Abus de position dominante

Le fait qu’une entreprise soit en position dominante (c’est-à-dire en situation de monopole ou quasi-monopole) sur un marché n’est pas en soi condamnable. Ce qui l’est, c’est le fait que l’entreprise profite de sa situation et de son pouvoir de marché pour empêcher la concurrence et nuire au consommateur, notamment en fixant des prix excessivement élevés ou en instaurant des barrières : en ayant recours aux prix prédateurs, en concluant des accords d’exclusivité avec les distributeurs ou les fournisseurs, etc. C’est une pratique illégale, faisant l’objet de sanctions de la part des autorités de la concurrence.

Barrières à l'entrée

Les barrières à l’entrée désignent les obstacles qui empêchent ou tout du moins compliquent l’entrée de concurrents sur un marché. Elles peuvent de nature légale, technique, financière… Elles sont pour partie le fruit des stratégies des firmes qui veulent maintenir ou renforcer leur pouvoir de marché : prix prédateurs, constitution de surcapacités de production, etc. Très souvent, elles sont le fait des interventions de l’Etat avec les professions réglementées, le système de brevets, etc. Elles peuvent aussi être associées à la structure même du marché : présence de coûts fixes élevés qui empêchent la présence de nombreuses entreprises (situation de monopole ou d’oligopole naturel), imperfection de l’information (qui bénéficie aux entreprises déjà en place, mais pas aux nouvelles, puisqu’elles n’ont pas de réputation…), effets de réseau, etc.

Cartel de producteurs

Les entreprises forment une « entente » ou un « cartel » lorsqu’elles s’accordent pour fixer les mêmes tarifs, en l’occurrence à un niveau élevé, se répartir le marché ou encore mettre en place des quotas de production (qui poussent les prix à la hausse en provoquant une pénurie). Les ententes sont surtout susceptibles d’apparaître sur des marchés d’oligopole, car il est alors plus facile pour les entreprises de se mettre d’accord… et de surveiller que chacune respecte l’accord.

C’est une pratique illégale, notamment parce qu’elle nuit au consommateur. Les entreprises que les autorités soupçonnent d’appartenir à un cartel sont donc susceptibles d’être sanctionnées, par une amende, voire par des peines de prison pour les dirigeants des entreprises concernées (une sanction surtout en vigueur aux Etats-Unis). Pour mieux détecter les ententes et parvenir à prouver leur existence, les autorités ont mis en place une politique de clémence visant à inciter les membres des ententes à se dénoncer : l’entreprises qui avoue appartenir à un cartel et qui en donne des preuves se voit faire l’objet de moindres sanctions. Cela vise, d’une part, à désinciter les entreprises à former ou entretenir une entretenir, mais aussi d’autre part à faciliter la condamnation des entreprises fautives.
Les ententes sont peu susceptibles de perdurer. En effet, lorsque quelques entreprises sont sur un marché, il est optimal pour elles de former une entente, car la hausse des prix leur permettra d’accroître leur profit. Mais une fois l’entente en place, il est optimal pour chaque entreprise de ne plus respecter l’accord, en baissant ses prix, car elle pourra alors capter les clients des autres firmes et accroître encore davantage son profit.


Marché pertinent

Il existe des substituts plus ou moins proches pour chaque produit. Ainsi, le marché pertinent d’un produit correspond au marché dudit produit ainsi que les différents produits qui lui sont très facilement substituables dans un territoire géographique donné. Ce sont surtout les autorités de la concurrence qui cherchent à définir le marché pertinent de chaque produit afin de déterminer le pouvoir de marché des entreprises et, par exemple, pour déterminer si les entreprises sont ou non en situation (d’abus) de position dominante.

Monopole discriminant

Lorsque l’entreprise fixe un prix unique, alors certains acheteurs sont « gagnants » : certains achètent le produit, mais à un prix inférieur au prix minimum auquel ils étaient prêts à l’acheter. Le surplus des consommateurs désigne alors la somme d'argent supplémentaire que les acheteurs étaient prêts à payer pour acquérir pour le produit. Comme ces acheteurs n’ont pas dépensé cette somme (et qu'ils peuvent la dépenser pour acheter d'autres produits), ils gagnent donc en satisfaction : le surplus des consommateurs correspond à un supplément de satisfaction.

En adoption une stratégie de discrimination par les prix (ou discrimination tarifaire), c’est-à-dire en proposant des prix différents d’un client à l’autre, l’entreprise va chercher à « capter » le surplus des consommateurs, c’est-à-dire à faire payer un maximum ce que les acheteurs sont prêts à payer, afin d’accroître ses profits. Avec la discrimination pure, l’entreprise fait payer chaque acheteur tout ce qu’il est prêt à payer. En réalité, les entreprises ne parviennent pas à mener une discrimination pure, tout simplement parce qu’elles ne peuvent savoir avec exactitude le prix maximal que chaque acheteur est prêt à verser. Cette stratégie est possible qu’à deux conditions. D’une part, l’entreprise qui la met en œuvre doit être en situation de monopole. D’autre part, la clientèle doit être cloisonnée. Il ne doit pas être possible que des acheteurs bénéficiant de tarifs réduits revendent le produit aux acheteurs susceptibles de seulement bénéficier du plein tarif.

Politique de la concurrence


La politique de la concurrence a pour rôle d’assurer le bon fonctionnement de la concurrence sur les marchés. Elle cherche par là même à stimuler la croissance en contribuant à l’allocation optimale des ressources. Elle s’exerce aussi bien auprès des entreprises privées (en veillant notamment à éviter les abus de position dominante, les ententes et autres pratiques anticoncurrentielles), mais aussi auprès de l’Etat (ouverture à la concurrence, surveillance des subventions publiques…). Elle est notamment assurée, en France, par l’Autorité de la concurrence et, au niveau européen, par la Commission européenne.

Pouvoir de marché

En concurrence pure et parfaite, les agents économiques sont « preneurs de prix » (price-takers) : chacun d’entre eux ne peut influencer le prix ; en fait, le prix est déterminé par le marché et s’impose à chaque agent.

Lorsqu’au moins une hypothèse de concurrence pure et parfaite n’est pas respectée, alors la concurrence est dite « imparfaite ». Or, dans une telle situation, les agents retrouvent alors ce qu’on appelle un « pouvoir de marché » : une plus grande marge de manœuvre pour fixer les prix. Les agents deviennent alors « faiseurs de prix » (price-makers). Par exemple, lorsque les vendeurs sont peu nombreux face à de multiples acheteurs (situation d’oligopole), ils peuvent fixer un prix plus élevé qu’en situation de concurrence pure et parfaite. Inversement, lorsque les acheteurs sont peu nombreux face à de multiples vendeurs (situation d’oligopsone), alors les acheteurs ont un plus grand pouvoir de négociation et le prix tend alors à se fixer à un niveau inférieur au prix qui serait en vigueur dans une situation de concurrence pure et parfaite.



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lycée René Descartes (Champs sur Marne) - dernière révision : 14/04/2017