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Tag - mondialisation

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vendredi 24 avril 2020

La pandémie renforce la tendance à la démondialisation

« La pandémie de Covid-19 amène l’économie mondiale à se retirer de l’intégration économique mondiale. Les responsables politiques et les dirigeants d’entreprises se demandent désormais si les chaînes d’approvisionnement mondiales n’auraient pas été poussées trop loin. Dans un environnement où les alliances sont incertaines et où il n'y a pas de coopération internationale, ils se demandent aussi s’ils ne devraient pas réduire leur interdépendance économique. Les inquiétudes relatives à la sécurité nationale et à la santé publique fournissent de nouvelles justifications pour le protectionnisme, en particulier en ce qui concerne le matériel médical et la nourriture, et pour la relocalisation.

Ce repli ne va pas marquer la fin de la mondialisation, un processus qui a atteint un niveau historiquement élevé. Mais la mondialisation peut être inversée, du moins en partie. La Grande Récession de 2008-2009 a marqué un point tournant historique dans le degré d’intégration économique mondiale. A présent, en réponse à l’actuelle crise sanitaire et économique, les responsables politiques semblent tentés de renforcer le mouvement vers la démondialisation. Leurs mesures menacent de ralentir ou d’inverser la croissance économique délivrée par la mondialisation. Pire, de nouveaux obstacles au commerce peuvent proliférer et infliger des dommages qui ne pourront être effacés qu’après plusieurs décennies.

La mondialisation moderne est passée par cinq étapes


La mondialisation comprend plusieurs éléments différents : les flux transfrontaliers des marchandises, des investissements financiers, des données, des idées et des technologies, sans mentionner des personnes, notamment les travailleurs, les touristes et les étudiants.

Le commerce mondial, mesuré par le ratio des exportations mondiales au PIB mondial, est un indicateur pertinent de l’intégration économique. Le graphique ci-dessous permet de mettre en évidence cinq périodes de la mondialisation moderne.

GRAPHIQUE Indice de l’ouverture commerciale : somme des exportations et importations mondiales divisée par le PIB mondial (en %)

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Durant la première période, de 1870 à 1914, l’intégration économique fut approfondie, grâce aux machines à vapeur et à d’autres avancées qui permirent de déplacer davantage de biens à des coûts toujours plus faibles entre les pays.

La mondialisation s’inversa au cours de la deuxième période, de l’éclatement de la Première Guerre mondial en 1914 jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. La Première Guerre mondiale a provoqué une perturbation économique durable, mais il y a également eu le retrait de la Russie du commerce mondial après la révolution communiste en 1917, l’épidémie de grippe espagnole en 1918, l’instabilité monétaire au début des années 1920, de nouvelles restrictions à l’immigration, la Grande Dépression à partir de 1929, puis une poussée sévère de protectionnisme dans les années 1930. Ces bouleversements ont remis en cause l’intégration et l’économie mondiale en a profondément souffert.

L’intégration économique a rebondi dans la troisième période, au cours des trois décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Le leadership américain contribua à créer de nouvelles institutions de coopération économique, comme le General Agreement on Tariffs and Trade (GATT), permettant aux pays d’ouvrir à nouveau leur économie au commerce et aux investissements étrangers. Ces mesures contribuèrent à inaugurer un âge d’or de la croissance économique. Pourtant, la portée géographique de cette troisième phase (confinée aux Etats-Unis, à l’Europe occidentale, au Japon et à une poignée d’autres pays) limita l’ampleur que pouvait prendre l’intégration économique mondiale. Le bloc soviétique des pays communistes et la Chine étaient des économies administrées qui n’y participaient pas pour des raisons politiques et économiques. Le monde en développement en Amérique latine, en Asie du Sud et en Afrique opta pour la substitution aux importations et resta relativement isolé.

