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mercredi 19 septembre 2012

Intégration, conflit et changement social (lexique)

Anomie

Dans son ouvrage De la division du travail social paru en 1893, le sociologue français Emile Durkheim (1858-1917) présente l’anomie comme une forme pathologique de la division du travail. Elle désigne alors une situation où les règles sont insuffisantes pour maintenir le lien social. Dans Le Suicide (1897), Durkheim fait de l’anomie l’une des causes du suicide : les individus se retrouvent dans une situation anomique si la société ne parvient à contenir leurs désirs, par nature infinis. Chez le sociologue américain Robert K. Merton (1910-2003), l’anomie désigne une situation dans laquelle les individus ne disposent pas des moyens que la société considère comme légitimes pour atteindre les buts qu’elle valorise (par exemple, l’enrichissement et la réussite individuelle), si bien qu’ils n’ont le choix qu’entre renoncer à atteindre ces buts ou bien adopter des moyens illégitimes (par exemple la délinquance) et devenir déviant, ce qui risque alors de remettre en cause la cohésion sociale.

Changement social

Le changement social désigne les transformations à long terme de la société. Il s’agit notamment du recul de la violence, de la massification et démocratisation scolaires, de l’urbanisation, de la salarisation, de l’essor et du déclin de la classe ouvrière, de la tertiarisation de l’emploi (avec la multiplication des emplois de cadres et d’employés), de la féminisation de la population active, de la hausse du chômage et de la précarité, du déclin puis du retour des inégalités, de l’individualisation, de la laïcisation, de l’apparition de la famille nucléaire puis des familles monoparentales, etc. Ces mutations de la société s’expliquent en partie par le progrès technique et par un changement des valeurs et normes en vigueur dans la société. En l’occurrence, les mouvements sociaux peuvent conduire à des changements sociaux, puisqu’ils cherchent précisément à modifier les normes et valeurs de la société.

Cohésion sociale

La cohésion sociale d’un groupe ou d’une société désigne la force et la stabilité des liens entre ses membres. La cohésion d’un groupe ou d’une société sera d’autant plus forte que les liens entre les individus sont forts et que ceux-ci partagent les mêmes normes et valeurs. En l’occurrence, plus elle est forte, plus ses membres sont susceptibles d’être solidaires. Si l’on considère l’intégration sociale comme un processus, la cohésion sociale apparaît alors comme son résultat. La notion de « lien social » peut être utilisée comme synonyme de celle de « cohésion sociale ».

Conflits sociaux

Un conflit social désigne l’antagonisme entre un ou plusieurs groupes sociaux. Puisque les individus n’ont pas les mêmes intérêts, la société est par nature susceptible de générer des conflits sociaux. Toutefois ces conflits ne débouchent pas nécessairement sur des luttes déclarées. De plus, les conflits sociaux ne se résument pas aux conflits du travail. En effet, puisque les intérêts des individus ne sont pas nécessairement d’ordre économique, les conflits sont eux-mêmes susceptibles d’être multidimensionnels. Lorsqu’ils ont pour enjeu de changer, de maintenir ou de rétablir l’ordre social, on parle de mouvements sociaux. Certains considèrent que les conflits sociaux menacent la cohésion sociale ; ils sont « pathologiques » au sens d’Emile Durkheim (1858-1917). D’autres considèrent au contraire que les conflits sociaux peuvent contribuer à la régulation et jouer un rôle dans l’intégration : selon le sociologue allemand Georg Simmel (1858-1918), les conflits sont susceptibles de « rétablir l’unité de ce qui a été rompu », de faire lien social et de socialiser leurs participants.

Désaffiliation

La désaffiliation est le processus par lequel un statut social perd de son caractère protecteur et qui conduit à un affaiblissement des liens sociaux. Par exemple, l’essor des emplois atypiques et de la pauvreté laborieuse accroît la vulnérabilité des salariés. La désaffiliation est susceptible de déboucher en dernière instance à l’exclusion. Ce concept a été développé par le sociologue français Robert Castel (1933-2013).

Disqualification

Le sociologue français Serge Paugam (né en 1960) préfère le terme de « disqualification sociale » à celui d’« exclusion sociale », ne serait-ce parce qu’aucun individu n’est jamais totalement exclu de la société : par exemple, même les SDF continuent d’entretenir des relations sociales. La disqualification est un processus à travers lequel les liens sociaux d’un individu s’affaiblissent en raison d’une perte de protection et de reconnaissance sociale. Non seulement l’individu disqualifié se retrouve vulnérable face à l’avenir, mais il se retrouve aussi sous le poids du regard négatif qu’autrui porte sur lui et qui l’amène peu à peu à intégrer une mauvaise image de soi, le poussant à s’isoler davantage. Le concept de disqualification sociale rejoint l’analyse que le sociologue allemand Georg Simmel (1858-1918) fait de la pauvreté : les pauvres ne sont pas pauvres car ils sont dénués de ressources, mais parce qu’ils reçoivent assistance ou sont susceptibles de la recevoir, c’est-à-dire précisément parce que la société les traite comme pauvres. La pauvreté est ici analysée comme une carrière déviante. Paugam prolonge l’analyse de Simmel et conçoit précisément l’assistance comme un « stigmate » pour les pauvres.

Intégration

L’intégration sociale est le processus par lequel un individu devient membre à part entière d’un groupe social en particulier ou plus largement de la société. La famille, l’école et le travail jouent un rôle primordial dans l’intégration des individus si bien qu’on les qualifie d’instances d’intégration. La socialisation joue un rôle majeur dans l’intégration, puisqu’un individu ne peut pleinement s’intégrer à un groupe que s’il en adopte les normes, les valeurs et la culture. Si l’on considère l’intégration sociale comme un processus, alors la cohésion sociale peut être conçue comme le résultat de ce processus.

Mouvements sociaux

Les mouvements sociaux sont des actions collectives qui remettent en cause l’ordre social et qui visent à le transformer par d’autres moyens que le vote. Ils ont donc une dimension protestataire. Par exemple, les mouvements ouvriers, féministes, écologiques, etc.

