. chapitre 13).

Ratios capital sur revenu versus parts du capital : vers une approche multisectorielle

L’un des constats importants que je tire de mes recherches est que les ratios capital sur revenu β=K/Y et les parts rémunérant le capital α tendent à varier dans le même sens à long terme, en particulier au cours des dernières décennies, où ils ont eu tendance à augmenter conjointement. Dans un modèle standard de l’accumulation du capital à un bien avec concurrence pure et parfaite, la seule manière d’expliquer pourquoi β et α varient dans le même sens est de supposer que l’élasticité de substitution entre le capital et le travail σ est supérieure à l’unité (ce qui peut être interprété comme une conséquence de l’essor des robots et des autres technologies intensives en capital).

Ce n’est toutefois pas l’interprétation des données empiriques que je privilégie.

Peut-être que les robots et la substitution du travail par le travail seront importants à l’avenir. Mais aujourd’hui, les secteurs importants intensifs en capital sont des secteurs biens plus traditionnels comme l’immobilier et l’énergie. Je crois que le bon modèle pour considérer la hausse des ratios capital sur revenu et des parts du revenu rémunérant le capital au cours des dernières décennies est un modèle multisectoriel d’accumulation du capital, avec de fortes variations des prix relatifs et avec d’importantes variations dans le pouvoir de négociation au cours du temps (cf. chapitres 3-6). L’une des raisons expliquant pourquoi mon livre est plutôt épais est que j’essaye d’offrir une histoire relativement détaillée, multidimensionnelle du capital et de ses métamorphoses. La propriété du capital a pris plusieurs formes au cours de l’histoire et chacune d’elles a impliqué différentes formes de propriété et de relations sociales, qui doivent donc être prises en compte dans l’analyse. Comme l’ont dit avec raison Auerbarch et Hasset (2014) et Weil (2014), d’amples variations à la hausse ou à la baisse des prix de l’immobilier jouent un rôle important dans l’évolution des valeurs agrégées du capital au cours des dernières décennies, comme elles le firent déjà durant la première moitié du vingtième siècle. Cela peut s’expliquer à son tour par un mélange complexe de forces institutionnelles et technologiques, notamment les politiques de contrôle des loyers et d’autres règles régulant les relations entre propriétaires et les locataires, la transformation de la géographie économique et la vitesse du progrès technique dans les secteurs du transport et la construction relativement aux autres secteurs (cf. chapitres 3-6 ; Piketty et Zucman (2014) ; Karababounis et Neiman (2014) à propos du rôle joué par le déclin des prix relatifs des équipements). En pratique, les élasticités de substitution intersectorielles combinant des forces d’offre et de demande peuvent certainement être plus élevées que les élasticités intra-sectorielles. Cette nature multidimensionnelle du capital génère de nouvelles incertitudes en ce qui concerne l’évolution future des inégalités. Selon moi, cela renforce le besoin d’accroître la transparence démocratique à propos des dynamiques du revenu et des richesses. »

Thomas Piketty, « About Capital in the 21st Century », 31 décembre 2014. Traduit par Martin Anota



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