Durant la quatrième période, des années quatre-vingt à la crise financière de 2008, l’intégration économique a atteint une ampleur mondiale sans précédent. Menés par la Chine et l’Inde, les pays en développement commencèrent à démanteler leurs barrières à l’échange. Le bloc soviétique en Europe de l’Est se tourna vers la démocratie et la libéralisation économique avec la chute du Mur de Berlin en 1989, suivie par l’effondrement de l’Union soviétique en 1991. Les changements technologiques (les porte-conteneurs et les avancées en matière de technologies d’information et de communication) favorisèrent aussi l’intégration en entraînant l’essor de chaînes d’approvisionnement mondiales. La croissance mondiale était forte et la pauvreté mondiale chuta significativement.

Nous sommes dorénavant dans une ère de "slowbalization"


Telle qu’elle est mesurée par les flux commerciaux, cette quatrième phase de la mondialisation semble avoir atteint un pic en 2008. Comme le montre le graphique ci-dessus, le ratio commerce mondial sur PIB a chuté depuis la Grande Récession. Le commerce mondial a rebondi en 2010, suite à l’effondrement des échanges en 2009, mais il a eu tendance à stagner depuis. Nous sommes dorénavant dans une cinquième période, que certains qualifient de "slowbalization".

Alors que le commerce eu tendance les décennies précédentes à croître plus vite que la production mondiale, ce n’est plus le cas. En fait, la croissance du commerce a été anormalement faible ces dernières années. Le volume du commerce mondial a chuté en 2019, alors même que l’économie mondiale croissait à un rythme assez robuste.

Plusieurs facteurs ont été à l’œuvre. La croissance des chaînes d’approvisionnement mondiale (la diffusion de réseaux d’approvisionnement entre les pays) a ralenti. Le programme de réformes s’est interrompu à travers le monde. Sous la présidence de Xi Jinping, la Chine a commencé à se replier sur elle-même avec des politiques qui promeuvent le développement indigène de secteurs meneurs (…). La Chine reste un moteur des exportations, mais ses exportations relativement à son PIB ont chuté de 31 % à 17 % entre 2008 et 2019, comme l’a noté Nicholas Lardy.

Sous la présidence de Donald Trump, les Etats-Unis ont embrassé la politique de l’"America First", en s’écartant de la libéralisation commerciale (en se retirant du Partenariat Trans-Pacifique) et en se tournant vers le protectionnisme. L’administration Trump a imposé des droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium en avançant des motifs de sécurité nationale, ce qui a entraîné des représailles de la part des pays étrangers et la diffusion de barrières commerciales ailleurs.

Les Etats-Unis ont aussi déclaré une guerre commerciale à la Chine en l’accusant de pratiques commerciales déloyales, ce qui a significativement réduit le commerce bilatéral entre les deux pays. Les conseillers économiques du Président Trump ont assimilé sécurité économique et sécurité nationale et ils ont exprimé leur désir de briser les chaînes d’approvisionnement qui rendaient les Etats-Unis dépendants de la Chine. Les tensions entre les Etats-Unis et la Chine ont dégradé leur relation et certains ont parlé de "découplage" entre les deux plus grandes économies du monde. Le découplage ne signifie pas que l’intégration s’annule, seulement qu’elle se réduit, peut-être substantiellement.

Donc, avant même que la pandémie n’éclate, divers facteurs réduisaient la mondialisation.

La pandémie a renforcé la tendance à la démondialisation


La pandémie de Covid-19 renforce simplement la tendance à la démondialisation. Selon les prévisions de l’OMC, le commerce mondial va décliner de 13 à 32 % en 2020, bien plus que le PIB mondial.

Le plus important est la façon par laquelle les pays considèrent désormais l’intégration économique. Le Président Emmanuel Macron a dit que le coronavirus "va changer la nature même de la mondialisation, avec laquelle nous avons vécu au cours des quarante dernières années", en ajoutant qu’"il était clair que ce genre de mondialisation atteignait la fin de son cycle".