Régulation des conflits

La régulation des conflits désigne le processus à travers lequel les règles sont créées et modifiées en vue d’encadrer les conflits et à travers lequel les conflits influencent en retour les règles. Ces règles visent non seulement à canaliser les conflits, mais aussi à permettre leur expression, à encadrer leur forme et finalement à les résoudre, notamment en créant un cadre pour les négociations.

Socialisation

La socialisation désigne le processus par lequel un individu acquiert les normes, valeurs et culture d’un groupe social en particulier ou de la société en général. La socialisation joue un rôle essentiel dans l’intégration sociale, processus par lequel un individu devient membre à part entière d’un groupe social ou de la société. La socialisation est manifeste si l’individu fait l’objet d’un apprentissage intentionnel et explicite ; elle est latente si l’individu intériorise inconsciemment des normes et valeurs au gré de ses interactions sociales. On distingue également entre la socialisation primaire, qui se déroule durant l’enfance et qui intègre à l’individu les normes et valeurs pour vivre dans la société tout en structurant son identité, et la socialisation secondaire, qui se déroule principalement à l’âge adulte à chaque fois qu’un individu cherche à intégrer un groupe, lorsqu’il acquière les normes et valeurs spécifiques à ce dernier. Cette distinction ne doit pas dissimuler le fait que la socialisation est un processus continu. Si la famille et l’école jouent un rôle fondamental dans la socialisation, il existe toutefois d’autres instances de socialisation comme les groupes de pairs (les amis), l’entreprise, les médias, etc.

Solidarité mécanique

Dans son ouvrage De la division du travail social paru en 1893, le sociologue français Emile Durkheim (1858-1917) décrit la solidarité mécanique comme caractéristique des sociétés traditionnelles, essentiellement paysannes. C’est une forme de solidarité « obligée » dans la mesure où les membres d’un groupe se doivent assistance précisément en raison de leur appartenance à ce groupe et de leurs ressemblances. La conscience collective y est forte : les individus partagent les mêmes valeurs et croyances. Lorsque la solidarité est de nature mécanique, le droit est essentiellement répressif : il vise à punir. La notion de solidarité mécanique s’oppose à celle de solidarité organique. En l’occurrence, le passage d’une solidarité mécanique à une solidarité organique correspond au processus d’individuation et il n’est possible qu’avec l’approfondissement de la division du travail.

Solidarité organique

Dans son ouvrage De la division du travail social paru en 1893, le sociologue français Emile Durkheim (1858-1917) décrit la solidarité organique comme caractéristique des sociétés modernes, essentiellement urbaines. Elle repose sur la division du travail (social) qui donne une place spécifique à chacun et qui rend par conséquent les individus complémentaires les uns aux autres et interdépendants : c’est parce qu’ils sont différents que les individus sont solidaires entre eux. C’est une forme de solidarité « élective ». Dans une société moderne, la conscience collective y est plus faible, au profit des consciences individuelles : les individus ont des croyances fortement différenciées. Lorsque la solidarité est de nature organique, le droit est essentiellement restitutif : il vise davantage à compenser les préjudices plutôt qu’à punir. La notion de solidarité organique s’oppose à celle de solidarité mécanique. En l’occurrence, le passage d’une solidarité mécanique à une solidarité organique correspond au processus d’individuation et il n’est possible qu’avec l’approfondissement de la division du travail. Si la division du travail ne parvient toutefois pas à générer suffisamment de solidarité, les individus risquent de se retrouver dans une situation d’anomie.

Syndicat

Un syndicat est une organisation chargée de défendre les intérêts du groupe professionnel qu’elle représente. En France, les syndicats sont autorisés depuis la loi Waldeck-Rousseau en 1884. La liberté syndicale a été inscrite dans la constitution française en 1946. Les syndicats jouent un rôle essentiel dans la régulation des conflits, non seulement en étant initiateurs dans l’expression des revendications, mais aussi en étant un interlocuteur privilégié dans les négociations avec les entreprises et un véritable partenaire des autorités publiques. Si les syndicats désignent généralement les syndicats de salariés, il existe également des syndicats patronaux et des syndicats de professionnels indépendants.



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mardi 18 septembre 2012

Classes, stratification et mobilité sociales (lexique)

Capital culturel

Selon Pierre Bourdieu (1930-2002), le capital culturel existe sous trois formes. Il est incorporé, inscrit dans les corps (et se révèle à travers les manières de parler, la posture, etc.). Il est objectivé lorsqu’il prend la forme de biens culturels (livres, tableaux, etc.) et de pratiques culturelles (fréquentation des musées, de l’opéra, etc.). Enfin, le capital culturel prend la forme de diplômes attestant de la réussite scolaire. Avec le capital économique et le capital social, le capital culturel est l’un des trois capitaux que les individus accumulent (notamment en les héritant de leurs parents) et qui définissent leur position et trajectoire sociales.

Capital social

Le capital social peut se définir comme l’ensemble des relations sociales qu’entretient un individu avec autrui. Par exemple, un individu peut mobiliser son réseau social pour obtenir un emploi. Dans les travaux de Pierre Bourdieu (1930-2002), le capital social d’un individu correspond à l’ensemble des ressources auxquelles il peut accéder grâce à ses relations sociales. Avec le capital économique et le capital culturel, le capital social est l’un des trois capitaux que les individus accumulent (notamment en les héritant de leurs parents) et qui définissent leur position et trajectoire sociales.

Catégories socioprofessionnelles (CSP)

La nomenclature des CSP a été élaborée par l’INSEE à partir de 1954 afin de représenter la société française ; elle est remplacée par la nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) en 1982 pour tenir compte des transformations de la société française et de l’apparition de nouveaux emplois.

Les individus sont classés en 8 catégories distinctes (8 groupes socioprofessionnels) et celles-ci sont elles-mêmes divisées et subdivisées en plusieurs sous-catégories (les CSP) selon une multitude de critères : le statut (indépendant ou salarié), la position hiérarchique, la nature de l’employeur (privé ou public), etc. La nomenclature des CSP comporte trois niveaux d’agrégation : 486 professions sont regroupées en 24 ou 42 catégories socioprofessionnelles qui sont elles-mêmes regroupées en 8 groupes socioprofessionnels.

