« Une interview de Hyun Song Shin, conseiller économique et directeur de recherche à la Règlements Internationaux, disponible sur le site de cette dernière, nous rappelle que la BRI et quelques autres nourrissent des idées étranges et hétérodoxes à propos du comportement de l’inflation. Ces idées vont à l’encontre de la plupart des choses que nous enseignons à propos de l’inflation. Pour les comprendre et y adhérer, il faut avoir une conception très spéciale et radicale de ce qui détermine l’inflation. Et ces idées ne sont soutenues que par une lecture très particulière des données. (…) Voici un résumé de la nouvelle théorie de l’inflation de la BRI :

1. L’inflation est un phénomène mondial, et non pas national. La politique monétaire a très peu d’influence sur l’inflation ; la démographie et la mondialisation sont des facteurs plus pertinents.

2. L’idée selon laquelle la politique monétaire affecte la demande et potentiellement l’inflation est une histoire « de court terme » qui est trop simpliste pour comprendre le comportement récent de l’inflation.

3. L’inflation n’est pas aussi nuisible qu’on ne le pense. La Grande Dépression a été un événement historique exceptionnel qui n’offre pas d’enseignements pertinents pour ce dont nous avons été les témoins au cours de la Grande Récession.

4. Alors que les banques centrales sont impuissantes pour contrôler l’inflation, elles sont très efficaces pour perturber les taux d’intérêt et les taux de rendement pour de longues périodes de temps (des décennies).

5. Les banques centrales ont un problème lorsque l’inflation est leur seul objectif (elles finissent pour créer des distorsions sur les marchés financiers).

6. La politique monétaire est une cause à tous les problèmes de la Chine (il admet qu’il y a d’autres causes à l’œuvre).

En résumé, les banques centrales sont diaboliques. Leur seul but est de contrôler l’inflation, mais elles ne peuvent pas vraiment la contrôler et, en raison de leurs superpouvoirs pour perturber tous les taux d’intérêt, elles finissent seulement par provoquer de la volatilité et des crises. Et de telles idées viennent d’une organisation dont les membres sont les banques centrales et dont la mission est de "servir les banques centrales". C’est surréel. »

Antonio Fatás, « BIS redefines inflation (again) », in Antonio Fatás on the Global Economy (blog), 10 janvier 2016. Traduit par Martin Anota