La pandémie a renforcé les craintes autour du monde que les chaînes d’approvisionnement soient allées trop loin. Les exportations ont été restreintes avec les inquiétudes suscitées à propos du manque de production domestique d’équipements médicaux, d’équipements de protection individuelle et de produits pharmaceutiques. De telles politiques vont exacerber les pénuries, c’est-à-dire aboutir à l’opposé de leur objectif. (Lors de la crise alimentaire de 2012, les restrictions des exportations avaient poussé les prix mondiaux à la hausse et aggravé les pénuries à court terme.) Le protectionnisme se révèle ne pas être un substitut pour le stockage et la préparation, qui ont été inadéquats ces dernières années.

L’expérience passée suggère que lorsque certains pays commencent à restreindre les échanges de biens critiques, d’autres sont susceptibles de faire de même. Il n’y a rien de nouveau. Comme Adam Smith le soulignait dans sa Richesse des Nations il y a longtemps : "L’adoption d’une mauvaise politique dans un pays peut rendre dans une certaine mesure dangereux et imprudent d’établir dans un autre pays ce qui aurait sinon constitué une bonne politique".

L’expérience suggère aussi que les craintes amènent les pays à se replier sur eux-mêmes. Plusieurs pays reconsidèrent à présent leur dépendance au commerce. Phil Hogan, le Commissaire européen au commerce, a déclaré : "nous avons besoin de réfléchir sur la façon d’assurer l’autonomie stratégique de l’UE". Scott Morrison, le Premier Ministre australien, a dit au Parlement : "Le commerce ouvert a été au cœur même de notre prospérité pendant plusieurs siècles. Mais nous devons étudier soigneusement notre souveraineté économique domestique". Le Japon a aussi commencé à chercher comment rompre la dépendance de ses chaînes d’approvisionnement vis-à-vis de la Chine et produire davantage au niveau domestique.

Le risque de surréaction et d’un glissement vers le protectionnisme est aggravé par l’absence de leadership de la part des Etats-Unis, laissant un vide dans le système d’échanges mondial. L’absence d’une réponse coordonnée et coopérative peut accélérer l'adoption de politiques destructrices du chacun pour soi qui n’avaient plus été vues depuis les années 1930.

L’économie mondiale est à un point d’inflexion critique dans l’Histoire dans lequel les craintes relatives à la dépendance vis-à-vis des autres sont croissantes. Un repli sur soi ne signe pas la fin de la mondialisation, seulement un renversement partiel. Mais il s’avèrera probablement difficile de défaire les dommages qui en résulteront. »

Douglas A. Irwin, « The pandemic adds momentum to the deglobalization trend », PIIE, Realtime Economic Issues Watch (blog), 23 avril 2020. Traduit par Martin Anota



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« Les sept dimensions de l’hypermondialisation »

« L’effondrement des échanges lors de l’entre-deux-guerres et la Grande Récession »

« Petite macroéconomie des droits de douane »

« Faut-il s’inquiéter du ralentissement du commerce mondial ? »

« La libéralisation du commerce extérieur promeut-elle la croissance économique ? »

jeudi 15 décembre 2016

Les populations des émergents sont plus ouvertes à la mondialisation que celles des pays riches

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source : The Economist (2016)

mercredi 30 octobre 2013

Qui sont les gagnants et les perdants de la mondialisation ?

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« On pense généralement qu'il y a deux groupes qui sont les grands gagnants de ces deux dernières décennies de mondialisation : d'abord, les très riches, ceux au sommet de la répartition nationale et mondiale du revenu, mais aussi les classes moyennes des pays émergents, en particulier de la Chine, de l'Inde, de l'Indonésie et du Brésil. Est-ce vrai ? Le graphique 1 fournit une réponse en montrant la variation du revenu réel (mesuré en dollars constants internationaux ou PPA) entre 1988 et 2008 pour différents centiles de la répartition mondiale des revenus.