Les actifs sont classés en six grandes catégories : (1) les agriculteurs exploitants, (2) les artisans, commerçants et chefs d’entreprises, (3) les cadres et professions intellectuelles supérieures, (4) les professions intermédiaires, (5) les employés et les (6) ouvriers. Les deux premières catégories (1 + 2) correspondent aux indépendants, tandis que les quatre suivantes correspondent aux salariés. Les cadres (3) sont plus qualifiés (donc mieux rémunérés) que les professions intermédiaires (4) et celles-ci sont elles-mêmes plus qualifiées (donc mieux rémunérées) que les employés et les ouvriers (5 + 6). Si les employés (5) ont tendance à travailler dans les services (à l’instar des cadres et professions intellectuelles supérieures), les ouvriers (6) ont plutôt tendance à être des travailleurs manuels. Louis_Chauvel__Retour_des_classes_sociales__PCS_CSP_groupes_sociaux.png

Classes sociales

La structuration de la société en classes sociales est une forme particulière de stratification sociale. Par opposition à la notion de « strates sociales », l’idée de classes sociales suggère qu’il existe des groupes sociaux clairement définis dans les sociétés démocratiques, en principe égalitaires.

Chez Karl Marx (1818-1883), un groupe social doit respecter deux critères pour constituer une classe sociale. D’une part, il doit constituer une « classe en soi » : les membres d’une classe partagent objectivement la même situation (en l’occurrence, avoir la même place au sein des rapports de production). Par exemple : les capitalistes (les bourgeois) possèdent les moyens de production ; les ouvriers (les prolétaires) ne possèdent rien, si ce n’est leur force de travail, qu’ils sont obligés de vendre comme une marchandise. Or, parce qu’ils partagent des conditions communes, les membres d’une classe ont de fait des intérêts en commun, mais cela ne suffit pas pour qu’ils mènent une action collective pour les défendre. D’autre part, le groupe social doit constituer une « classe pour soi » : ses membres doivent avoir conscience d’avoir des intérêts communs. Une telle prise de conscience est nécessaire pour qu’ils se mobilisent pour les défendre.

Selon Pierre Bourdieu (1930-2002), les classes dominantes sont abondamment dotées de capitaux (qu’il s’agisse de capital économique et/ou de capital culturel), tandis que les classes populaires sont dénuées de capitaux. Bourdieu souligne l’importance des pratiques culturelles. En parvenant à présenter ses pratiques culturelles comme légitimes, les classes dominantes légitiment leur domination sur les autres.

Déclassement

Le déclassement désigne la mobilité sociale descendante (par opposition à l’« ascension sociale »). Il y a déclassement lorsqu’un individu occupe une position sociale inférieure à celle de ses parents, inférieure à celle qu’il pourrait prétendre de par son diplôme ou inférieure à celle qu’il avait précédemment (en raison, par exemple, d’un licenciement). Camille Peugny met particulièrement l’accent sur le déclassement intergénérationnel. Les jeunes sont par exemple particulièrement exposés à la montée du chômage et de la précarité, or ces situations pèsent durablement sur leur trajectoire sociale future.

Fluidité sociale

Il s’agit de la mobilité indépendante des transformations touchant la structure des emplois au fil des générations. La société est fluide lorsque les origines sociales influencent peu les destinées ; par contre, la fluidité est faible lorsque les destinées sont fortement influencées par les origines sociales, auquel cas on parle de viscosité sociale. La fluidité sociale est mesurée par les taux relatifs de mobilité (odd ratios) qui comparent les chances relatives des fils d’accéder à une catégorie sociale en fonction de leur origine sociale.

Groupes de statut

Selon Max Weber (1864-1920), la stratification sociale est pluridimensionnelle et les classes ne constituent qu’une dimension de la stratification sociale. La distribution inégale du prestige et de l’honneur est à la base d’une autre hiérarchie entre les individus. En l’occurrence, elle se structure en groupes de statut : un groupe de statut regroupe des individus ayant un même niveau de prestige et de mêmes pratiques.

Mobilité intergénérationnelle

Elle désigne le changement de statut social d’une génération d’individus par rapport à celle de leurs parents.

Mobilité intragénérationnelle

Elle désigne le changement de statut social d’un individu au cours de son existence. Le changement de position sociale s’explique souvent par un changement de profession. L’inverse n’est pas toujours vrai : un individu peut changer de profession sans pour autant changer de statut social. Par exemple, un ouvrier risque de ne pas changer de position sociale s’il devient employé.

Mobilité observée

Elle est mesurée par les taux absolus de mobilité calculés à partir des tables de mobilité intergénérationnelle. Elle regroupe la mobilité structurelle et la mobilité nette.

Mobilité structurelle

Il s’agit de la mobilité influencée par les diverses transformations qui touchent les emplois et plus largement la structure sociale dans son ensemble. Si par exemple le nombre d’emplois de cadres augmente plus rapidement que le nombre d’emplois d’ouvriers, les fils d’ouvriers ont donc mécaniquement plus de chances d’accéder à un emploi de cadre. La part de la mobilité (observée) qui n’est pas expliquée par la mobilité structurelle est appelée mobilité nette.

Paradoxe d’Anderson

Si un individu est plus diplômé qu’un autre, on devrait s’attendre à ce qu’il atteigne une meilleure position sociale que ce dernier. Pourtant, en observant ses propres élèves, le sociologue américain Charles Anderson a constaté en 1961 qu’un individu peut occuper une position sociale inférieure à celle de ses parents, alors même qu’il est plus diplômé que ces derniers. Ce paradoxe peut s’expliquer par les transformations de la société : le nombre de diplômés peut augmenter plus rapidement que le nombre d’emplois qualifiés, si bien qu’un nombre croissant de diplômés sont contraints d’accepter un emploi peu qualifié et précaire. La croissance du nombre de diplômés entraîne alors une dévalorisation des diplômes et donc une forme de déclassement. C’est l’idée avancée par Raymond Boudon (1934-2013) ou encore Marie Duru-Bellat (née en 1950) avec le concept d’inflation scolaire.

Stratification sociale

La stratification sociale désigne l’existence, au sein d’une société, de catégories relativement homogènes qui sont hiérarchisées en raison d’une inégalité dans la distribution des ressources, notamment du revenu, de la richesse, du pouvoir, du prestige, de la connaissance, etc. Les classes, les castes et les ordres sont des exemples de hiérarchies sociales. Chaque strate rassemble des individus ayant la même position sociale selon l’un ou plusieurs de ces critères. Lorsque ces strates sont clairement séparées l’une des autres et que leurs membres sont en conflit en raison d’intérêts divergents, on parle plutôt de classes sociales.



