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« La rareté et la qualité médiocre des données relatives aux niveaux de vie pour les pays les moins développés sont bien connues et ont motivé des efforts soutenus pour améliorer la qualité de l’information (…). Il existe une large source de données actuelles et historiques sur les niveaux de vie dans les pays en développement, jusqu’alors non examinées, qui ont été recueillies dans le cadre du Demographic and Health Survey (DHS). Sur plus de deux décennies, cette enquête a collecté des informations sur la détention de biens durables, la qualité du logement, la santé et la mortalité des enfants, l’éducation des jeunes et l’allocation du temps des femmes (…) dans les régions les plus pauvres du monde.

J’ai utilisé les données des Demographic and Health Surveys relatives aux niveaux et croissance de la consommation réelle dans 29 pays subsahariens et 27 autres pays en développement. (…) Ces estimations ont la vertu d’être basées sur une source d’information méthodologiquement cohérente pour un large échantillon de pays pauvres. Plutôt que d’essayer de mesurer la consommation nominale totale et de la coupler avec des indices des prix collectés indépendamment, elles emploient des mesures physiques directes de la consommation réelle (…). Les articles qu’elles couvrent constituent de clairs indicateurs du bien-être matériel dans les plus pauvres régions du monde, en variant selon le statut socioéconomique et en couvrant la majorité des dépenses des ménages à travers la santé, la nutrition et le temps familial.

(…) La consommation réelle des ménages en Afrique subsaharienne a connu un taux de croissance compris entre 3,4 et 3,7 % par an, soit un taux trois et demi à quatre fois plus élevé que celui présenté dans les sources de données internationales. (… ) La croissance de la consommation dans les économies non subsahariennes est aussi plus élevée que celle indiquée dans les sources internationales, mais la différence ici est bien moins prononcée, avec une croissance de 3,4 à 3,8 % par an, alors que les sources internationales indiquent 2 à 2,2 %. Tandis que les sources de données internationales indiquent que l’Afrique subsaharienne progresse à un taux moitié moindre que le taux des autres pays en développement, les DHS suggèrent que la croissance africaine est en fait proche de celle expérimentée par les autres économies en développement. (…)

C’est une évolution miraculeuse, étant donné que (…) l’épidémie du SIDA a privé les familles d’adultes en âge de travailler, a chargé celles-ci de lourdes dépenses médicales et funéraires, rendu orphelins les enfants en âge d’être scolarisés (…). Pourtant, la santé globale des enfants et leur mortalité s’améliorent, ils sont davantage scolariés, et la consommation familiale d’une variété de biens matériels s’accroît à un rythme rapide. Toutefois, malgré ces tendances encourageantes, il est important de ne pas oublier que les données des DHS indiquent aussi que l’Afrique est bien plus pauvre que les autres pays en développement, avec des niveaux de consommation (bien) inférieurs à ceux présentés par les autres pays en développement dans l’échantillon des DHS. (…) »

Alwyn Young, « The African Growth Miracle », NBER working paper, n° 18490, octobre.