ECB

« Au cours des derniers mois, les conférences de presse données par Mario Draghi à la BCE ont semblé très répétitives. L'argument a toujours été le même : l'inflation est inférieure à l'objectif et cela pourrait constituer un risque. Mais il y a une forte incertitude et il existe d'autres risques. La BCE préfère donc attendre pour recueillir plus de données. Mais quand de nouvelles données arrivent, confirmant que l'inflation se situe en-dessous de la cible, aucune action n’est entreprise et la BCE préfère de nouveau attendre pour récolter des données supplémentaires. En cherchant rapidement dans les discours et les séances de questions et réponses réalisés dans le cadre des conférences de presse de ces huit mois, voici ce que j’ai trouvé :

En octobre 2013 : « ... nous sommes prêts à envisager tous les instruments disponibles »

En novembre 2013 : « ... et il y a toute une gamme d'instruments que nous pouvons activer, si nécessaire »

En décembre 2013 : « ... et nous sommes prêts à envisager tous les instruments disponibles »

En janvier 2014 : « … et à prendre de nouvelles mesures décisives si nécessaire »

En février 2014 : « ... et à prendre de nouvelles mesures décisives si nécessaire »

En mars 2014 : « ... et à prendre de nouvelles mesures décisives si nécessaire »

En avril 2014 : « ... et à agir rapidement si nécessaire »

En mai 2014 : « ... et à agir rapidement si nécessaire »

Avant octobre 2013, la BCE déclarait que les taux d’intérêt resteraient à un faible niveau pour une longue période de temps, puis elle indiqua ensuite explicitement que d'autres actions seraient possibles et qu’elle prendrait en considération tous les instruments disponibles. Depuis lors, seuls les mots ont changé. Notez qu’au cours des deux derniers mois, ils sont prêts à agir rapidement alors qu’auparavant ils étaient prêts à prendre de nouvelles mesures décisives (dans les deux cas seulement si nécessaire).

Il est difficile de savoir à quel point l’attentisme de la BCE s’explique par le fait, non pas qu’elle ne reconnaisse pas le danger de la faible déflation, mais qu’il n’y a pas consensus sur la manière de s’attaquer à ce problème ou bien par le fait qu’elle cherche vraiment à être prudente en ces temps économiques particulièrement difficiles. Dans tous les cas, les actions et même la parole de la BCE contrastent fortement avec celles de la Réserve fédérale américaine. »

Antonio Fatás, « Groundhog day (ECB) », in Antonio Fatás on the Global Economy (blog), 12 mai 2014. Traduit par Martin Anota.



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