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lundi 17 septembre 2012

Economie du développement durable (lexique)

Biens collectifs

Un bien collectif est à la fois non excluable et non rival. Il est non excluable car on ne peut empêcher un agent de le consommer. Il est non rival car sa consommation par un individu n’empêche pas les autres agents de le consommer au même instant. Or, en raison de sa non-excluabilité, un bien collectif est susceptible de nourrir des comportements de passages clandestins (free riders) : chacun compte sur les autres pour le produire, si bien que finalement personne ne le produit. Il y a défaillance de marché et il est alors justifié que l’Etat prenne en charge la production et l’entretien de ce bien s’il désire le mettre à disposition de la collectivité. Lorsque le bien collectif est pris en charge par l’Etat, on le qualifie de « bien public ».

Biens communs

Un bien commun est non excluable, mais rival. Il est non excluable car on ne peut empêcher un agent de le consommer ; il est rival car si un agent le consomme, il devient moins disponible pour les autres. En raison de leur non-excluabilité, les biens communs suscitent des comportements de passagers clandestins (free riders) : comme ils appartiennent à tout le monde, donc à personne en particulier, personne n’est incité à faire des efforts pour les préserver, car chacun compte sur les autres pour le faire. Les biens communs risquent alors d’être surexploités et de s’épuiser. Le fait même d’anticiper leur disparition incite les agents à les exploiter vite, ce qui accélère leur épuisement.

Capital humain

Notion développée par Gary Becker (prix Nobel en 1992). Le capital humain désigne les connaissances et compétences acquises par un individu, mais aussi sa santé. En accumulant du capital humain, le travailleur devient plus productif et peut espérer obtenir un salaire plus élevé. L’éducation, la formation professionnelle, l’apprentissage par la pratique et l’amélioration de la santé (avec par exemple les campagnes de vaccination) sont des investissements aussi bien pour les travailleurs que pour leur entreprise ou même l'économie prise dans son ensemble. En l’occurrence, l’accumulation de capital humain apparaît comme un moteur essentiel de la croissance, non seulement car elle rend les travailleurs plus productifs, mais aussi parce qu’elle les rend plus innovants.

Capital institutionnel

Il s’agit des institutions. Pour Douglass North (1920-2015), prix Nobel d’économie en 1993, les institutions sont un ensemble de règles et de contraintes qui encadrent les interactions humaines et notamment les échanges. Elles favorisent les échanges et augmentent le bien-être de la population en suscitant de la confiance entre les agents. Les droits de propriété et notamment les brevets sont des exemples d’institutions.

Capital naturel

Il désigne l’ensemble des ressources naturelles, les écosystèmes et la biodiversité. Non seulement les ressources naturelles sont utilisées dans la production de biens et services (en tant que consommation intermédiaire), mais la Nature est également en soi source de bien-être pour les agents économiques. Certaines ressources naturelles sont renouvelables, d’autres pas (tout du moins, pas à moyen terme), si bien que la croissance économique pourrait freiner du fait de l’épuisement du capital naturel. Selon les tenants de l’approche de la soutenabilité faible (notamment les économistes néoclassiques), le capital naturel est facilement substituable avec le capital physique : il n’est donc pas nécessaire de le préserver, car le progrès technique génère facilement des substituts. Selon les tenants de l’approche de la soutenabilité forte (notamment les promoteurs de la « décroissance »), le capital naturel n’est que très peu substituable avec le capital physique, si bien qu’il faut nécessairement le préserver.

Capital physique

Le capital physique désigne le stock de biens durables qui sont utilisés pour produire des biens et services. Il s’agit des machines, des outils, des usines, des infrastructures, etc. C’est le capital au sens strict.

Capital social

Le capital social désigne l’ensemble des relations qu’un individu entretient avec autrui et qui lui permettent d’avoir accès à des ressources auxquelles il ne peut accéder par lui-même. Le capital social est essentiel à la confiance et cette dernière est essentielle aux échanges marchands, si bien que le capital social est essentiel pour développer les échanges.

Défaillances de marché

Il y a défaillance de marché lorsque ce dernier ne conduit pas à une allocation optimale des ressources, si bien qu’une intervention de l’Etat est alors légitime pour allouer les ressources plus efficacement. Les biens collectifs, les biens communs et les externalités sont des défaillances de marché.

Externalités

Il y a externalité lorsque l’action d’un agent influence le bien-être d’un autre agent sans que cela passe par des mécanismes de marché. L’externalité est positive lorsque l’action d’un agent accroît le bien-être d’un autre agent sans que ce dernier rémunère le premier. L’externalité est négative lorsque l’activité d’un agent détériore le bien-être d’un autre agent sans que ce dernier soit compensé par le premier. Les externalités constituent une défaillance de marché, ce qui justifie une intervention de l’Etat pour les corriger.

Marché des droits à polluer

Le marché des droits à polluer (ou marché des quotas d’émission ou marché des permis d’émission) est l’un des principaux instruments de la politique climatique. Il régule les émissions polluantes par les prix et par les quantités. L’Etat émet des droits à polluer, des quotas, qu’il distribue aux entreprises. Chaque firme ne peut pas polluer plus que ne lui permettent les quotas qu’elle possède. Les entreprises ne sont pas obligées d’utiliser tous leurs permis, si bien qu’elles peuvent revendre leurs permis excédentaires. Les firmes qui n’ont pas assez de quotas peuvent acheter des quotas aux éventuelles entreprises qui ne les ont pas entièrement utilisés. Ainsi, les firmes sont incitées à moins polluer, notamment pour réaliser un profit en vendant leurs quotas non utilisés. Le prix d’un quota varie en fonction de l’offre et de la demande : plus la demande est importante par rapport à l’offre, plus le prix d’un quota sera élevé et plus les firmes seront incitées à ne pas polluer. L’Etat peut réduire peu à peu le nombre de permis en circulation pour réduire plus amplement la pollution.