GRAPHIQUE 1 Variation du revenu réel entre 1988 et 2008 pour différents centiles de la répartition mondiale du revenu (calculée en dollars internationaux de 2005)

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Quelles parts de la distribution mondiale des revenus ont enregistré les plus fortes hausses entre 1988 et 2008 ? Comme le montre le graphique 1, c’est en effet au sommet de la répartition mondiale des revenus et parmi les "classes moyennes mondiales émergentes", qui comprennent plus d'un tiers de la population mondiale, que nous observons les plus fortes hausses du revenu par habitant. Le 1 % supérieur a vu son revenu réel augmenter de plus de 60 % au cours de ces deux décennies. Les plus fortes hausses ont toutefois été enregistrées autour de la médiane : une hausse réelle de 80 % à la médiane et de presque 70 % à ses alentours. C'est là, entre le 50ème et 60ème centiles de la distribution mondiale des revenus que nous trouvons quelques 200 millions de Chinois, 90 millions d'Indiens et environ 30 millions de personnes en Indonésie, au Brésil et en Egypte. Ces deux groupes (le 1 % des plus riches et les classes moyennes des pays émergents) sont en effet les principaux gagnants de la mondialisation.

La surprise est que ceux qui sont au tiers inférieur de la répartition mondiale du revenu ont aussi réalisé des gains importants, avec la hausse des revenus réels comprise entre 40 % et 70 %. La seule exception est les 5 % les plus pauvres de la population dont les revenus n’ont pas varié. C'est cette augmentation de revenus au bas de la pyramide mondiale qui a permis à la proportion de ce que la Banque mondiale appelle la pauvreté absolue (les personnes dont le revenu par habitant est inférieur à 1,25 dollars PPA par jour) de passer de 44 % à 23 % au cours des deux décennies.

Mais le plus grand perdant (mis à par 5 % les plus pauvres), ou tout du moins les "non-gagnants" de la mondialisation sont ceux entre le 75ème et 90ème centiles de la distribution mondiale des revenus dont les gains en termes de revenu réel ont été pratiquement nuls. Ces personnes, qui constituent une sorte de classe moyenne supérieure mondiale, proviennent d’un grand nombre d'anciens pays communistes et d'Amérique latine, ainsi que des citoyens des pays riches dont les revenus stagnent. La répartition mondiale du revenu mondial a donc changé d'une manière remarquable. C'était sans doute le plus profond bouleversement de la situation économique de la population mondiale depuis la Révolution industrielle. D'une manière générale, le tiers inférieur, à l'exception des plus pauvres, est devenu nettement plus aisé, et beaucoup de ces gens-là ont échappé à la pauvreté absolue. Le tiers médian est s’est enrichi, en voyant ses revenus réels augmenter d'environ 3 % par habitant et par an. Les évolutions les plus intéressantes, cependant, ont eu lieu parmi le quartile supérieur (c’est-à-dire le quart le plus riche de la population mondiale) : le 1 % le plus riche et, plus largement quoiqu’à un moindre degré, les 5 % les plus riches ont réalisé des gains significatifs, tandis que le reste du quartile supérieur a soit très peu gagné, soit vu ses revenus stagner. Cela s’est traduit par une polarisation au sein du quartile le plus riche de la population mondiale, ce qui a permis au 1 % le plus riche de devancer les autres riches et de réaffirmer (surtout aux yeux du public) leur place en tant que gagnants de la mondialisation.

Qui sont les personnes dans le 1 % le plus riche ? (…) Le 1 % le plus riche est composé de plus de 60 millions de personnes (…). Ainsi, parmi le centile supérieur mondial, nous trouvons les 12 % des Américains les plus riches (plus de 30 millions de personnes) et entre 3 et 6 % des Britanniques, des Japonais, des Allemands et des Français les plus riches. Il s'agit d'un "club" encore largement composé des "vieux riches" de l'Europe occidentale, de l’Amérique du Nord et du Japon. Le 1 % le plus riche (…) en Italie, en Espagne, au Portugal et en Grèce font tous partie du 1 % le plus riche de la population mondiale. Cependant, le 1 % des Brésiliens, Russes et Sud-Africains les plus riches en font également partie.