Politique climatique

Il y a la politique d’adaptation, qui consiste à préparer la population au changement climatique, et la politique d’atténuation, qui consiste à freiner les émissions de polluants pour freiner le changement climatique. Les principaux instruments de la politique d’atténuation sont la réglementation, la taxation, la subvention et le marché des droits à polluer.

Réglementation environnementale

La taxation est l’un des principaux instruments de la politique climatique. La réglementation désigne l’instauration de normes qui limitent la quantité d’émissions de polluants par unité consommée ou produite. Elle régule donc les émissions polluantes par les quantités. Par exemple : la circulation alternée.

Soutenabilité

La soutenabilité est la situation dans laquelle le niveau de bien-être actuel peut au moins être maintenu pour les générations futures. Selon le rapport Brundtland, le développement durable (ou soutenable) désigne la capacité des générations actuelles à satisfaire ses besoins sans réduire celle des générations futures à satisfaire les siens. Il y a deux approches du développement durable. Selon les tenants de l’approche de la soutenabilité faible (notamment les économistes néoclassiques), le capital naturel est facilement substituable avec le capital physique : il n’est donc pas nécessaire de le préserver, car le progrès technique génère facilement des substituts (moins polluants). Selon les tenants de l’approche de la soutenabilité forte (notamment les partisans de la « décroissance »), le capital naturel n’est que très peu substituable avec le capital physique, si bien qu’il faut nécessairement le préserver.

Taxation environnementale

La taxation est l’un des principaux instruments de la politique climatique. Elle régule les émissions polluantes par les prix. Elle consiste pour les autorités publiques à taxer les émissions polluantes ou la consommation de biens générant des polluants. C’est l’économiste britannique Arthur Cecil Pigou qui en décrit le principe en 1920, si bien que l’on parle également de « taxe pigouvienne ». La taxe augmente le coût des pollueurs et les incite à réduire leur pollution, c’est-à-dire à délaisser les biens polluants pour se tourner vers les biens non polluants. La taxe incite les pollueurs à prendre en compte les externalités (négatives) que leur activité génère : elle les amène à « internaliser les externalités ». C’est le principe du « pollueur-payeur ». La taxation marche d’autant mieux qu’il existe des substituts (non polluants) aux biens polluants. S’il n’existe pas de substituts aux biens polluants, les agents risquent de continuer à polluer, mais la hausse du coût de la pollution incite les entreprises à innover, à créer des biens moins polluants. La taxation génère un « double dividende » pour l’Etat : d’une part, elle conduit à ralentir le changement climatique en atténuant les émissions polluantes, d’autre part, l’Etat en retire des recettes fiscales supplémentaires. Il peut utiliser ces recettes fiscales soit pour réduire d’autres impôts (pour préserver le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité des entreprises que la taxe environnementale tend à dégrader), soit pour subventionner la recherche-développement (en particulier la création de substituts non polluants) ou tout simplement l’achat de biens non polluants, ce qui incite d’autant plus les agents à délaisser les biens polluants. La taxe carbone est un exemple de taxe environnementale.



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dimanche 16 septembre 2012

Mondialisation et intégration européenne (lexique)

Avantage comparatif

David Ricardo (1772-1823) a suggéré que le commerce international est source de gains à l’échange pour chacun de ses participants. Pour cela, chaque pays doit se spécialiser dans les productions de biens pour lesquelles il possède un « avantage comparatif » (ou « avantage relatif »), c’est-à-dire le plus grand avantage (là où il est relativement le meilleur) ou le plus petit désavantage (là où il est relativement le moins mauvais) par rapport aux autres partenaires à l’échange. En se spécialisant, un pays délaisse la production de certains biens, mais il pourra alors les importer et, au final, il produira et consommera davantage qu’il ne l’aurait fait en restant en autarcie. Dans l’exemple que donne Ricardo, le Portugal est plus efficace que l’Angleterre dans la production du drap et du vin, mais l’écart de productivité est plus élevé dans la production de vin. En d’autres termes, le Portugal est plus avantagé dans la production de vin et l’Angleterre est moins désavantagée dans la production de drap. Au final, le Portugal a donc intérêt à se spécialiser dans la production de vin et importer les draps, tandis que l’Angleterre a intérêt à se spécialiser dans la production de drap et à importer du vin.

Commerce international

Le commerce international désigne les échanges de biens et services entre résidents de pays différents. Les exportations désignent les ventes des résidents au reste du monde. Les importations désignent les achats réalisés par les résidents auprès des non-résidents.

Commerce intrafirme

Le commerce intrafirme (ou commerce « captif ») désigne les échanges au sein d’une même firme multinationale (FMN), c’est-à-dire entre une maison-mère et ses filiales (ou simplement entre ces dernières). Le commerce intrafirme représente le tiers des échanges internationaux.

Compétitivité hors prix

La compétitivité d’une entreprise (ou d’un territoire) désigne sa capacité à faire acheter ses produits plutôt que ceux réalisés par les concurrents. La compétitivité hors prix (ou structurelle) désigne la capacité d’une entreprise à offrir des produits différenciés de ceux de ses concurrents (en termes de qualité, d’innovation, de services proposés, d’image de marque, de design…). Si une entreprise parvient à différencier son produit de ceux proposés par ses concurrents, elle peut espérer le vendre à un prix plus élevé. Cette notion s’oppose à celle de compétitivité prix.

Compétitivité-prix

La compétitivité d’une entreprise (ou d’un territoire) désigne sa capacité à faire acheter ses produits plutôt que ceux réalisés par les concurrents. La compétitivité-prix désigne la capacité d’une entreprise à offrir un bien ou un service de qualité identique que celui offert par ses concurrents, mais à un prix plus faible. Ce sera en l’occurrence le cas si ses coûts de production sont plus faibles que ceux de ses concurrents. Cette notion s’oppose à celle de compétitivité hors prix.

Délocalisation

La délocalisation désigne le transfert d’un pays à un autre d’activités réalisées par une entreprise. Elle consiste à fermer une unité de production (par exemple une usine) dans un pays donné pour en ouvrir une autre dans un pays où les conditions de production sont jugées meilleures. Par exemple, les entreprises des pays avancés peuvent délocaliser tout ou partie de leurs activités dans les pays émergents pour profiter des faibles coûts du travail au sein de ces derniers. La délocalisation est une forme d’IDE (mais tout IDE n’est pas forcément une délocalisation).