A quels pays et groupes de revenu les gagnants et perdants appartiennent-ils ? Considérons les personnes à la médiane de la distribution de leur revenu national en 1988 et en 2008. En 1988, une personne avec un revenu médian en Chine était plus riche que 10 % seulement de la population mondiale. Vingt ans plus tard, une personne à la même position dans la distribution des revenus chinoise était plus riche que plus de la moitié de la population mondiale. Ainsi, il ou elle a devancé plus de 40 % des personnes dans le monde. Pour l'Inde, l'amélioration a été plus modeste, mais tout de même remarquable. Une personne avec un revenu médian est passée du 10ème au 27ème centile de la répartition mondiale. Une personne à la même position en Indonésie est passée du 25ème au 39ème centile mondial. Une personne ayant le revenu médian au Brésil a réalisé le même gain. Elle est passée d'environ le 40ème centile de la distribution mondiale des revenus à peu près le 66ème centile. Pendant ce temps, la position des grands pays européens et des États-Unis est restée sensiblement la même (…). Mais si la crise économique qui affecte actuellement les pays avancés persiste, nous ne devrions pas être surpris de trouver l’individu médian dans le "monde riche" s’appauvrir en termes relatifs.

Alors, qui a perdu entre 1988 et 2008 ? La plupart des gens en Afrique, certains en Amérique latine et dans les pays postcommunistes. Le Kenyan moyen est passé du 22ème au 12ème centile au niveau mondial, tandis que le Nigérien moyen passait du 16ème au 13ème centile. (…) En 1988, un Africain avec le revenu médian avait un revenu égal aux deux tiers de la médiane mondiale. En 2008, cette proportion a chuté à moins de la moitié. Une personne avec le revenu médian dans les pays postcommunistes est passée du 75ème au 73ème centile mondial. Les déclins relatifs de l'Afrique, de l'Europe orientale et de l'ex-Union soviétique confirment l'échec de ces parties du monde à s'adapter à la mondialisation, du moins jusqu’aux premières années du vingt-et-unième siècle. (…)

GRAPHIQUE 2 Les courbes de Lorenz pour les répartitions du revenu mondial en 1988 et en 2008

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Les courbes de Lorenz, qui présentent le pourcentage du revenu cumulé (allant de 1 à 100) sur l'axe vertical par rapport au pourcentage de la population cumulée (allant également de 1 à 100) sur l'axe horizontal pour 1988 et pour 2008 se croisent (…) (cf. le graphique 2). Aucune des deux courbes de Lorenz n’est dominante. Les gains de revenu réalisés au-dessous et autour de la médiane permettent à la courbe de Lorenz de 2008 d’être au-dessus de la courbe de Lorenz de 1988 jusqu’au 80ème centile. Par exemple, les deux tiers inférieurs de la population mondiale ont reçu 12,7 % du revenu mondial en 2008 contre 9,3 % en 1988. Mais en raison, d’une part, de la stagnation ou du déclin des revenus réels de la classe mondiale moyenne supérieure et, d’autre part, des gains importants réalisés par le 1 % le plus riche, les courbes de Lorenz se sont inversées pour le dernier cinquième de la distribution. Ici, le 1 % le plus riche recevait en 2008 près de 15 % du revenu global contre 11,5 % vingt ans plus tôt.

(…) Ces résultats montrent un changement remarquable dans la distribution mondiale des revenus sous-jacente. Nous vivons maintenant dans un monde avec un renflement autour de la médiane en raison de la hausse significative des revenus pour l'ensemble du deuxième tiers (…) de la distribution mondiale des revenus. (…) Nous voyons aussi l’accroissement de la richesse (et probablement aussi du pouvoir) des personnes au sommet et, chose remarquable, la stagnation des revenus tant pour les personnes juste en dessous des 5 % les plus riches que pour les plus pauvres dans le monde. »

Branko Milanovic, « Global income inequality by the numbers : In history and now. An overview », Banque mondiale, 2012. Traduit par Martin Anota


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