Dotation factorielle

Elle désigne la quantité de facteurs de production (travail non qualifié, travail qualifié, capital, terre) disponibles dans un pays donné. Selon le théorème Heckscher-Ohlin-Samuelson (HOS) développé par les économistes néoclassiques (et notamment Paul Samuelson, « prix Nobel » en 1970), les pays se spécialisent selon leurs dotations factorielles. En l’occurrence, un pays a intérêt à se spécialiser dans la production de biens exigeant relativement plus des facteurs dont il est relativement le plus doté. Par exemple, les pays avancés sont relativement plus dotés en main-d’œuvre qualifiée et en capital, donc ils ont intérêt à se spécialiser dans la production de biens exigeant relativement plus de travail qualifié et ayant une forte intensité capitalistique ; les pays en développement sont relativement plus dotés en travailleurs non qualifiés et sont relativement dépourvus de capital, donc ils ont intérêt à se spécialiser dans la production de bien nécessitant relativement plus de travail non qualifié et ayant une faible intensité capitalistique ; les pays relativement bien dotés en ressources naturelles ont intérêt à se spécialiser dans l’extraction et l’exportation de ressources naturelles.

Euro

L’euro est la monnaie unique des pays membres de l’union économique et monétaire (UEM) qui se substitue à leurs monnaies nationales. Elle a été créée en 1999. Les pièces et billets en euros circulent depuis le 1er janvier 2002. L’ensemble des pays ayant adopté l’euro forment la zone euro. Initialement, en 1999, la zone euro se composait l’Allemagne, de l’Autriche, de la Belgique, de l’Espagne, de la Finlande, de la France, de l’Irlande, de l’Italie, du Luxembourg, du Pays-Bas et du Portugal. Ces onze pays ont été rejoints par la Grèce en 2001, par la Slovénie en 2007, par Chypre et Malte en 2008, par la Slovaquie en 2009, par l’Estonie en 2011 et par la Lettonie en 2014.

Externalisation

L’externalisation désigne le processus par lequel une entreprise (appelée donneuse d’ordres) confie à d’autres entreprises (appelées sous-traitants) la réalisation de tout ou partie de la production d’un bien ou service qui était, jusqu’à présent, assurée par ses propres salariés. Les sous-traitants peuvent résider dans le même pays ou à l’étranger que la donneuse d’ordres. L’externalisation s’oppose à l’internalisation, consistant pour une entreprise à réaliser en interne des tâches qu’elle confiait auparavant à d’autres entreprises. Une entreprise aura tendance à externaliser les tâches qui requièrent peu de qualifications, tandis qu’elle tend à réaliser en interne les tâches exigeant beaucoup de qualifications ou un savoir qu’elle seule possède.

Firmes multinationales

Une firme multinationale (FMN) ou firme transnationale (FTN) désigne une entreprise ayant des unités de production dans au moins deux pays différents. Une FMN se compose d’une société-mère (localisée généralement dans le pays d’origine) et d’entreprises implantées à l’étranger (appelées filiales). Une FMN implante des unités de production dans un pays étranger en réalisant des investissements directs à l’étranger (IDE). Un IDE peut être une délocalisation, la création d’une unité de production nouvelle, la prise de contrôle d’une unité de production déjà existante, etc.

Libre-échange

Le libre-échange désigne un système économique dans lequel les marchandises sont libres de circuler, ce qui suppose la suppression des barrières à l’échange. Il désigne également la doctrine qui préconise la mise en place d’un tel système pour favoriser la croissance économique. Cette notion s’oppose à celle de protectionnisme.

Protectionnisme

Il désigne l’ensemble des mesures tarifaires et non tarifaires qu’un Etat met en place pour favoriser les producteurs domestiques, que ce soit en leur réservant le marché intérieur (notamment en limitant les importations) ou en favorisant artificiellement leurs exportations. Les barrières tarifaires désignent les droits de douanes qu’un pays impose aux produits importés pour généralement inciter les résidents à acheter les produits domestiques. Les barrières non tarifaires qu’un Etat peut mettre en œuvre à des fins protectionnistes incluent les quotas, les normes (techniques, normes de sécurité, sanitaires, environnementales, du travail, etc.), les subventions aux entreprises domestiques, les marchés publics, etc. L’OMC considère également comme mesure protectionniste toute mesure perturbant les prix domestiques, notamment la pratique du dumping (consistant à vendre à l’étranger à des prix inférieurs à ceux en vigueur au sein du pays) et la manipulation du taux de change (une sous-appréciation de la devise stimule les exportations). Le protectionnisme désigne également la doctrine préconisant la mise en place de telles mesures. Cette notion s’oppose à celle de libre-échange.

Union économique et monétaire

L’union économique et monétaire (UEM) est un groupe de pays-membres de l’Union européenne ayant pour objectif la convergence de leurs politiques économiques. Les pays de l’UEM possèdent une devise commune (l’euro) et forment ainsi la zone euro, dotée d’une politique monétaire unique, mise en œuvre par la Banque Centrale Européenne (BCE). Tous les pays de l’Union européenne (UE) n’appartiennent pas à l’UEM. Pour adhérer à l’UEM, un pays doit mettre en œuvre une convergence nominale. Cette dernière fait référence aux critères de Maastricht : convergence du taux d’inflation, du taux d’intérêt à long terme, du déficit et de la dette publique avec les pays de la zone euro et stabilité du taux de change avec l’euro. En l’occurrence, la dette publique doit être inférieure à 60 % du PIB et le déficit public inférieur à 3 % du PIB.



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Justice sociale et inégalités
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samedi 15 septembre 2012

Croissance, fluctuations et crises (lexique)

Capital

Dans le sens strict, il ne désigne que le capital fixe, c’est-à-dire l’ensemble des biens qui sont utilisés plusieurs fois au cours de la production (ils ont une durée de vie supérieure à un an). Dans son sens large, le capital désigne également le capital circulant, c’est-à-dire les biens et services qui sont transformés ou qui disparaissent au cours de la production (c’est-à-dire dont la durée de vie est inférieure à un an). En ce sens, le capital inclut également les ressources naturelles.

Capital humain

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Notion développée par Gary Becker (prix Nobel en 1992). Le capital humain désigne les connaissances et compétences acquises par un individu, mais aussi sa santé. En accumulant du capital humain, le travailleur devient plus productif et peut espérer obtenir un salaire plus élevé. L’éducation, la formation professionnelle, l’apprentissage par la pratique et l’amélioration de la santé (avec par exemple les campagnes de vaccination) sont des investissements aussi bien pour les travailleurs que pour leur entreprise ou même l'économie prise dans son ensemble. En l’occurrence, l’accumulation de capital humain apparaît comme un moteur essentiel de la croissance, non seulement car elle rend les travailleurs plus productifs, mais aussi parce qu’elle les rend plus innovants.

Crise économique

Dans le sens étroit du terme, la crise est l’instant précis où le cycle économique se retourne, c’est-à-dire où l’économie passe d’une expansion à une récession, voire à une dépression. Dans le sens large du terme, la crise désigne la récession ou la dépression.

Croissance économique

Hausse du PIB.

Croissance endogène (théories de la)

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Théories visant à expliquer le caractère cumulatif de la croissance. A la différence du modèle de Solow, les modèles de croissance endogène font l’hypothèse que les rendements sont croissants, introduisent des externalités et considèrent que le progrès technique est endogène, c’est-à-dire qu’il dépend du comportement des agents.

Il y a quatre principaux modèles de croissance endogène. Robert Lucas (prix Nobel en 1995) souligne l’importance du capital humain. Un travailleur devient plus productif lorsqu’il accumule des connaissances et des compétences, or celles-ci ne s’usent pas : le capital humain est un facteur cumulatif, qui présente des rendements croissants. Paul Romer met l’accent sur la recherche-développement et l’apprentissage par la pratique. D’une part, les dépenses de recherche-développement réalisées par une entreprise lui permettent d’accroître sa productivité et d’innover davantage ; grâce aux externalités, elles profitent également aux autres entreprises, notamment aux concurrentes. D’autre part, quand un travailleur acquiert de nouvelles compétences dans une entreprise, il peut continuer de les utiliser dans une autre entreprise et les transmettre à d’autres travailleurs. Robert Barro met l’accent sur l’importance de l’investissement public pour la croissance : les infrastructures publiques (routes, aéroports, réseau de distribution d’eau, etc.) stimulent l’activité.

Bien que ces trois auteurs soient néoclassiques et plutôt réticents à l'usage des politiques conjoncturelles pour stabiliser l'activité à court terme, leurs théories suggèrent que l’intervention de l’Etat peut améliorer la croissance à long terme (par exemple, en stimulant la recherche-développement, en favorisant l’éducation et en développant les infrastructures).

Déflation

La déflation désigne la baisse du niveau général des prix : en moyenne, les prix baissent. Elle est due à une insuffisance de la demande globale : lorsque les entreprises ont du mal à vendre, elles baissent leurs prix pour écouler leurs stocks d’invendus. L’économie risque donc de connaître une déflation lorsqu’elle subit une récession ou dépression. Or la déflation a tendance à aggraver la crise économique. D’une part, les agents retardent leurs achats de biens durables s’ils anticipent une poursuite de la baisse des prix, ce qui réduit davantage la demande. D’autre part, en présence de déflation, les emprunteurs doivent continuer de payer un montant fixe d’intérêts, mais leurs sources de revenu diminuent avec les prix : le poids réel de leur endettement augmente. Les emprunteurs ont donc de plus en plus de mal à rembourser, si bien qu’ils risquent de faire faillite et de faire s’effondrer les banques. Irving Fisher (en 1933) parlait de « déflation par la dette » pour décrire ce cercle vicieux.

Demande globale

Demande qui s’adresse aux producteurs de biens et services sur un territoire donné. On distingue entre la demande intérieure (ou domestique) émanant des résidents et la demande extérieure (ou étrangère) émanant du reste du monde. Si la demande globale est insuffisante, l’économie risque de basculer dans une récession, voire dans une dépression, de connaître la déflation et de voir le chômage augmenter. Si la demande globale est excessive, l’économie risque de connaître une accélération de l’inflation. L’Etat et la banque centrale mettent en œuvre des politiques conjoncturelles pour moduler la demande globale.

Dépression

Baisse prolongée du PIB (en général, sur plusieurs années) : le taux de croissance est durablement négatif. Autrement dit, il s’agit d’une récession très sévère.

Désinflation

Ralentissement de l’inflation, c’est-à-dire baisse du taux d’inflation : les prix continuent d’augmenter en moyenne, mais de moins en moins vite.

Facteurs de production

Ressources utilisées par une organisation productive (par exemple une entreprise) pour produire. Il s’agit du travail et du capital. Les facteurs sont complémentaires quand ils doivent être combinés ensemble pour réaliser une production : par exemple, le chauffeur de taxi et son véhicule. Ils sont substituables quand la production peut être réalisée par l’un ou l’autre des facteurs : par exemple, les caissiers et les caisses automatiques.

Fluctuations économiques

Le cycle désigne la succession d’expansions et de récessions. L’expansion se caractérise par une accélération de la croissance. La récession se caractérise par le ralentissement de la croissance, voire une décroissance, du PIB. L'instant précis où le cycle se retourne et où l'économie passe d'une expansion à une récession est appelé crise. La période d’expansion qui suit une récession est appelée reprise.

IDH

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L’indicateur de développement humain (IDH) est un indicateur composite créé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en 1990, d’après les travaux d’Amartya Sen (prix Nobel en 1998). Il se veut être un indicateur de développement, qui ne prend pas en compte le seul niveau de vie. Il est la moyenne géométrique de trois indicateurs mesurant la santé (avec l’espérance de vie à la naissance), l’éducation (avec les durées moyenne et attendue de scolarisation) et le niveau de vie (avec le revenu national par habitant). Plus l’IDH d’un pays est élevé, plus celui-ci est considéré comme développé.

Inflation

Hausse du niveau général des prix : ces derniers augmentent en moyenne. L’inflation s’explique par un excès de demande globale (les agents dépensent de trop) ou par la hausse des coûts de production (par exemple suite à un choc pétrolier).

Investissement

Il désigne avant tout l’achat de capital fixe. On distingue entre investissement de capacité (qui vise à accroître la production en augmentant la quantité de capital fixe utilisée), investissement de productivité (qui consiste à acquérir du capital fixe plus performant, pas forcément pour produire plus, mais pour réduire les coûts de production) et investissement de remplacement (qui consiste à remplacer le capital obsolète ou usé). Tout investissement ne conduit donc pas forcément à une hausse du stock de capital (puisque l’investissement de remplacement ne consiste qu’à remplacer du capital déjà existant). On distingue donc entre investissement net et investissement brut. L’investissement net désigne le total des dépenses d’investissement (l’investissement brut) auxquelles on retranche les dépenses d’investissement de remplacement. Seul l’investissement net accroît le stock de capital. On distingue aussi entre investissement matériel (acquisition de capital physique) et investissement immatériel (achats de services tels que la R&D, la publicité, la formation des travailleurs, etc.). La comptabilité nationale mesure l’investissement avec la formation brute de capital fixe (FBCF).

Institutions

Pour Douglass North (1920-2015), prix Nobel d’économie en 1993, les institutions sont un ensemble de règles et de contraintes qui encadrent les interactions humaines et notamment les échanges. Elles favorisent les échanges et augmentent le bien-être de la population en suscitant de la confiance entre les agents. Les droits de propriété et notamment les brevets sont des exemples d’institutions.

PIB

Le PIB est un indicateur de richesse. 1) Le PIB d’un pays est égal à la somme des valeurs ajoutées créées au cours d’une année donnée par les organisations productives (entreprises et administrations publiques) présentes sur le territoire national. 2) Il correspond également aux revenus distribués aux résidents au cours d’une année. 3) Il est égal à la somme des dépenses de consommation, d’investissement et des exportations nettes. Lorsque le PIB augmente d’une année sur l’autre, il y a croissance économique.

Politique budgétaire

Politique menée par l’Etat, consistant à modifier la fiscalité et à faire varier les dépenses publiques en vue d’influencer la demande globale. Si la demande globale est insuffisante, l’Etat assouplit sa politique budgétaire en accroissant ses dépenses et/ou en réduisant les prélèvements obligatoires (plan de relance), soit pour inciter les entreprises et ménages à dépenser plus (via la baisse d’impôts ou la hausse des revenus de transfert, des salaires des fonctionnaires…), soit pour accroître directement la demande (via l’investissement public). Par contre, si la demande est excessive ou bien si l’Etat désire réduire sa dette publique, l’Etat resserre sa politique budgétaire en diminuant ses dépenses et en augmentant les impôts (plan d’austérité).

Politiques conjoncturelles

Il s’agit d’une politique économique visant à influencer l’activité économique à court terme en influençant la demande globale. Elle se compose de la politique budgétaire (menée par l’Etat) et de la politique monétaire (menée par la banque centrale). Les politiques conjoncturelles ont quatre objectifs possibles : le plein emploi, la stabilité des prix (ni inflation, ni déflation), la croissance économique et l’équilibre des comptes extérieurs. Mais il est difficile de les atteindre en même temps : Kaldor parle de carré magique. Une politique conjoncturelle expansionniste vise à stimuler la demande globale lorsque l’économie connaît du chômage, une récession, voire une déflation. Une politique conjoncturelle restrictive vise au contraire à freiner la demande globale lorsque l’économie connaît une inflation et un déficit extérieur.

Politique monétaire

Politique menée par la banque centrale, consistant notamment pour elle à moduler son taux directeur, c’est-à-dire le taux d’intérêt auquel les banques peuvent s’approvisionner auprès d’elle en monnaie centrale (la seule monnaie avec laquelle les banques peuvent se régler entre elles). Lorsque la banque centrale désire stimuler la demande globale, elle assouplit sa politique monétaire en baissant son taux directeur, puisque cela incite les banques à davantage prêter et à réduire leurs propres taux d’intérêt. Inversement, la banque centrale resserre sa politique monétaire lorsque l’économie connaît de l’inflation : comme les banques prêtent alors moins, la demande décline, si bien que les entreprises sont moins à même d’accroître leurs prix.

Production marchande et non marchande

La production est dite « marchande » si elle est vendue à un prix significatif, c’est-à-dire vendue à un prix supérieur à la moitié du coût de production. Elle est réalisée par les entreprises, car ces dernières cherchent en général à faire du profit. La production est dite « non marchande » si elle est gratuite ou quasi-gratuite, c’est-à-dire vendue à un prix inférieur à la moitié du coût de production. Elle est réalisée par les administrations publiques et les associations.

Productivité

La productivité mesure l’efficacité des facteurs de production. La productivité du travail peut être mesurée de deux manières différentes : soit en divisant la production par le nombre d’heures travaillées, soit en divisant la production par le nombre de travailleurs.

Productivité globale des facteurs

La productivité globale des facteurs (PGF) est une mesure du progrès technique, du niveau technologique des pays. Elle peut être calculée comme le rapport entre le volume produit et la quantité de facteurs utilisée. La croissance de la PGF correspond au « résidu », c’est-à-dire à la part de la croissance du PIB qui n’est pas expliquée par l’accumulation des facteurs.

Progrès technique

Il s’agit de l’ensemble des innovations qui améliorent l’efficacité des facteurs de production. Le progrès technique désigne ainsi les innovations de procédé, les innovations de produit et les nouvelles organisations du travail. Le progrès technique se mesure de deux façons : soit en mesurant la productivité globale des facteurs (PGF) ; soit en mesurant le « résidu », c’est-à-dire la part de la croissance du PIB qui ne s’explique pas par l’accumulation des facteurs (travail et capital).

Récession

La récession désigne un ralentissement de la croissance du PIB. Pour l’INSEE, il y a récession quand le PIB décroît pendant au moins deux trimestres consécutifs.

Valeur ajoutée

Lorsque la production est marchande, il s’agit de la production moins les consommations intermédiaires (c’est-à-dire les dépenses de capital circulant). Lorsque la production est non marchande, l’INSEE considère qu’elle correspond aux coûts, c’est-à-dire essentiellement à la rémunération des facteurs de production (donc essentiellement les salaires).



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